26.1.13

 

“Ce n’est pas une course contre les machines. Si nous luttons contre elles, nous perdrons. Il s’agit d’une course avec les machines. Vous serez payé à l’avenir en fonction de la façon dont vous travaillez avec les robots. Quatre-vingt-dix pour cent de vos collègues de travail seront des machines invisibles. Et la plupart des choses que vous ferez ne seront pas possibles sans elles. Il y aura une ligne floue entre ce que vous faites et ce qu’elles font. Vous pourriez ne plus le considérer comme un emploi, du moins au début, car tout ce qui semble être une corvée sera fait par des robots.

Nous devons laisser les robots prendre le relais. Ils vont faire des travaux que nous avons faits, et les faire beaucoup mieux que nous. Ils prendront des emplois que nous ne pouvons pas faire du tout. Ils vont faire des travaux que nous n’avions même jamais imaginé qu’ils pourraient être faits. Et ils vont nous aider à trouver de nouveaux emplois pour nous-mêmes, de nouvelles taches qui élargissent qui nous sommes. Ils nous permettront de nous concentrer toujours plus sur ce que nous avons de plus humain. Laissons les robots prendre nos emplois et laissons-les nous aider à imaginer les emplois qui compteront demain.”

 

24.1.13

Votre remplacement par un robot n’est qu’une question de temps !

Ce bouleversement est induit par une deuxième vague dans l’automatisation, estime Kevin Kelly : une vague centrée sur la cognition artificielle, les capteurs bon marché, l’apprentissage automatiqueet l’intelligence distribuée. Et cette automatisation profonde va toucher tous les emplois, du travail manuel au travail intellectuel.

Après avoir remplacé les travailleurs à la chaîne, les robots vont remplacer les travailleurs dans les entrepôts. Ils seront capables de récupérer les colis, les trier et charger les commandes dans les camions. Le ramassage des fruits et légumes continuera à être robotisé, jusqu’à ce qu’aucun être humain n’y participe plus, hormis dans quelques fermes spécialisées. Dans les pharmacies, les robots distribueront les médicaments tandis que les pharmaciens se concentreront sur le conseil au patient. Le nettoyage des bureaux ou des écoles sera pris en charge par des robots nocturnes qui commenceront par faire des choses faciles à faire comme nettoyer les planchers ou les fenêtres avant finalement d’être capables de nettoyer les toilettes. Nos camions et voitures seront demain pilotés par des robots…

Alors que les robots ne vont cesser d’être intégrés aux tâches manuelles, ils vont également affecter le travail en col blanc. Narrative Science sait écrire des articles sur le sport à partir de statistiques et de résultats sportifs ou générer des résumés de performance boursière d’une entreprise à partir de textes trouvés sur le web. “Tout travail de paperasserie sera pris en charge par les robots, y compris une grande partie de la médecine. Même les domaines de la médecine qui ne sont pas définis par la paperasserie, comme la chirurgie, seront de plus en plus robotisés. Les tâches de routines de tout travaux à forte intensité d’information pourront être automatisées.” (…) La prise de contrôle par! les robots sera épique… Et elle a déjà commencé.”

Si nous sommes à un point d’inflexion, estime Kelly, c’est parce que les machines ont acquis de l’intelligence. “Nous avons des idées préconçues sur la façon dont un robot intelligent devrait regarder et agir, et celles-ci peuvent nous faire oublier ce qui se passe déjà autour de nous. Nous pensons que l’intelligence artificielle doit être proche de celle de l’homme. Mais c’est là faire la même erreur que de croire que le vol artificiel devrait ressembler au vol des oiseaux et battre des ailes. Les robots vont penser différemment. Pour comprendre à quel point l’intelligence artificielle a déjà pénétré nos existences, nous devons nous débarrasser de l’idée que celle-ci sera la même que celle des hommes.”

“C’est peut-être difficile à croire, mais avant la fin de ce siècle, 70 % des emplois d’aujourd’hui sera remplacé par l’automatisation. Oui, cher lecteur, même votre travail vous sera enlevé par des machines. En d’autres termes, votre remplacement par un robot n’est qu’une question de temps”, affirme Kevin Kelly (@kevin2kelly) dans un passionnant article pour Wired intitulé : “meilleurs que les humains : pourquoi les robots vont (et doivent) prendre votre job”.

21.1.13

Le christianisme des premiers siècles, hanté par l’idéal de chasteté, dut, pour cesser de n’être qu’une secte, composer avec la nature charnelle de l’espèce humaine. L’Eglise romaine opta donc d’un côté pour le célibat des clercs et, de l’autre, pour le mariage monogame des fidèles, dont elle s’employa, au cours des siècles, à réglementer l’activité sexuelle sur la base d’un principe simple : tout ce qui ne concourt pas à la reproduction dans le cadre du mariage est péché. A peu de chose près, cette doctrine est toujours en vigueur au XXIe siècle. Toute intention autre, cela va sans dire, s’en trouva condamnée : adultère, sexe vénal, masturbation solitaire ou, pire encore, homosexualité (que l’on appelait sodomie) purent, à certaines époques, valoir fort cher en pénitence, sinon en punition physique. 

En matière de sexe, tout n’est pas rose : l’irruption du sida dans les années 1980 est venue mettre un coup d’arrêt à l’idée que l’acte sexuel pouvait être aussi dénué de conséquences qu’une poignée de main. Un véritable souci public s’est emparé des autorités sanitaires qui ont dû édicter, avec plus ou moins de succès, les règles d’une sexualité protégée, certes non contraignante, mais faisant l’objet d’une surveillance accrue. 

Le plaisir féminin enfin considéré

La sexualité moderne est à la fois l’héritière et l’opposée du modèle construit au siècle précédent. Héritière parce qu’elle a gardé la conviction que la pulsion sexuelle est centrale et fondatrice d’identité chez l’être humain, mais très différente parce qu’elle la soustrait au jugement social et, en partie au moins, moral. La pratique ordinaire du sexe y a gagné en autonomie et diversité. Les grandes enquêtes des années 1950 ont donné une place au plaisir féminin. De grands tabous ont été levés avec la contraception, l’avortement, la procréation artificielle, qui ont achevé de séparer sexualité et reproduction. Des changements culturels – l’oubli de la virginité, l’amour libre, le concubinage, l’égalité des sexes dans la famille – ont fait reculer les normes sociales et accru la liberté de l’individu, désormais juge de ses préférences sexuelles. L’effet en est régulièrement constaté dans les enquêtes sur les pratiques sexuelles . L’homosexualité, la masturbation, les pratiques spéciales ont cessé d’être des anomalies médicales et des inconduites morales.

http://www.scienceshumaines.com/le-sexe-dans-tous-ses-etats-edito_fr_24420.html

« La sexualité a-t-elle un avenir ? », se demandaient hier encore quelques philosophes et scientifiques, réunis en colloque. L'absurdité de la question n’est qu’apparente. Si l’homme utilise la reproduction sexuelle pour exister, des perspectives encore théoriques suggèrent que, dans un futur proche, il pourra peut-être s’en passer. Cessera-t-il pour autant d’avoir une sexualité ?

Probablement pas, car tous les savoirs modernes sur la question l’affirment : la pulsion sexuelle obéit à bien d’autres appels qu’à celui de la survie de l’espèce, et témoigne, par les actes qu’elle induit, d’une grande diversité d’objets, de formes et de sens. Quelques repères dans l’histoire des mœurs humaines, allant de l’Antiquité à nos jours, permettent de le montrer : en dépit de l’universalité des pratiques, ni leur signification ni les limites qu’on leur donne ne sont restées les mêmes. De la morale profane des anciens Romains aux règles modernes de l’hygiène des plaisirs en passant par la casuistique du péché chrétien, toutes les civilisations se sont mêlées d’encadrer l’acte sexuel par des règles, voire par des lois puisées dans la nature des choses et des hommes. Mais en vain. On pensait encore, il y a vingt ou trente ans, que l’homme au milieu du règne animal était la seule espèce à s’accoupler sans nécessité. Ce n’est plus vrai : au-delà même de nos fameux cousins bonobos, on ne compte plus les espèces animales pratiquant couramment la masturbation, l’homosexualité et quelques autres spécialités. Ce qui veut dire qu’en la matière, la nature animale n’est pas plus limitée que les fantaisies de l’imagination humaine. Ce constat, rendu possible par l’évolution libérale des mœurs durant le XXe siècle en Occident, n’abolit pas le fait que la sexualité reste placée sous le regard scrutateur des normes du bon et du mauvais, du bien et du mal. La recherche du plaisir licite occupe les spécialistes de la différence des sexes, du couple et de la psychologie humaine. La prévention et la répression des actes déviants mobilisent psychiatres, juristes et autres spécialistes du droit des personnes. Entre les deux, d’autres observateurs s’interrogent sur les effets sociaux des usages modernes du sexe.

Le sexe ne fait pas qu’envahir l’espace de nos écrans : il est le nerf de la guerre du Net et le moteur de plus d’une révolution dans les technologies de la communication. Mais pour combien de temps ?

En 2007, déjà, une vidéo malicieuse diffusée surGood Magazine (1) donnait une idée assez précise de l’omniprésence du sexe sur Internet. On y apprenait d’abord que le mot « sexe » était le plus recherché sur Google. Ensuite, qu’un quart des recherches effectuées par les internautes étaient liées à la pornographie, que 12 % des sites constitutifs de la Toile étaient des sites pornographiques et que 35 % des téléchargements véhiculaient des contenus pour adultes. Chaque seconde dans le monde, 28 258 personnes visionnaient de la pornographie pour un coût moyen de 89 dollars. Chaque jour, 266 nouveaux sites pornographiques apparaissaient. 89 % du porno était produit depuis les États-Unis. La firme Nielsen NetRating évaluait pour sa part que, sur un seul mois, 45 à 50 millions d’Américains fréquentaient le X sur la Toile. 72 % étaient des hommes. Il y a peu de chances que le tableau ait complètement changé...

L’histoire mondiale, piochant dans une infinité de thématiques dont on peut extraire une liste non limitative de conclusions :

• la Chine s’est imposée, à l’exception d’une brève parenthèse de deux siècles, comme la principale puissance industrielle et commerciale de l’histoire ;
• l’Afrique est depuis bien longtemps entrée dans l’histoire ;
• l’Inde a pu être un temps l’atelier du monde ;
• des navigateurs du Pacifique, bien avant les explorateurs des grandes découvertes européennes, systématisèrent les expéditions en haute mer ;
• l’Amérique n’a pas été découverte par Christophe Colomb ;
• les échanges commerciaux, technologiques, biologiques ou religieux, ont conditionné l’évolution des sociétés bien avant l’âge moderne, quand certaines conditions étaient réunies ;
• d’autres espèces humaines, aujour­d’hui éteintes, ont colonisé l’écoumène avant notre espèce dite sage ;
• les contraintes environnementales ont souvent dicté le cadre des possibles destins des civilisations ;

La crise actuelle que connaît l’Europe, couplée à la croissance exceptionnelle depuis plus d’une décennie des pays émergents, donne du grain à moudre aux « déclinistes » de tous poils. Une récente étude de l’OCDE tente de dresser un portrait économique du monde en 2060. Premier constat : effectivement, les positions relatives vont bien changer. Actuellement, les États-Unis produisent 23 % de la richesse mondiale et la zone euro 17 %, alors que dans cinquante ans leur part respective ne sera plus « que » de 16 et 9 %. À l’inverse, la Chine verra la sienne passer de 17 à 28 %, ce qui fera d’elle la première puissance économique mondiale, et l’Inde de 7 à 18 %, dépassant ainsi les États-Unis. Ce n’est d’ailleurs que dans un peu plus de dix ans qu’elles dépasseront la richesse des pays du G7. Grâce en partie à ces deux pays, la croissance mondiale devrait ainsi continuer à être soutenue durant le prochain demi-siècle, de l’ordre de 3 % environ. Une nouvelle hiérarchie économique qui ne sera sans doute pas sans conséquences sur la gouvernance mondiale.

Pour autant, si l’on raisonne en termes de niveau de vie, c’est-à-dire de PIB par habitant, le constat doit être nuancé : le classement des pays selon ce critère devrait rester à peu près inchangé. Par contre, les écarts se réduiront : ainsi, d’ici 2060, le PIB par habitant des économies actuellement les plus pauvres aura plus que quadruplé (il sera même multiplié par 7 en Chine et en Inde), alors que celui des économies les plus riches se contentera de doubler.

Finalement, après deux siècles durant lesquels les pays occidentaux auront connu une croissance rapide générant des inégalités de PIB fortes au niveau mondial, le prochain demi-siècle devrait permettre de revenir à des différences relatives plus proches de celles qu’elles étaient avant la révolution industrielle.

 

OCDE, « L’équilibre entre les puissances économiques mondiales va profondément se modifier au cours des 50 prochaines années », 2012. Disponible sur www.oecd .org/fr