6.10.12

 Pierre Buhler rejoint ainsi des analyses réalistes qui se multiplient, et convergent de plus en plus, partout dans le monde, après les idéalisations désarmantes de « la fin de l’histoire » et de la « communauté internationale ». Il le fait de façon rigoureuse, avec une argumentation toujours très serrée, pour saisir le « sprint des géants » (la montée en puissance de l’Asie) ; l’espérance européenne, fragile, que la force, et la puissance, puissent se concrétiser « par la norme » ; l’Amérique, qui ayant « la vocation de la puissance », est confrontée à son « hubris », au risque d’arrogance, et à celui, inverse, de la « puissance par défaut »…
Perspectives qui autorisent de nombreux scénarios, sauf celui du rétablissement du monopole de la puissance occidentale.

5.10.12

L’intelligence abstraite n'est plus le propre de l'homme

La question passionne et divise les philosophes depuis l’Antiquité et les scientifiques depuis la naissance de la science moderne au XVIIème siècle : les animaux sont-ils capables, hors de certaines situations particulières résultant d’un conditionnement ou d’un apprentissage, de faire preuve d’une intelligence abstraite ?

Pendant des siècles, les scientifiques considéraient que, si l’animal pouvait ressentir la souffrance et était éventuellement capable d'exprimer certaines émotions qui pouvaient parfois paraître proches de celles montrées par l'homme (peine, joie, tendresse, affection…), il restait à tout jamais incapable de manifester un certain nombre de comportements proprement humains, comme l’anticipation, la reconnaissance de soi, le deuil, et d'élaborer des concepts abstraits face à une situation inédite.

Mais ces certitudes furent ébranlées au milieu des années 70 par deux expériences scientifiques restées célèbres, réalisées aux Etats-Unis sur des singes et qui ont définitivement changé notre regard sur l’animalité.

4.10.12

“si nous considérons notre notre capacité de prédiction comme le meilleur moyen de tester nos connaissances, nous n’avons pas bien réussi. En novembre 2007, les économistes (…) examinant 45 000 ensembles de données économiques pronostiquèrent qu’il n’existait pas plus d’une chance sur 500 que nous puissions connaître une crise comparable à celle qui commença un mois plus tard. Les tentatives de prévoir les tremblements de terre ont continué à prédire des catastrophes qui ne sont jamais arrivées et n’ont pas réussi à nous préparer à ceux qui se sont produits, comme le désastre de 2011 au Japon.”

Pourtant, tout ne marche pas aussi mal, nous rassure-t-il. Il existe par exemple un domaine où nos facultés de préparer l’avenir a été en constant progrès : la météo.

Évidemment, à première vue, cette idée aurait tendance à faire rigoler tout le monde. Pourtant, insiste Silver, c’est un domaine qui a connu de véritables progrès. Par exemple en 1972 les services météo américains se trompaient d’environ 6 degrés lorsqu’il fallait prévoir le temps 3 jours à l’avance. Maintenant, l’erreur est juste de trois degrés. Encore, mieux, la prédiction des ouragans s’est fortement améliorée. Il y a 25 ans, les spécialistes chargés de cette tâche prédisaient avec une marge d’erreur de 560 km quel lieu pourrait être touché par l’ouragan. Aujourd’hui, la marge est 160 km. Bref, ce n’est pas une science exacte, mais il y a des progrès significatifs, contrairement à ce qui se passe en économie.

3.10.12

Publiée par le cabinet de conseil américain Rhodium Group, réalisée en partenariat avec la China International Capital Corporation(CICC), une banque d’investissement chinoise, et le Brunswick Group cabinet de conseil en communication stratégique, l’étude China Invests in Europe 1 analyse la structure et l’incidence des investissements chinois dans l’Union européenne (UE). 
« L’Europe est en train de connaître le début d’une flambée structurelle des investissements directs dans les économies avancées par les entreprises chinoises », constate d’entrée le rapport du Rhodium Group (RG). La tendance a pris son essor récemment, en 2008, lorsque le volume des flux d’investissements chinois dans l’UE, qui s’élevait à moins d’un milliard de dollars US entre 2004 et 2008, a triplé pour atteindre quelque trois milliards de dollars US en 2009 et 2010, avant de tripler à nouveau et de s’établir à près de 10 milliards de dollars US en 2011 (7,4 milliards d’euros) 2. La progression est spectaculaire et peut entretenir l’impression que « la Chine est en train de se payer l’Europe » mais elle doit être remise en perspective. En 2010, les investissements chinois en Europe ne constituent qu’une part minime (0,1 %) du stock détenu par les pays d’Asie (3,8 % du total des investissements directs étrangers, IDE, dans l’UE) 3. En 2011, avec un volume de 10 milliards de dollars US, la Chine ne représente que 10 % du total des flux d’IDE entrants dans l’UE. Et relativement à la puissance de feu financière de la Chine, les montants que celle-ci a investis en Europe au cours des 11 dernières années sont équivalents à l’accroissement hebdomadaire moyen de ses réserves de change au cours des premiers mois de l’année 2011.

Les débats sur la politique énergétique en France n’ont qu’occasionnellement mis en évidence les risques que font courir à l’économie la volatilité du cours du pétrole et sa hausse probable. Il est vrai qu’il est de plus en plus difficile de « prévoir » l’évolution de la production pétrolière mondiale et de sa capacité à répondre à la demande. Cette équation pétrolière comporte, en effet, de nombreuses variables : la croissance de la demande des pays émergents comme la Chine, le déclin plus ou moins rapide des grands gisements, la mise en production des gisements de pétrole non conventionnel. La géopolitique est également un facteur d’incertitude majeur avec, en particulier, les risques de déstabilisation du Moyen-Orient alors que l’Arabie Saoudite (12 % de la production mondiale) joue un rôle majeur avec ses capacités de production excédentaires, qu’elle peut éventuellement mobiliser pour éviter une envolée du cours du brut. 

En dépit de toutes ces incertitudes, les experts semblent s’accorder pour estimer que la production mondiale de pétrole plafonnerait vers 2020 (la production des grands gisements exploités actuellement amorçant une baisse) et pourrait ensuite décliner, la croissance possible de la production de l’Irak et l’offshore très profond donnant une petite marge de manœuvre dans l’intervalle. Une question reste ouverte : la possibilité d’exploiter de façon acceptable les pétroles non conventionnels (extraits des sables bitumineux et des schistes notamment) dont les réserves seraient aussi importantes que celles des pétroles « conventionnels ». Les États-Unis et le Canada ont commencé à exploiter ces gisements et pourraient devenir totalement autonomes pour leur approvisionnement en pétrole et en gaz.

1.10.12

D’ici 2030, 1 milliard de Chinois, soit 1/8e de la population mondiale, résidera en ville. Plus de 200 villes chinoises compteront plus d’un million d’habitants d’ici 2030. Ce chiffre est à mettre en perspective avec l’ensemble des villes européennes qui ne comptent pas plus de 35 millions de citadins aujourd’hui. 50 000 nouveaux gratte-ciels, soit 10 fois plus qu’à New York, seront construits, ainsi que 5 milliards de mètres carrés de routes).

Selon les données de la Banque mondiale, la classe moyenne, celle dont le revenu annuel se situe entre 3 000 $ et 20 000 $, va s’étendre de 7% de la population mondiale en 2000 à 16% en 2030. Dans un même temps, le pourcentage de personnes définies comme "riches" aura plus que doublé, de 10% à 21% sur la même période.

Cinq milliards de personnes habitent dans les pays émergents. Comme les habitants des campagnes migrent vers les villes, ils achètent des voitures, des maisons, des téléphones portables et des objets de luxe. Aujourd’hui, ces dépenses sont encore relativement faibles. En Chine, avec une population de 1,3 milliard d’habitants, les dépenses de consommation ne représentaient en 2007 que 1 700 milliards de dollars. Ce chiffre est à comparer aux dépenses américaines qui représentent 12 000 milliards pour 300 millions de consommateurs environ.

- Environ 1 milliard de nouveaux consommateurs sont prévus d’ici 2015 sur les marchés émergents.

- Aujourd’hui, la Chine et l’Inde forment à elles seules un demi-million d’ingénieurs tous les ans, alors que les États-Unis n’en forment que 70 000.

- Dans les pays développés, la population d’âge actif devrait régresser de 740 millions à 690 millions entre 2000 et 2025. Dans les pays en développement, au contraire, elle devrait passer de 3 à 4 milliards de personnes.

- En 2000, il y avait 119 États démocratiques sur un total de 192 pays, contre 22 États démocratiques sur 154 pays en 1950. En 1948, seules 41 organisations non gouvernementales avaient le statut d’organisations consultatives aux Nations Unies ; aujourd’hui, elles sont 2 091.

Peut-être mieux connu en France sous le vocable de "mondialisation", ce concept promeut l’idée d’une constante évolution vers une intégration globale, ou une synthétisation des économies, des cultures, des technologies et des gouvernances. Cette globalisation a un impact sur la consommation des consommateurs et sur ce que les entreprises produisent. Quelques anecdotes et faits peuvent illustrer ce phénomène :

- Le bouddhisme est la religion qui connaît la plus grande croissance aux États-Unis.

- Il y a aujourd’hui plus de restaurants de curry en Angleterre qu’en Inde.

- Le PIB de la Chine dépassera probablement celui des États-Unis d’ici la moitié du siècle.

- Des pôles d’excellence ou culturels émergent partout dans le monde (Bollywood, des centres de la mode à Shanghai, en Inde, au Japon…).

- De nombreux produits typiquement asiatiques culturellement parlant inondent le monde occidental (les sushis, le yoga, le feng shui, le tai-chi).

- L’eau est reconnue comme une ressource limitée

Le problème n’est pas confiné à l’épuisement de certains minéraux (le charbon et le cuivre). L’eau est rapidement devenue une ressource limitée. Des problèmes quant à sa quantité, sa qualité et à sa distribution sont d’actualité. L’OCDE estime que la moitié de la population mondiale vivra dans des régions connaissant des pénuries d’eau d’ici 2030.

La première ville neutre en termes d’émission carbone devient une réalité dans le désert d’Abu Dhabi. Actuellement en phase de construction, Masdar City veut être un exemple mondial de communauté durable autosuffisante en énergie (presque entièrement fournie via système solaire).

L’initiative va abriter 40.000 habitants et 1 500 entreprises de technologie propre, en plus du Masdar Institute of Science and Technology, une université tournée vers la recherche et l’innovation, créée en coopération avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et l’Imperial College.

Shanghai souhaite également monter une ville totalement écologique sur l’île de Chongming. Appelée Dongtan, elle sera autosuffisante en énergie, avec des sources comme le solaire, les éoliennes, la biomasse et même le biogaz - au moins 80% des déchets seront recyclés et réutilisés comme engrais.

Avec ses chiffres implacables, il décrit ce qui devrait être une évidence de notre monde contemporain, on ne peut pas tous vivre en ville (85% de la population y réside en France, selon l’Insee) et tous posséder une voiture.