5.11.11

Dans le sillage de l’après-11 septembre, la réflexion sur le « Homeland Security », notamment sous l’angle des « infrastructures critiques » (les grands réseaux vitaux de nos pays : énergie, eau, transports, systèmes d’information, systèmes bancaires, systèmes de santé publique, etc.), est désormais engagée dans nombre d’instances.
Les colloques sur le sujet se multiplient à travers le monde

Nous vivons aujourd’hui une période de ruptures en matière de risques et de sécurité collective – sur tous les fronts, qu’il s’agisse d’environnement, de climat, de santé publique, de technologie, de dynamiques sociales, de géostratégie et de violence. 

Reprenant les 3 pouvoirs qui dominent le Monde : Le pouvoir par la violence, le pouvoir par l’argent et le pouvoir par le savoir, qu’elle est la meilleure option pour l’avenir ?

Le plus ancien des pouvoirs, celui qui ne connaît que la violence, est encore omniprésent sur notre Planète. De très nombreuses personnes pensent encore que seules des guerres ayant la capacité de tuer des centaines de millions de personnes (et nous en avons malheureusement les moyens) pourront enrayer cette irrésistible croissance de la population.

Ainsi, selon les chiffres publiés par les Nations Unies, en 2022, l’Inde aura plus d’habitants que la Chine.
En 2040, l’Afrique subsaharienne aura plus d’habitants que l’Inde !
En 2100, il y aura 5 africains (subsahariens) pour 1 européen.

Selon les estimations des Nations Unies, la population mondiale atteint, cette semaine, les 7 milliards.

Il nous aura fallu des centaines de milliers d’années pour que la Terre accueille, vers 1800, son premier milliard d’habitants.

120 ans plus tard, vers 1920, le 2e milliard fut atteint.

40 ans plus tard, vers 1960, le 3e milliard fut franchi.

15 ans plus tard, vers 1974-1975, nous étions déjà 4 milliards.

Il n’a fallu que 13 ans de plus pour atteindre, en 1987, le 5e milliard.

Le sommet de l’accélération semble avoir été atteint 11 ans plus tard quand, en 1998, nous sommes arrivés à 6 milliards.

La courbe semble s’inverser puisqu’il aura fallu 13 ans, de 1998 à 2011, pour atteindre le 7e milliard.

4.11.11

«Les humains sont les plus gros animaux de la planète à avoir une population supérieure à sept milliards, mais ils ne sont définitivement pas les seuls à avoir dépassé ce seuil.»

Ainsi, le rival le plus sérieux de l’être humain en terme de nombre chez les vertébrés terrestres semble être le rat brun, même si «personne n’est enthousiaste à l’idée de les compter», et la poule d’élevage, dont le nombre s’élevait à 18,6 milliards en 2009. Pour ce qui est des animaux de taille comparable, aucun animal n’arrive à la cheville de l’homme: les bovins sont estimés à 1,4 milliard, les moutons à 1,1 milliard.

3.11.11

Effets domino massifs, contagion à haute vitesse, effets erratiques: nous avions coutume d’intervenir en urgence sur desaccidents délimités, nous découvrons les effets de contagions massifs, ultra-rapides et géographiquement dispersées. La source d’une menace peut fort bien être très éloignée du point d’impact ; les effets de propagation peuvent être surprenants. Ainsi avec le Sras : de Hong Kong à Toronto (le virus, inconnu, voyage à la vitesse de l’avion, emprunte les hubs), d’hôpital en hôpital (dès lors que du personnel a un service réparti sur trois hôpitaux, tous les points clés de la défense sont rapidement investis). Ainsi avec l’anthrax : ce n’est pas la lettre qui est le problème, mais la contagion dans les systèmes de tri, le réseau se met au service de l’attaque et lui donne une puissance toute industrielle14.
« La prolifération et l’intégration rapides des systèmes de télécommunication et des systèmes informatiques ont lié les infrastructures les unes aux autres pour parvenir à un réseau complexe d’interdépendances. Ces liens ont créé de nouvelles dimensions de vulnérabilités qui, quand elles sont combinées avec une constellation inédite de menaces, induisent des risques sans précédents pour la sécurité nationale. […] Nous devons apprendre à négocier une nouvelle géographie, dans laquelle les frontières ne sont plus pertinentes, les distances n’ont plus de signification, dans laquelle un ennemi peut porter atteinte à des systèmes vitaux sans s’attaquer à notre système de défense militaire. La défense nationale n’est plus du ressort exclusif de l’exécutif et la sécurité économique échappe à la seule sphère des affaires7 »

« infrastructures critiques » (les grands réseaux vitaux de nos pays : énergie, eau, transports,systèmes d’information, systèmes bancaires, systèmes de santé  publique, etc.)

C’est là désormais le front essentiel de nos vulnérabilités. Ces ruptures et grandes lignes de faille – climat, environnement et santé publique, démographie, systèmes techniques, géostratégie, violence et sociétés, etc.– génèrent des cascades de crises non conventionnelles qui se distinguent fortement des crises étudiées dans les années 80-90. Elles appellent des paradigmes et repères de pilotage, des organisations et des outils profondément repensés. Il ne suffit plus de savoir installer des salles de crise, se « coordonner » ou « communiquer ». L’ignorance, la discontinuité, la montée aux extrêmes, l’hyper-connectivité et l’horizontalité, la globalisation et la vitesse, « l’inconcevable » sont au nombre des dimensions à traiter

Katrina, AZF, Fukushima, subprimes, épidémies, cyber-attaques… nous sommes entrés dans l'ère des "mégacrises". Ces crises totalement différentes de celles étudiés dans les années 80-90 nous confrontent de plus en plus à l’inédit, l’impensable, l’inconcevable et montrent que nos « systèmes sont aujourd’hui en limite de pertinence ». Les interactions entre les systèmes économiques, politiques et techniques, ainsi que l’interdépendance des échelles locale et globale, rendent les catastrophes plus difficiles à anticiper, et de ce fait à maîtriser. Il apparaît donc nécessaire de repenser, réinventer nos « repères de pilotage ».

31.10.11

Une humanité polarisée

L'humanité s'étoffe et poursuit aussi sa polarisation entre le nord vieillissant et rapetissant et le sud en croissance et en renouvellement. Dans deux décennies, l'Europe ne devrait contribuer en effet qu'à 7 % du poids total de l'humanité, selon l'ONU alors qu'en 1950, ce poids était de 18 %. Même chose pour l'Amérique du Nord qui comptera pour moins de 5 % de l'humanité d'ici à 2033 — le Québec, pour moins de 0,1 % —, contre 7 % au milieu du siècle dernier. À l'inverse, l'Asie, l'Afrique et le Moyen-Orient se préparent à héberger plus des trois quarts des humains de la planète. 

Le clivage ne s'arrête pas là. Dans les pays vieillissants, comme le Japon, l'Italie et l'Allemagne, chaque retraité peut compter aujourd'hui sur trois actifs pour lui permettre d'aller jusqu'au bout d'une existence qui s'étire en raison d'une espérance de vie accrue. En Afrique subsaharienne tout comme au Moyen-Orient, ce ratio est pour le moment de 25 pour 1. 

Dans ce contexte, au Nord, les dépenses en matière de santé et de sécurité sociale sont déjà entrées dans une logique haussière quasi irréversible. Les carences en ressources humaines pour subvenir aux besoins des populations vieillissantes y sont également visibles, alors qu'au sud, cette même ressource va continuer d'être excédentaire, mettant du coup de la pression sur des flux migratoires avec lesquels l'humanité — y compris sa frange la plus populiste — va devoir apprendre à composer. Entre autres.

Le portrait de cette humanité en mutation n'est bien sûr pas seulement mathématique, il s'accompagne aussi de craintes très malthusiennes quant à la capacité de la planète bleue de prendre soin d'autant de bouches à nourrir, de corps à loger, à habiller, de cerveaux à remplir, à divertir, à inspirer, de masses à déplacer. Et les contours de ces enjeux cruciaux ont déjà commencé à être dessinés un peu partout sur la planète, mettant en relief disparités, iniquités et clivages que la force du poids, à moyen et long terme, pourrait à rendre de plus en plus insoutenables. 

Les espaces de tension sont prévisibles et nombreux... en ville, par exemple, où actuellement près de la moitié de la population mondiale vit. Dans 35 ans seulement, ce sera deux personnes sur trois, principalement dans des pays en émergence où cette humanité urbanisée devrait contribuer à l'étalement des villes et surtout des bidonvilles qui y prévalent déjà. 

La pression sur le territoire, sur les ressources naturelles, sur l'énergie est alors facile à envisager. La dégradation de l'environnement aussi, elle qui, dans plusieurs coins du globe, est déjà à l'origine de plusieurs troubles sociaux, économiques, politiques, de conflits armés.... Et cela ne pourrait être qu'un début. 

Depuis vingt ans, les cent plus grandes villes du monde ont vu leur taille moyenne passer de 187 000 hectares à 6,2 millions d'hectares. Or, dans plusieurs métropoles du continent africain, l'eau ne coule pas des robinets trois à quatre jours par semaine. L'électricité arrive dans les prises de manière aléatoire. Pour le moment et sous les yeux d'une population à la jeunesse revendicatrice qui pourrait ne plus vouloir s'en contenter.

L'humanité s'emballe, et c'est de plus en plus visible. Alors qu'il a fallu 200 000 ans à l'humain, dans sa forme moderne, pour atteindre son premier milliard, douze années seulement ont été nécessaires pour faire passer le compteur de six à sept milliards. Et au rythme où vont les choses, on n'aura pas à attendre plus de treize autres années pour entendre les premiers sons émis par le huit milliardième être humain sur terre.

30.10.11

Aucune loi, sauf par un acte de foi qui ne serait pas scientifique, ne peut être considérée comme intangible. La science formule des théories qu'elle s'efforce ensuite de vérifier expérimentalement. Les lois présentées aujourd'hui comme bien établies, sous forme de constantes universelles, seront par définition soumises à reformulation si de nouvelles expériences, menées dans des conditions de scientificité indiscutables, obligent à le faire. Il en est ainsi de la vitesse de la lumière dans le vide [outre Einstein, profitons de cet article pour aussi rendre hommage ici aux travaux d'Henri Poincaré], ou de l'attirance entre les corps dans le vide, relevant depuis Newton de la loi dite de la gravitation.

 L'usage d'Internet a un impact sur la mémorisation dans notre cerveau. C'est ce que montrent les récents travaux de Betsy Sparrow, basée à l'institut de psychologie de l'université de Colombia (USA). Selon l'étude publiée dans Science le 5 août dernier(3), l'utilisation fréquente de moteurs de recherche et de ressources en ligne a modifié la façon dont nous mémorisons les informations. Les ordinateurs et internet (sans oublier les smartphones) sont devenus une sorte de moyen de stockage externe de notre mémoire, sur lequel l'humain se repose. Plutôt que de se rappeler certains faits, les internautes se souviennent de la façon de les retrouver en ligne, ou dans leur ordinateur(4).