Trois changements de paradigme
L’imagerie cérébrale a apporté un véritable changement de paradigme : la capacité à observer le cerveau en fonctionnement. Encore récemment, on ne pouvait faire que des études post mortem. Avec la possibilité d’étudier l’activité cérébrale grâce à une variété de moyens, la compréhension des phénomènes neuronaux prend un tout autre essor.Un deuxième changement de paradigme est associé cette fois aux sciences cognitives. Auparavant, il n’était possible d’étudier les comportements qu’en prenant le cerveau comme une boîte noire. Un stimulus à l’entrée devrait produire telle réaction. Mais il existe de nombreuses boucles de rétroactions dans les réseaux neuronaux. Mieux, l’activité cérébrale change le cerveau lui-même en créant de nouvelles synapses, de nouveaux neurones.Le cerveau a une extraordinaire plasticité qui lui permet de s’adapter aux événements. Mais la conséquence de cela est qu’un deuxième stimulus, identique au premier, ne produira pas le même résultat. Le développement de la simulation sur ordinateur de fonctions cognitives a donné la possibilité d’étudier l’intérieur de la boîte noire en permettant de comparer les résultats des fonctions simulées avec ceux des fonctions cérébrales. Le cognitivisme va plus loin encore en considérant que le cerveau n’est pas simplement simulable mais qu’il est également lui-même un système de traitement de l’information (une machine de Turing).Cette évolution rapide de la connaissance du cerveau et des fonctions cérébrales a permis de mieux comprendre non pas seulement un objet extérieur, comme cela a été l’objet principal de la science, mais d’étudier notre mode de pensée lui-même. La cognition réfléchie nous permet de nous comprendre nous-mêmes. La philosophie et la science, qui ont suivi un temps des chemins différents, pourraient de nouveau se rapprocher. Les sciences cognitives peuvent-elles apporter un fondement scientifique et même calculatoire de l’éthique et des systèmes de loi ? Une éthique cognitive ? Ce domaine de recherche est actuellement appliqué aux elfes, des automates virtuels qui nous aident dans notre vie ordinaire mais qui doivent aussi respecter des règles – par exemple, savoir &agr! ave; qui diffuser des informations sur la santé d’une personne. Au-delà de la compréhension, on peut également imaginer transformer l’homme lui-même : dans ses aptitudes physiques, ses perceptions, mais également dans ses facultés intellectuelles.Bien que le transhumanisme soit largement spéculatif, il est d’ores et déjà possible non seulement de réparer mais aussi d’augmenter certaines caractéristiques de l’homme. À terme, ces techniques pourraient conduire à des scissions de l’humanité en plusieurs groupes ayant des facultés physiques ou intellectuelles différentes.