5.11.10

L’ADN est en effet constitué d’une longue séquence de nucléotides représentés par quatre lettres : A, T, C et G. Chaque génome humain totalise 3,2 milliards de ces briques élémentaires. Environ 99,9 % de cette suite ininterrompue de lettres (qui pourrait remplir 10.000 livres de 200 pages) est identique d’un individu à l’autre et fait de nous des hommes. Le reste de ce code nous rend unique. Ce sont ces infimes variations qui expliquent pourquoi une personne a les yeux bleus plutôt que noirs. Ce sont aussi elles qui sont responsables de nombreuses maladies et autres dysfonctionnements physiologiques. Tout leur intérêt pour la médecine vient de là. La thérapie génique vise par exemple à remplacer les gênes défectueux où ces variations apparaissent.

Depuis la naissance de la discipline, les généticiens cherchent à localiser le plus grand nombre possible de ces variations sur l’hélice ADN avec le plus de précision possible. Les chercheurs du 1000 Genomes Project viennent d’en débusquer la bagatelle de 16 millions, soit 95 % de leur nombre total présumé. Ils ont retrouvé toutes celles déjà identifiées auparavant et en ont détecté autant de nouvelles. « Cette étude offre le premier inventaire à grande échelle de la diversité génétique humaine »

Le 29 octobre, un accord international historique, visant à enrayer la disparition alarmante des espèces, a été adopté à Nagoya (Japon) à l’issue de 8 ans de négociations laborieuses par les quelque 190 pays membres de la Convention sur la diversité biologique.

Cet accord très large prévoit notamment un plan stratégique pour 2020 fixant 20 objectifs pour protéger la nature et freiner le rythme alarmant de disparition des espèces, avec en particulier un objectif d’extension des aires protégées à travers le monde, sur terre comme en mer. Il contient également un protocole sur le partage des bénéfices tirés par les industries de la pharmacie et des cosmétiques des ressources génétiques issues des nombreuses espèces (animaux, plantes, micro-organismes) présentes dans les pays du Sud.

L’accord prévoit également d’augmenter les aires protégées de la planète dans les années à venir. Aujourd’hui, elles représentent 13 % de la surface totale des terres. L’objectif pour 2020 est d’atteindre 17 %.

Cet accord constitue un véritable tournant dans la protection mondiale active de la biodiversité. Il est vrai que la situation est alarmante : une espèce d’amphibien sur trois, plus d’un oiseau sur huit, plus d’un mammifère sur cinq sont menacés d’extinction au niveau mondial, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

2.11.10

La Forteresse Europe sera par ailleurs nécessaire pour faire naître, conserver ou, à défaut, attirer les « cerveaux » indispensables à la construction du « capitalisme cognitif » au sens donné à ce terme par le Pr. Moulier Boutang. Dans un monde globalisé, ces « cerveaux » par définition mobiles ne s'investiront que là où ils y trouveront des incitations favorables à leur propre valorisation.

La Chine, écrit-il, s'est donnée quatre priorités où elle a décidé d'affecter des dizaines de milliards de dollars par an sur 25 ans. Rappelons que lorsqu'on parle de la Chine, on désigne aussi bien le gouvernement de Pékin que l'ensemble de la société chinoise, laquelle partage les ambitions et aussi le poids des investissements.
Que sont ces priorités ? Un ensemble d'aéroports ultra-modernes, un réseau de trains à grande vitesse reliant les principales cités (trains qui seront soit dit en passant chinois et non importés), un effort sans précédent au monde dans le domaine des cellules souches et de l'ingénierie génétique et finalement des prêts d'ensemencement de 15 milliards aux industriels de l'automobile et des accumulateurs pour créer une industrie de la voiture électrique dans vingt villes pilotes.

Friedman aurait pu ajouter, comme nous l'indiquions dans l'un de nos éditorial récent, que la Chine est bien décidée à dépasser les Etats-Unis dans la course à l'espace, vers la Lune et Mars notamment, sans se laisser rattraper par l'Inde qui nourrit des ambitions identiques.

Il ressortirait donc de tout ceci que les éponges seraient à ce jour les meilleurs candidates au titre de plus ancien animal multicellulaire connu, tout au moins parmi ceux ayant survécu à la suite de leur séparation d'avec les choanoflagellés. Resterait à connaître les pressions sélectives grâce auxquelles leurs ancêtres il y a plus de 600 millions d'années ont « découvert » les avantages qu'apportait la multicellularité.

es éponges sont considérées comme les plus primitives des créatures aujourd'hui vivantes et les plus éloignées des animaux supérieurs dans l'échelle de la vie. Or le séquençage de leur génome a montré qu'elles disposent du même ensemble de gènes impliqués dans la multicellularité que le reste des animaux. Ceci veut dire que cet ensemble de gènes était en place bien avant que les éponges ne se séparent du reste des animaux il y a 600 millions d'années.

1.11.10

Le "temps" : sous un même mot sont désignées deux «choses» différentes que l'on appelle en général le temps psychologique et le temps physique ou cosmologique.
Le temps psychologique correspond à une intime conviction, partagée par chacun d'entre nous, au moins dans les sociétés occidentales : nous changeons en permanence, de façon irréversible et plus ou moins rapidement. Au terme de ceux de ces changements qui nous affectent personnellement, nous mourrons. Comment mesurer la nature et le rythme de ces changements ? Ils paraissent s'inscrire dans un cadre évolutif qui nous est extérieur, de nature à proprement parler indéfinissable, mais qui peut être mesuré, d'abord intuitivement puis avec des instruments de plus en plus précis. Cependant, la sensation subjective que nous avons de l'écoulement du temps n'est pas la même pour tous les instants de la vie et pour toutes les personnes. D'où l'hypothèse qu'il s'agit d'une construction psychologique, de nature culturelle.

Le propre de tout langage un peu complexe est de créer des catégories ou concepts regroupant les entités individuelles répondant à un certain nombre de définitions communes. La pensée moderne se refuse à personnifier ou personnaliser les concepts. Mais la pensée religieuse primitive, animiste ou polythéiste, n'hésite pas à voir des entités vivantes, ressemblant peu ou prou aux hommes mais cachées, derrière chaque catégorie intervenant dans le vie quotidienne.

Nous avons rappelé que, progressivement au cours des deux derniers siècles, les scientifiques se sont mis d'accord sur des processus permettant d'éliminer au maximum la subjectivité. Autrement dit en particulier les biais introduits par telles ou telles croyances individuelles ou locales. Ainsi épurés, les résultats des recherches ont été mémorisés sur des supports externes permettant de les tenir à la disposition de tous, livres, revues, fichiers numériques. Ils sont évidemment mis à jour en permanence.

En revanche, il est évident que les produits des connaissances du moment ne peuvent pas être affranchis des grands ensembles de croyances caractérisant l'époque. Ces ensembles de croyance évoluent eux-mêmes, mais plus lentement et de façon collective. On dit que cette évolution se traduit par des changements de paradigmes. La mémoire collective de la science ainsi obtenue ne garantit pas qu'il s'agisse de connaissances véritablement objectives.

Quelle que soit la terminologie utilisée, on ne peut plus éluder des questions telles que : quand peut-on faire appel aux forces armées et dans quelles circonstances? Ce n’est plus uniquement Washington qui, en cas de danger extrême, conclut à la nécessité d’autoriser des attaques préemptives. Plusieurs pays qui avaient auparavant émis des réserves au sujet de ces frappes considèrent maintenant qu’elles sont nécessaires. Même la France, qui s’y est longtemps et farouchement opposée, revendique, dans sa nouvelle programmation militaire, le droit de déployer ses forces de façon préemptive. La Russie se réserve le droit à la préemption, tout comme l’Australie. Même au Japon, dont la constitution comporte des restrictions sur le plan militaire, le gouvernement a abordé la question des frappes préemptives.

Les États ne sont pas les seuls à s’être penchés sur la préemption; les organisations et les alliances ont fait de même. Lors de son dernier sommet à Prague, en novembre 2002, l’OTAN a adopté une nouvelle doctrine militaire pour combattre le terrorisme (MC 472). Celle-ci inclut la préemption, du moins implicitement, quoique les médias ne se soient généralement pas aperçus du changement. Si les termes préemption et légitime défense par anticipation ne figurent pas dans le document, il est clair que l’OTAN n’écarte pas expressément le recours à des frappes préemptives contre des menaces terroristes. Par ailleurs, l’Union européenne a étudié la question de la préemption dans le cadre de sa nouvelle stratégie de sécurité, qui a été adoptée en décembre 2003.

«Croire est en quelque sorte une fusion affective avec un objet, un être, une idée... avant que le jugement n'en précise la signification, la validité, les constructions idéiques attenantes...Une croyance spontanée présuppose ainsi une certaine aptitude à croire, sans exiger de preuves rationnelles a priori, aptitude que l'on dénomme créditivité; elle s'accompagne de convictions en s'intégrant à des dynamiques intellectuelles qui l'accréditent. La variété des croyances est ainsi liée à la dynamique de l'intrication diversifiée des phénomènes affectifs et intellectuels...La croyance devient pathologique lorsque l'engagement affectif s'avère excessif et déforme sa nature, voire son objet... »

Comme les historiens des sciences l'ont montré depuis longtemps, les grands systèmes de connaissance caractérisant une époque s'inscrivent dans les systèmes de croyance dominant à cette époque. Les influences s'exercent d'ailleurs dans les deux sens. Aujourd'hui, mettre en évidence les croyances individuelles ou collectives des scientifiques dont les recherches ont contribué à former les opinions publiques à travers les âges, n'intéresse pas seulement les historiens et épistémologues, mais chacun d'entre nous.

Or prétendre que la science doit se construire indépendamment des croyances des scientifiques relève d'une illusion. Si ces derniers avaient laissé leurs croyances à la porte de la science, l'édifice serait resté vide. Les études de psychologie cognitive évolutionniste paraissent montrer que, chez tous les humains – nous pourrions dire chez tous les animaux disposant d'un cerveau - les fonctions de type rationnel s'entrelacent en permanence avec les sensations, les affects et l'imaginaire.

La sélection de groupe (super-évolution). Le temps n'est plus où les évolutionnistes considéraient que le moteur de la sélection darwinienne résultait de la compétition d'individus isolés, voire de gènes «égoïstes» entre eux. D'abord considérée comme hérétique, l'hypothèse de la sélection de groupe s'est dorénavant imposée. Selon David Sloan Wilson, un des pères de l'idée, nous sommes entrés au plan méthodologique dans l'ère du holisme. Les groupes, depuis les colonies d'insectes sociaux jusqu'aux sociétés humaines, se comportent comme des superorganismes en entretenant des coopérations internes entre leurs membres. Des écosystèmes entiers peuvent même être analysés de cette façon.

L'exemple de la Chine et de l'Inde, sans mentionner le Japon, qui sont en train de forcer les feux en matière d'exploration spatiale, montre bien que le centre de gravité de l'exploration planétaire est en train de se reporter vers l'Asie.