30.5.09

“S’il n’y a pas “convergence” mais plutôt “croisement” des sciences, il peut y avoir une convergence des efforts (en particulier financiers) afin d’utiliser toutes ces sciences et technologies au service d’une application : la convergence applicative.

Elle n’est plus un résultat de notre compréhension du monde tel qu’il est. La convergence applicative est plutôt le résultat d’un choix. Un choix de société, un choix politique… Nous faisons le choix de faire converger nos efforts sur le développement et l’utilisation des technologies vers des applications qui nous semblent importantes. La convergence n’est pas une question scientifique, mais une question politique : que voulons-nous comme monde ?

Ainsi, le rapport de la NSF veut “améliorer la performance humaine“, alors que le Conseil National de Recherche du Canada s’intéresse plutôt à utiliser ces technologies pour “répondre aux problèmes de santé et d’alimentation dans le monde“. Quant à la Commission Européenne, elle souhaite mettre toutes ces technologies qui se croisent au service de la “société de la connaissance“.

Il ne s’agit pas de choix de pays, mais plutôt de choix d’organismes (et parfois du choix d’auteurs qui ont habilement publié leurs idées via ces organismes). Mais la vraie question est : s’il n’y a pas de convergence des sciences, mais des choix de société face aux nouveaux possibles ouverts par les différentes technologies qui émergent, alors qui fait ces choix ? Doivent-ils être faits uniquement par des experts ?

A la NSF, on trouve deux influences a priori de milieux très opposés : les militaires et les contre-cultures, parce que les intérêts de ces deux extrêmes “convergent” pour faire un homme transformé (le super soldat ou bien l’homme immortel), même s’ils sont très différents de ce que pense la grande majorité des citoyens.

Il devient donc urgent de permettre au plus grand nombre de comprendre les enjeux des nouvelles technologies, de faire en sorte qu’ils comprennent que ce n’est pas un enjeu technique, mais plutôt des choix de sociétés et que pour cela, il n’est pas nécessaire d’en comprendre tous les fondements techniques, mais de comprendre seulement “l’architecture” des sciences et technologies pour comprendre ce qu’elles rendent possible et surtout, comprendre que si elles permettent (presque) tout, alors nous devons de façon urgente participer au débat pour choisir dans quelle société nous voulons vivre demain.”

Se lib�rer de la mati�re ... - Google Recherche de Livres

On distinguait autrefois les civilisations d'après la nature du matériau qui prévalait : âge de pierre, âge du bronze, âge du fer. En ce début de XXIe siècle, on parle d'un " âge de l'information " ou d'une " société de la connaissance ". Certains, en effet, proclament déjà " la fin de l'âge des matériaux ". La notion de dématérialisation, apparue vers 1990 comme une tendance des techniques modernes et un impératif d'écologie industrielle, désigne une diminution de la matière dans les biens de consommation. Aujourd'hui, les nanotechnologies renforcent l'espoir de s'affranchir de la matière par les pouvoirs de l'esprit. Ne s'agit-il pas plutôt en l'occurrence d'une forme de contrat avec de nouveaux matériaux, ingénieux et partenaires ? Loin de nous acheminer vers une civilisation de plus en plus spirituelle, nous sommes entrés de fait dans " l'âge des matériaux ".