27.3.04

Le Nouvel Observateur: Une communauté mondiale d’intérêts partagés ne doit pas être confondue avec l’idée d’un gouvernement mondial. A ce stade de l’histoire, rien ne permet de mettre sur pied ce dernier. Les Etats-Unis ne sont pas prêts à céder leur souveraineté à une autorité supranationale, dans un monde dénué du consensus minimal nécessaire à la naissance d’un tel gouvernement. La seule forme de «gouvernement mondial» envisageable à ce jour serait une dictature mondiale américaine – construction par essence instable et vouée à l’écroulement. On peut voir dans la notion de gouvernement mondial un doux rêve ou un cauchemar, mais sûrement pas une perspective crédible pour encore quelques générations.
A l’inverse, une communauté mondiale d’intérêts partagés est non seulement possible et souhaitable, mais elle est en cours d’émergence. Pour une part, son apparition résulte d’un processus spontané, inhérent à la dynamique de la mondialisation; pour une autre, elle est la conséquence d’efforts entrepris à cette fin par les Etats-Unis et l’Union européenne, en particulier, à travers l’élaboration d’instruments de coopération internationale contraignants.
C & C | Les Etats-Unis et l'avenir du multilat�ralisme: L'existence du multilatéralisme n'est pas nouvelle : la pratique consistant à négocier à plus de trois pour définir des règles communes est connue depuis longtemps. On la retrouve dès la période classique lors de la négociation des grands traités internationaux qui vont fonder les ordres européens successifs, de la paix de Westphalie (1648) au Congrès de Vienne (1814). Néanmoins, c'est avec la création de la SDN (Société des Nations), après la Première guerre mondiale, et, plus encore, avec la création de l'Organisation des Nations Unies (ONU) en 1945 que la pratique multilatérale s'institutionnalise. Le multilatéralisme n'est plus seulement une technique diplomatique, il devient un projet politique visant à favoriser la coopération en encourageant les liens d'interdépendance entre les Etats. D'un outil relativement neutre, le multilatéralisme a été investi de vertus positives et s'est constitué comme une valeur de référence pour la conduite des affaires internationales [3]. Dans cette transformation, les Etats-Unis ont joué un rôle essentiel. Non seulement ils ont été à l'initiative des deux organisations mondiales (SDN et ONU), mais ils ont clairement contribué et participé à de multiples organisations internationales sectorielles dans les domaines économique, commercial, social et militaire.

26.3.04

Lettre #283 du 27 Mars au 2 Avril 2004 Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, plus de la moitié de la population mondiale vivra dans des villes d'ici 2007, selon un rapport publié par les Nations-Unies.Le rapport estime qu'en 2003, 48% de la population mondiale vivait dans des zones urbaines. Cette proportion devrait dépasser les 50% d'ici 2007. "Ce sera la première fois dans l'histoire de l'humanité que le nombre de citadins dépassera le nombre de ruraux", note le rapport. ...La croissance urbaine concernera surtout des villes qui ne comptent actuellement qu'un demi-million d'habitants et non les mégapoles comme Tokyo, Mexico ou New York. La capitale japonaise, qui compte 35 millions d'habitants, devrait néanmoins demeurer la ville la plus peuplée du monde, avec une augmentation de 1,2 million du nombre de ses habitants d'ici 2007. La croissance sera plus accentuée à Bombay, qui passera de 17,4 millions d'habitants actuellement à 22,6 millions en 2007 et deviendra ainsi la deuxième ville la plus peuplée au monde, suivie de New Delhi, où la population devrait passer de 14,1 millions à 20,9 millions..La capitale du Nigeria, Lagos, qui compte actuellement 10,1 millions d'habitants et est la 20ème ville la plus peuplée de la planète, sera la 9ème plus grande ville du monde en 2007, avec 17 millions d'habitants. Dacca, au Bangladesh, passera du 12ème au 7ème rang, avec une population passant de 11,6 millions à 17,9 millions, et Karachi, au Pakistan, passera du 15ème au 11ème rang, avec une population passant de 11,1 millions à 16,2 millions. Le rapport prévoit également que d'ici 2015 le nombre de villes comptant au moins 10 millions d'habitants passera de 20 à 22, dont Istanbul et Paris.
Lettre #283 du 27 Mars au 2 Avril 2004"Nous ne suggérons pas que cette mutation à elle seule nous définit en tant qu'Homo sapiens mais les événements d'évolution sont extraordinairement rares. En plus de deux millions d'années depuis cette mutation, le cerveau a quasiment triplé de taille.
Lettre #283 du 27 Mars au 2 Avril 2004 Des chercheurs américains ont déclenché une nouvelle polémique sur les origines de l'homme en affirmant avoir découvert une mutation génétique qui aurait amené les premiers humains à se différencier des singes. La mâchoire se serait réduite en laissant plus de place au développement du cerveau. Selon l'équipe de biologistes et chirurgiens plastiques de l'Université de Pennsylvanie et de l'Hôpital pour enfants de Philadelphie, qui publient leurs conclusions dans la revue "Nature", la disparition de muscles puissants qui retenaient la mâchoire a permis l'élargissement du crâne et le développement d'un cerveau plus gros, capable de concevoir l'outil et le langage.

25.3.04

Le Nouvel Observateur: Une forteresse dressée sur une montagne et vouée à l’isolement projette une ombre menaçante sur tout ce qui se tient en contrebas. Dans cette position, les Etats-unis attireraient sur eux le ressentiment du monde entier. Une cité sur une montagne, au contraire, peut illuminer le monde en lui transmettant l’espoir d’un progrès humain – mais à la seule condition que ce progrès apparaisse comme une perspective visionnaire et comme une réalité tangible pour tous. «Une cité qui se dresse sur une montagne ne peut être dissimulée. […] Laissez rayonner vos lumières devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres» (1).
Le Nouvel Observateur: le souci américain de la sécurité des Israéliens est contrebalancé par les sympathies de l’Europe pour le sort des Palestiniens. Le conflit entre les deux parties ne trouvera pas de résolution sans une prise en compte réelle de ces deux aspects. Une issue pacifique serait, en outre, un levier puissant pour engager la transformation interne des pays arabes de la région, transformation indispensable et si longtemps repoussée. Elle permettrait aussi de réduire l’hostilité antiaméricaine. Plusieurs administrations américaines successives ont renoncé devant l’obstacle, leurs atermoiements ont, hélas, contribué au développement de l’intégrisme dans la région.
Le Nouvel ObservateurA l’inverse, une communauté mondiale d’intérêts partagés est non seulement possible et souhaitable, mais elle est en cours d’émergence. Pour une part, son apparition résulte d’un processus spontané, inhérent à la dynamique de la mondialisation; pour une autre, elle est la conséquence d’efforts entrepris à cette fin par les Etats-Unis et l’Union européenne, en particulier, à travers l’élaboration d’instruments de coopération internationale contraignants. Les accords de libre-échange bilatéraux ou multilatéraux, les forums de débat régionaux et les alliances formalisées contribuent à instaurer un réseau d’interdépendances, d’abord au niveau régional, mais qui tendent de plus en plus à s’élargir à l’échelle planétaire. Leur combinaison représente l’évolution naturelle des relations interétatiques vers une structure de gouvernance internationale informelle.
Le Nouvel Observateur «les puissances mondiales partagent la même attitude. Elles n’acceptent personne au rang de pair et s’empressent de qualifier d’amis – ou d"amicus populi romani" – leurs disciples les plus loyaux. Elles n’ont plus affaire à des ennemis, mais à des rebelles, à des terroristes et à des "Etats voyous". Elles ne combattent plus, elles punissent. Elles ne déclarent plus la guerre, elles gèrent la paix. Et elles sont indignées quand leurs vassaux n’agissent pas en conformité avec leur statut de subordonné». (On serait tenté d’ajouter: elles n’envahissent pas les autres pays, elles les libèrent.)
Le Nouvel Observateur: Il est universellement reconnu que les Etats-Unis sont la seule puissance capable de monter une opération militaire sur n’importe quel point de la planète et d’emporter la victoire.
Le Nouvel Observateur Dans une certaine mesure, cette tendance inquiétante est déjà à l’œuvre. Les Etats-unis sont sortis de la guerre froide en triomphateurs, accédant véritablement, alors, au statut de superpuissance. Une décennie plus tard, ils risquent de devenir une superpuissance affectée d’un signe négatif. Dans les deux années qui ont suivi le 11 septembre, la solidarité mondiale initiale a reculé pour laisser place à l’isolement, l’empathie s’est transmuée en suspicion généralisée: le monde s’interroge sur les véritables motivations qui déterminent l’exercice de la puissance américaine.
Le Nouvel Observateur La quête de sécurité passe par la recherche du soutien international le plus large possible. A défaut, le ressentiment et l’envie, dirigés contre la suprématie américaine, finiraient par constituer une menace.
SécuritéDifficulté grandissante à maintenir la sécurité, en raison de la capacité des Etats, mais aussi d’organisations clandestines, à recourir à des moyens de destruction de grande échelle.
Le Nouvel Observateur L’hégémonie mondiale américaine est désormais une réalité établie. Nul ne peut la nier, pas même les Etats-Unis qui mettraient en danger leur propre existence s’ils devaient décider – comme la Chine, voilà plus de cinq siècles – de se retirer des affaires du monde. A la différence de cette deuxième, les Etats-Unis ne pourraient pas s’isoler eux-mêmes du chaos planétaire qui s’ensuivrait sans délai. Mais il en va de la politique internationale comme de toute chose en ce monde: pour toute puissance, le déclin est inévitable. L’hégémonie est une phase historique transitoire. A terme, même si celui-ci est lointain, l’hégémonie mondiale des Etats-Unis s’érodera.

24.3.04

Non-croyants : Alarmés par le climat religieux qui prédomine aux États-Unis, les 30 millions de non-croyants passent à l’offensive.
Challenges ... Elle prône que, dans le choix des valeurs composant les indices boursiers, à côté des données financières classiques (capitalisation, liquidité…), on ajoute un « critère social et environnemental ». Celui-ci intégrerait tout d’abord l’aspect ressources humaines des entreprises : la pyramide des âges, la diversité, la formation des effectifs, le tout prenant en compte les critères du pays d’origine. Du côté de l’environnement, on regardera le choix des énergies, le recyclage et la gestion de l’eau.
Challenges: en quarante ans, le volume des lois a été multiplié par quatre, et qu’il a doublé en dix ans. Conséquence : les textes sont souvent inutiles, bavards et contradictoires...plutôt que de laisser s’empiler les textes, mieux vaudrait clarifier le droit.
Challenges: Instaurer un délit de négligence des patrons.
Challenges Daniel Cohen s’interroge : chaque année, l’Union européenne dépense 45 milliards d’euros pour soutenir l’agriculture, soit près de la moitié de son budget total ; l’importance de ces subventions est-elle raisonnable rapportée à la taille du secteur ? L’Europe ne devrait-elle pas plutôt soutenir davantage l’éducation et la recherche pour relancer sa croissance ? La Politique agricole commune (Pac) a été ainsi conçue : plus l’agriculteur produit, plus sa subvention est importante. Résultat : l’Europe se retrouve avec des excédents et fausse les cours sur les marchés internationaux. Les agriculteurs de pays en développement n’arrivent pas à s’aligner. Partant du constat qu’une vache européenne « reçoit » en moyenne 2 euros de subvention par jour, soit davantage que ce que près de 2 milliards d’humains réussissent à gagner, Daniel Cohen plaide pour le versement d’une enveloppe forfaitaire aux agriculteurs européens plutôt qu’une aide proportionnelle à leur production.
Challenges Instaurer un impôt mondial... Dans un rapport récent, en tant que président d’une mission d’information sur la mondialisation, Edouard Balladur se prononce pour l’institu­tion d’un impôt mondial, qui ­pourrait prendre la forme d’une taxe sur les mouvements de capitaux...Edouard Balladur évoque, comme autre taxe envisageable, un prélèvement sur le commerce des armes ou une taxe sur les émissions de gaz à effet de serre. Un « conseil international », représentant l’ensemble de la planète, préciserait la définition de ces impôts et leur affectation. Une fraction serait versée au titre de l’aide au développement, une autre irait à des organisations internationales, comme l’Organisation mondiale de la santé. Par ailleurs, même si la taxe Tobin se révèle difficile à mettre en œuvre, il « conviendrait de réduire les mouvements spéculatifs » et de « réguler les mouvements de capitaux », estime le député UMP.
Challenges A 92 ans, le plus prestigieux des généraux de l’armée de l’air, auteur de nombreux ouvrages sur l’armée (Le Livre noir de la défense, éditions Payot), a toujours des idées qui décoiffent. Pour lui, un Etat peut se passer d’armée « à partir du moment où il a renoncé à sa souveraineté nationale ».
Challenges: Pour des raisons plus désintéressées, Joseph Stiglitz se fait aujourd’hui l’ardent défenseur de la création aux Nations unies d’un « ordre juridique » permettant d’évaluer « la validité des contrats passés avec des régimes hors la loi ». Une belle idée qui ne risque guère d’avoir l’assentiment du FMI et de la Banque mondiale, dont l’essentiel des 450 milliards de dollars de créances pourrait être alors remis en cause.
Challenges: Le marché fabrique de l’efficacité et de l’inégalité. Le monde, conquis par le marché, est devenu plus efficace et plus inégal.
Challenges: "5 millions, C'est le nombre de robots qui sera en service dans le monde en 2007 "
ouverture Si, depuis le début du XXe siècle, le grand slogan chinois est de " rattraper et dépasser " le modèle occidental, il semble que l'on soit aujourd'hui à la fin du rattrapage et au début du dépassement…

23.3.04

Le Monde.fr : En quelques mois, la Chine s'est affirmée comme le premier consommateur mondial de toutes les grandes matières premières : elle consomme plus de 40 % de la production mondiale de charbon, 25 % de celle d'acier, de nickel, 19 % de celle d'aluminium. Cette irruption a bouleversé tous les équilibres. D'autant que les producteurs, habitués depuis près de trente ans à vivre avec des prix bradés et des croissances d'à peine 1 % ou 2 % par an, ont volontairement limité tous les agrandissements afin de préserver leurs marges.
Le Monde.fr : La flambée des matières premières: Cette situation exceptionnelle a une explication : la Chine. Bien qu'en plein développement depuis plusieurs années, l'économie chinoise n'a réellement affirmé sa présence sur les marchés de matières premières qu'à partir du troisième semestre 2003 (Le Monde du 14 novembre). Depuis, la demande de matières premières industrielles - nickel, cuivre, étain, plomb - comme celle de produits agricoles - coton, caoutchouc ou encore soja, fortement consommé en Chine - explose. Les taux de croissance peuvent atteindre 20 % à 30 %, selon les produits. En revanche, le café et le cacao, par exemple, qui ne font pas partie des habitudes alimentaires chinoises, restent sages.

22.3.04

Lettre #282 du 20 au 26 Mars 2004 Il faut donc agir simultanément, avec une volonté politique sans faille et des moyens économiques, financiers et technologiques considérables sur l'ensemble de ces facteurs si nous voulons un jour, non pas seulement mettre fin au terrorisme, mais le contrôler et le transformer en le canalisant vers des formes d'expression démocratiques nouvelles et créatrices, qui ne passent plus par la mort et la destruction massive. L'entreprise est prométhéenne, et dépasse largement la durée de nos propres existences. Elle suppose notamment l'émergence d'une véritable gouvernance mondiale, détentrice d'une nouvelle forme de légitimité politique, ce qui constitue en soi un défi historique sans précédent pour l'humanité.
Lettre #282 du 20 au 26 Mars 2004 Mais si un tel terrorisme d'annihilation massive est devenu possible c'est aussi parce que sont réunies des conditions économiques, technologiques et sociales qui permettent son déchaînement. Le coût économique des attentats du 11 septembre 2001 pour la ville de New York se situe entre 83 et 95 milliards de dollars selon les autorités américaines. Or, selon les services de renseignements américains, la préparation des attentats du 11 septembre 2001 aurait coûté au plus 300 000 dollars à Al Qaida. Cela signifie que le coût économique global de l'attaque contre le World Trade Center est 250 000 fois supérieur à la "mise" investie par les terroristes. Sur le plan des pertes humaines un calcul macabre, mais éclairant, montre que chaque victime n'a coûté que 100 dollars aux terroristes. Ce rapport coût-dommages fait entrer le terrorisme dans une dimension nouvelle et en fait une menace à la fois bien plus dangereuse et bien plus probable.... Désormais une poignée d'hommes décidés et bien organisés, disposant de quelques centaines de milliers de dollars peut, sans avoir recours à une technologie très sophistiquée, infliger à n'importe quel Etat de la planète des dommages humains et matériels absolument considérables (en terme de rapport coût-efficacité) contre lesquels il est très difficile de se protéger, quels que soient les moyens mis en oeuvre. C'est ainsi que des études américaines très sérieuses ont montré qu'une attaque bactériologique au charbon contre une grande ville américaine pourrait faire des centaines de milliers de morts et serait très difficile à contrecarrer. Une attaque nucléaire, à l'aide d'une bombe "sale" composée d'éléments hautement radioactifs, pourrait également s'avérer très meurtrière dans une grande ville.