9.9.04

@RTFlash n�301 du 10 au 16 septembre 2004 - @ Tr�gou�: L’Europe se réchauffe plus rapidement que le reste du monde et les hivers froids risquent de ne plus être qu’un lointain souvenir vers 2080, selon une étude publiée le 18 août par l’Agence européenne pour l’environnement. Ce rapport alarmant prévoit que les vagues de chaleur et inondations se produiront plus fréquemment, menaçant ainsi les personnes âgées ou faibles, et les trois quarts des glaciers alpins suisses risquent de fondre d’ici à 2050
infos: . « Les performances des nouveaux équipements militaires et des tactiques employées en Irak vont inciter des pays à imiter (les États-Unis) dans certaines parties du monde, et d’autres à chercher de nouvelles réponses “asymétriques” », par exemple le terrorisme.
MOEURS ET MOYENS DES DOMINATEURS: "Vladimir Poutine n'a que faire de tels conseils. Il ne n?gociera pas plus avec les Tch?tch?nes qu'Ariel Sharon ne le fera avec les Palestiniens ou George Bush avec les inspecteurs de l'ONU. L'axe des dominants croit ? la force. Vladimir Poutine se sent compris."

8.9.04

Courrier international : Un plan Marshall contre le terrorisme: Comme le note le journal panarabe Al Hayat, la plupart des groupes se développent dans des pays occupés par des puissances étrangères - ce qui est vrai des Territoires palestiniens, de la Tchétchénie ou de l'Irak. Même les bases américaines en Arabie Saoudite, qui sont aujourd'hui stratégiquement inutiles, ont servi de prétexte à Ben Laden pour lancer ses opérations sanguinaires. Se retirer des terres musulmanes, accorder un Etat - même réduit - aux Palestiniens, aider les pays de la région à se libéraliser, proposer un vrai plan Marshall économique à l'ensemble des pays arabo-musulmans, en demandant bien sûr aux pays pétroliers de mettre la main à la poche, voilà quelques pistes déjà proposées par différents experts, qui exigeraient, il est vrai, un effort de la part des pays développés.
Le regard d'Albert Jacquard: L'humanité ce sont les 6 milliards d'humains d'aujourd'hui mais aussi les femmes et les hommes qui nous ont précédés, dont le nombre est estimé à 80 milliards. Mais comment décider qui fut le premier homme, et faut-il compter les nouveaux-nés ayant vécu quelques heures ? Il faut donc adopter le mode de calcul années/hommes.
France Culture > Le regard d'Albert Jacquard: L'humanité ce sont les 6 milliards d'humains d'aujourd'hui mais aussi les femmes et les hommes qui nous ont précédés, dont le nombre est estimé à 80 milliards. Mais comment décider qui fut le premier homme, et faut-il compter les nouveaux-nés ayant vécu quelques heures ? Il faut donc adopter le mode de calcul années/hommes.
Bienvenue sur L'Express Livres: Le sociologue canadien Carl Honoré (In Praise of Slowness, Harper Collins) a calculé qu'un cadre américain passait ainsi chaque année, en moyenne, la bagatelle de soixante-huit heures à attendre au téléphone (et seulement vingt-six heures à faire l'amour).

7.9.04

Le poids des populations asiatiques est prépondérant:La religion dilue la spécificité des 210 millions d’Arabes dans un monde musulman d’un milliard de croyants où le poids des populations asiatiques est prépondérant. Si l’Arabie Saoudite se bat à coups de capitaux pour maintenir son hégémonie sur les organisations islamiques, la guerre du Golfe a jeté des doutes sur son rôle de gardien des lieux saints. L’Iran prétend diriger le centre mondial du chiisme.
: La religion dilue la spécificité des 210 millions d’Arabes dans un monde musulman d’un milliard de croyants où le poids des populations asiatiques est prépondérant. Si l’Arabie Saoudite se bat à coups de capitaux pour maintenir son hégémonie sur les organisations islamiques, la guerre du Golfe a jeté des doutes sur son rôle de gardien des lieux saints. L’Iran prétend diriger le centre mondial du chiisme.
LE RENSEIGNEMENT STRATEGIQUE : "La prévision fait ainsi désormais partie des exigences du métier d’analyste. On mesure dès lors à quel point doivent être affûtées les qualités propres à la compréhension, tout comme la responsabilité dont un traitant peut se trouver investi. "
LE RENSEIGNEMENT STRATEGIQUE A L�AGE DE L�INFORMATION1:C’est la " géoculture qui doit nourrir la sensibilité de l’analyste à tout un environnement géopolitique - si l’on nous permet l’usage de ce terme galvaudé, mais qui s’est imposé précisément pour désigner le contexte d’ensemble à partir duquel une situation devient pleinement intelligible.
LE RENSEIGNEMENT STRATEGIQUE A L�AGE DE L�INFORMATION1:On peut citer aussi les définitions voisines, et peut-être moins ésotériques, formulées pour son propre usage par Robert STEELE4 : " 3 définitions personnelles me permettent de distinguer entre données, informations et renseignement. La catégorie données recouvre ce qui est brut : copie papier, signal ou image. L’information correspond à l’association de données qui ont été désignées comme présentant un intérêt générique. L’analyse ou renseignement est constituée par l’information qui a été exploitée; afin de fournir une aide à la prise de décisions particulières par une personne déterminée et à un moment donné. "
RAYMOND ARON ET LE CONCEPT DE PUISSANCE: Il y a là une source indéniable d’influence. Sur le plan institutionnel, ce rayonnement se soutient de la faculté américaine de manipuler, à tout le moins influencer les grandes institutions internationales . Il s’agit d’un nouveau facteur de puissance si l’on considère que les Etats-Unis, par la force de leur position à l’ONU, au FMI, à la banque mondiale ou dans les principales organisations régionales de sécurité, ont la capacité; d’influer sur la détermination des grandes questions qui seront à l’ordre du jour international, comme sur les décisions qui émanent des grands organismes économiques, financiers, politiques ou stratégiques.
RAYMOND ARON ET LE CONCEPT DE PUISSANCE:
Facteurs matériels
-Ressources de base (territoire et population)
- capacité militaire
- capacité économique
- Potentiel scientifique et technologique
Facteurs immatériels
- Cohésion nationale
- Rayonnement culturel
- Influence sur les institutions internationales
RAYMOND ARON ET LE CONCEPT DE PUISSANCE: Ainsi le développement intérieur, la capacité d’attraction des investissements étrangers sont des moyens beaucoup plus rentables et efficaces pour renforcer la puissance économique que de s’emparer d’une riche province ou de territoires bien dotés en ressources naturelles. Inversement, la conversion du potentiel économique en capacité militaire s’avère beaucoup plus coûteux : le Japon a parfaitement les moyens de se doter de forces nucléaires et d’une forte flotte aéronavale, mais la faible marge de manœuvre intérieure et internationale, les répercussions probables sur la performance économique globale constituent de puissants obstacles à un tel développement.
RAYMOND ARON ET LE CONCEPT DE PUISSANCE: Le développement mondial des techniques de transport et de communication, le développement des multinationales, l’expansion mondiale du commerce, l’essor des flux financiers internationaux ont créé les conditions d’une interdépendance économique globale dont le premier effet est de réduire considérablement la marge de manœuvre des autorités nationales en matière économique et monétaire et de rendre beaucoup plus aléatoire les initiatives isolées.
RAYMOND ARON ET LE CONCEPT DE PUISSANCE: Le développement mondial des techniques de transport et de communication, le développement des multinationales, l’expansion mondiale du commerce, l’essor des flux financiers internationaux ont créé les conditions d’une interdépendance économique globale dont le premier effet est de réduire considérablement la marge de manœuvre des autorités nationales en matière économique et monétaire et de rendre beaucoup plus aléatoire les initiatives isolées.
RAYMOND ARON ET LE CONCEPT DE PUISSANCE: Tout d’abord la puissance s’est diffusée sous l’effet de cinq grandes tendances : le renforcement de l’interdépendance économique, l’émergence et l’affirmation d’acteurs transnationaux, le développement du nationalisme dans les Etats faibles, l’expansion de la technologie, la modification des grands enjeux de la politique internationale13.
RAYMOND ARON ET LE CONCEPT DE PUISSANCE: La faiblesse de l’approche réaliste est de tenir pour acquise la définition des intérêts nationaux, et de déduire la primauté du facteur militaire comme source de puissance, et la politique d’équilibre(" balance of power ") comme essence de la politique étrangère;
RAYMOND ARON ET LE CONCEPT DE PUISSANCE: les membres d’une collectivité obéissent aux lois et soumettent leurs conflits à des règles cependant que les Etats, qui limitent, par les obligations auxquelles ils souscrivent, leur liberté d’action, se sont toujours réservé, jusqu’à présent, le droit de recourir à la force armée et de définir eux-mêmes ce qu’ils entendent par " honneur ", " intérêts vitaux ", " légitime défense ".
RAYMOND ARON ET LE CONCEPT DE PUISSANCE: Il n’est pas illégitime de retenir le concept de " puissance " comme le concept fondamental, originel de tout ordre politique, c’est-à-dire de la coexistence organisée entre individus. Il est vrai;, en effet, qu’à l’intérieur des Etats comme sur la scène internationale, des volontés autonomes s’affrontent, chacun visant ses objectifs propres. ces volontés, qui ne sont pas spontanément accordées, cherchent mutuellement à se contraindre.
RAYMOND ARON ET LE CONCEPT DE PUISSANCE:Enfin les diplomaties révolutionnaires poursuivent-elles avant tout la diffusion d’une idée, religion ou idéologie.
RAYMOND ARON ET LE CONCEPT DE PUISSANCE:La puissance se décline elle-même en une version négative, la sécurité, et une version positive, la force. Les conquérants recherchent la force pour elle-même.
RAYMOND ARON ET LE CONCEPT DE PUISSANCE: Dira-t-on cependant que la puissance, définie comme la capacité d’influence sur le comportement des autres unités politiques, demeure le but prochain, à tout le moins l’objectif ultime de la politique étrangère? On reconnaît dans cette proposition une des convictions théoriques de MORGENTHAU : puisque les unités politiques cherchent à s’impose l’une à l’autre leur volonté, la diplomatie " naturelle ", l’essence de la conduite diplomatique consistent à maximiser cette influence, c’est-à-dire à rechercher la puissance.
Guerres civiles Mais des facteurs internes ont aussi joué, donnant un visage nouveau à la guerre. Alors que les anciennes guerres civiles étaient généralement menées pour des causes bien définies, souvent au nom d’une idéologie politique (ou l’idéologie affichée servant de couverture à la guerre), les guerres de la fin du siècle ont été des mobilisations ethno-nationalistes, quand elles n’ont pas été dénuées de toute idéologie et de tout projet, l‘effondrement de l‘État donnant libre cours aux exactions de “seigneurs de la guerre”.
La compétition pour le pouvoir La compétition pour le pouvoir s’y fait selon des règles du jeu imposées par les détenteurs du pouvoir qui, tout en sacrifiant aux aspects élémentaires de la concurrence pour donner satisfaction à la communauté internationale, assurent leur pérennité. Les désaccords entre pouvoir et opposition sont tels qu’aucun compromis ne semble possible. Et la vie politique ressemble à une succession de conflits aigus et de périodes d’apathie.
Les rentes minières devient un élément du jeu politique en Afrique La compétition Est/Ouest a pris fin, mais la compétition entre grandes firmes occidentales pour conquérir des marchés, même de tailles modestes, ou pour accéder aux rentes minières devient un élément du jeu politique en Afrique. Les États occidentaux ne restent pas indifférents aux intérêts de leurs nationaux engagés dans ce jeu et modulent leur politique africaine en fonction de ces intérêts. La nature des enjeux a changé, mais le continent reste un terrain de compétition.
Modes passagères adoptées par les agences d’aide En dépit de leur faible efficience à court et moyen terme, il est donc probable que les ajustements structurels auront un impact à long terme sur les sociétés “ajustées”, un impact encore difficile à apprécier, mais qu’ils n’ont été qu’un facteur des changements sociaux en cours et peut-être pas un facteur majeur. C’est sans doute beaucoup plus grâce à ces changements qu’aux modes passagères adoptées par les agences d’aide, persuadées d’avoir enfin trouvé la bonne recette qui rendra leur action efficace et qui essaient de faire partager leur enthousiasme à leurs interlocuteurs africains, que l’Afrique sortira de la crise.
Afrique du sud et Nigeria Il serait difficile de dresser un état des lieux de l’économie africaine sans évoquer la situation particulière de deux pays : Afrique du sud et Nigeria qui, à eux seuls, représentent plus de 60 % du Produit National Brut de toute l’Afrique au sud du Sahara.
Investissements directs étrangers L’Afrique est demeurée largement en dehors du flux d‘investissements extérieurs : elle n‘a reçu que 1 % des investissements directs étrangers dans le monde dans le temps où l‘Asie en recueillait 20 %, alors que, dans les mauvaises années, la fuite des capitaux était plus intense que dans toute autre région. La fin des années 90 a cependant vu un retour de l’intérêt d’investisseurs étrangers pour l’Afrique.
Exportatrice de matières premières Sur cette image, on voit que, sur la longue période, l’Afrique a peu changé de spécialisation. Elle demeure exportatrice de matières premières peu ou pas transformées et l’évolution de chaque économie nationale dépend largement de l’évolution des termes de l’échange des produits qu’elle exporte, une évolution qui, depuis le début des années 80, ne lui a pas été globalement favorable.. D‘où le mot de crise souvent employé pour caractériser l‘économie de l‘Afrique au cours des deux dernières décennies du XXe siècle.
Stagnation de la productivitéOn peut utiliser, et c’est le cas le plus fréquent, les lunettes des macro-économistes. On voit alors que, globalement, la tendance à long terme en Afrique est à la stagnation de la productivité, une tendance qui l’a conduite, d’une part et dans les meilleurs cas, à une faible progression des revenus moyens et dans les autres cas à une stagnation voire à une régression de ceux-ci, d’autre part à une marginalisation par rapport aux flux commerciaux et financiers internationaux et à un endettement extérieur difficilement gérable.
MigrationsQuant aux migrations hors du continent, à l’exception d’un petit nombre de zones bien circonscrites, elles ne jouent qu’un rôle marginal du point de vue de la démographie africaine. Il n’en va évidemment pas de même si l’on se place du point de vue de l’économie, notamment du fait d’une émigration importante des élites vers les pays industrialisés où elles trouvent et de meilleures occasions d‘exercer leurs talents et de meilleures conditions de vie : c‘est une perte de compétences pour l‘Afrique.
Tendance Par ailleurs, la tendance mondiale est à la multiplication du nombre de grandes villes (plus d’un million d’habitants) et de très grandes villes (plus de 10 millions). L’Afrique au sud du Sahara ne fait pas exception en ce qui concerne les grandes villes. Elle ne comptait aucune ville de plus d’un million d’habitants en 1950, il y en a 25 à la fin du XXe siècle.

6.9.04

Sur la période 1950-2000, la population urbaine de l’Afrique au sud du Sahara a été multipliée par 10. En 1950, seulement 10 % de la population vivait dans les villes et l’Afrique apparaissait comme sous-urbanisée par rapport au reste du monde. En 2000, cette proportion atteint 33 % (selon les Nations Unies, mais un certain nombre d’observateurs pensent qu’elle est sous-estimée) et, si le décalage par rapport à l’Europe et aux Amériques reste important, la part de la population vivant dans les villes d’Afrique est désormais à peu près équivalente à celle constatée en Asie.
On soulignera cependant que dans ce domaine des inégalités fortes persistent : le taux d’urbanisation n’atteint toujours pas 10 % au Rwanda et au Burundi alors qu’il se situe aux alentours de 60 % au Congo et en Mauritanie.
Réduction de la féconditéBeaucoup d’experts soutenaient que la croissance économique est le plus puissant agent de réduction de la fécondité !
FéconditéLa baisse de la fécondité est évidemment un phénomène biologique, mais celui-ci a des déterminants qui sont d’ordre social. Dans les sociétés africaines d’autrefois, la fécondité était une valeur forte. Le travail était le premier facteur de production dans des systèmes de production extensifs, aussi une descendance nombreuse était-elle un facteur de puissance. Elle était aussi un élément de prestige social en permettant de nouer des alliances matrimoniales plus diversifiées. Elle était enfin le principal gage de sécurité pour la vieillesse.
Jeunes à éduquerCe décalage a deux autres conséquences majeures : au début du XXIe siècle, c’est en Afrique que le rapport entre personnes à charge et personnes actives est le plus élevé (il est proche de 1, alors qu’il est descendu à 0,5 en Asie de l’est) et l’Afrique comprend une proportion de jeunes à éduquer, qui atteint des niveaux records, alors que cette proportion est maintenant en diminution sur les autres continents.
Explosion démographiqueL’Afrique au sud du Sahara a été le dernier continent touché par l’explosion démographique. La population a stagné, diminué dans certaines régions, et au mieux augmenté très lentement, jusque dans les années 1920. L’explosion démographique n’a vraiment commencé que vers le milieu du XXe siècle. Le continent se trouve donc en décalage par rapport au reste du monde. Ce décalage a des conséquences importantes sur la place que l’Afrique occupe dans le monde. Vers l’an 1600, il est vraisemblable que l’Afrique comportait de l’ordre de 15 % de l’humanité. En 1950, elle n’en abritait que moins de 7 % : son poids démographique avait diminué de plus de moitié en trois siècles et demi. En 2000, avec 640 millions d’hommes, soit un peu plus de 10 % de l’espèce humaine, elle a regagné une partie de la place perdue.
L’explosion du nombre des hommes Les temps n’ont commencé à changer et le croissance de la population du monde n’a commencé à s’emballer qu’au XVIIIe siècle. Un phénomène qui n’a pas démarré partout en même temps, qui s’est déroulé de façon différente d’un continent à l’autre, mais qui a fini par toucher toute la planète. Un phénomène qui, à l’échelle de l’histoire humaine, aura été de courte durée. L’expérience des régions où l’explosion du nombre des hommes s’est d’abord produite a en effet montré que celle-ci ne durait pas, que, après une phase initiale d’augmentation forte, la croissance du nombre des hommes se ralentissait et que la population finissait par se stabiliser, montrant même souvent une tendance à décroître. L’expérience des régions qui ont été touchées plus tardivement par le phénomène a montré, au moins jusqu’à présent, une évolution semblable.
Pour la clarté de l’exposé on a adopté la formule de découper cet état des lieux en quatre chapitres très classiques, traitant des hommes (leur nombre, leur éducation, leur santé), de l’économie, de la structure et du fonctionnement des sociétés, des pouvoirs en place et de leurs rapports avec la société civile, et de souligner les liens qui unissent ces aspects de la vie sociale arbitrairement séparés.
Infinie diversité.Mais, si l’Afrique au sud du Sahara a des caractères fortement marqués, chacun sait aussi qu’elle est d’une infinie diversité. Dresser un état des lieux à cette échelle a-t-il un sens ? Ne faudrait-il pas plutôt décrire la mosaïque de groupes humains, parfois de petite voire de très petite taille, qui ont des histoires, des cultures, des façons de vivre ensemble, différentes ? Une telle mosaïque, du fait de sa très grande complexité, apporterait cependant peu d’aide à une réflexion
globale sur les futurs du continent.
Le parti a donc été pris, tout en notant au passage les traits distinctifs de telle ou telle région, ou de tel ou tel pays, lorsqu‘ils sont particulièrement accusés, de mettre l’accent sur les traits communs, sur ce qui, au début du XXIe siècle, différencie l’Afrique des autres continents.
L’Afrique subsaharienne L’Afrique du nord, du Maroc à l’Égypte, a de tout temps entretenu des liens forts avec l’ensemble eurasiatique. L’Afrique subsaharienne n’a pas eu pendant longtemps les mêmes liens, aussi a-t-elle des caractères fortement marqués, des façons de vivre ensemble qui ont été développées indépendamment des autres continents et cela justifie amplement de se limiter à cette partie de l’Afrique pour décrire les différents aspects de la vie en société au début du XXIe siècle.
Alexandrie:Ceci étant, selon ce scénario central, la population mondiale passerait de 6,3 milliards aujourd'hui à 8,9 milliards d'habitants en 2050. Les pays en développement seraient les principaux contributeurs de cette hausse, malgré l'impact négatif du sida sur la croissance démographique de nombre d'entre eux. Les disparités de niveaux de vie entre monde développé et monde en développement pourraient donc se renforcer ; quant au vieillissement des pays développés, en particulier européens, il est désormais inéluctable : autant de déséquilibres porteurs de lourdes conséquences sociales.
Alexandrie: Ce document contient deux véritables innovations. La première concerne une recommandation donnant une première réalité à un projet devant permettre aux États-Unis de frapper rapidement n'importe quel point du globe depuis leur territoire national avec des missiles intercontinentaux porteurs d'armes non nucléaires, ce que l'U.S. Air Force développe dans le cadre du concept de FALCON (Force Application and Launch from the Continental U.S.). La seconde innovation concerne l'usage de bombes nucléaires de petite taille chargées de la destruction d'objectifs « durcis » souterrains. Ce dernier point soulève de grandes interrogations quant à la fin des accords de réduction des armes nucléaires et donc quant au risque d'une prolifération accrue.
Alexandrie: Il explique ensuite comment, avec les nanobiotechnologies, se développe le rêve de rivaliser avec la nature, de créer, selon l'expression même d'Eric Drexler, des « engines of creation ». Puis il montre comment, à l'aide des sciences cognitives, tout (l'univers, la nature, la vie, l'esprit) pourrait être réduit (ou transcendé) par un « réseau de neurones
formels ».
Les promoteurs de cette technoscience sont « nombreux, puissants, influents », potentiellement extrêmement dangereux, affirme Jean-Pierre Dupuy. Animés par « un projet démiurgique de fabriquer de la vie au moyen de la technique », ils constituent une menace redoutable vis-à-vis de laquelle il est urgent de réagir.
Futuribles: Ensuite, il me semble évident que nous sommes confrontés à une mutation très profonde aux plans géopolitique, technico-économique et socioculturel, qui exige un renouvellement radical de nos concepts et grilles d’analyse. Face à l’ère nouvelle dans laquelle lentement nous entrons, un défi considérable est lancé à nos manières de penser et d’agir. Cela est vrai, par exemple, de toute la problématique de sécurité et de défense à l’heure où les risques se transforment et se démultiplient. Cela est non moins vrai dès lors que, ne manipulant plus seulement l’atome mais les gènes et accédant à l’ère des nanotechnologies, se posent des questions philosophiques et éthiques sans précédent.
Enfin, force est pour moi de constater que même les analyses les plus robustes n’entraînent pas nécessairement, en temps voulu, les décisions et les actions qui s’imposent. Même sur des dossiers aussi évidents que le vieillissement démographique et les adaptations qu’il exige, il aura fallu plusieurs décennies avant que des décisions interviennent, au demeurant très en deçà de ce qui eût été nécessaire. La paralysie de la décision, singulièrement de la décision publique, est assurément un problème majeur. Sans doute ne pourra-t-on y remédier qu’au prix d’un renouveau profond de notre culture citoyenne.
Futuribles:Sans doute suis-je particulièrement mal placé pour juger de manière objective de la justesse des analyses que nous avons publiées. Mais trois choses m’apparaissent cependant évidentes. D’abord le fait que l’aventure intellectuelle est passionnante : essayer de mieux comprendre les ressorts profonds de l’évolution du monde contemporain, d’explorer ses évolutions possibles, en s’affranchissant au maximum des idées régnantes, des idéologies et des barrières disciplinaires, le tout avec le concours d’experts de domaines très différents, est une expérience très enrichissante.
Futuribles: Notre première tâche — et ce que nous cherchons d’abord à faire dans la revue Futuribles — est donc d’essayer de mieux comprendre la dynamique à long terme du monde contemporain. Nous nous efforçons ainsi de distinguer, dans les évolutions en cours, les phénomènes conjoncturels — dont souvent les médias font leur miel et sur lesquels trop fréquemment s’élaborent des points de vue erronés sur les évolutions à venir —, des phénomènes symptomatiques, révélateurs des tendances lourdes ou émergentes (les fameux « signaux faibles ») qui peuvent avoir un impact important sur l’avenir de nos sociétés.
Futuribles:La prospective, en revanche, est fondée sur l’idée que l’avenir n’est pas prédéterminé, qu’il demeure ouvert à plusieurs futurs possibles (les futur-ibles), y compris à des discontinuités et à des ruptures dont l’avènement peut dépendre de facteurs technologiques, économiques, sociaux ou culturels, et d’actions humaines . Puisqu’il n’est pas prédéterminé, cela signifie que par essence — et quelles que soient les méthodes utilisées —, nul ne peut le prévoir de manière certaine. Mais cela ne signifie pas pour autant que toute tentative d’anticipation soit vaine.L’avenir, en effet, n’émerge pas du néant. Il s’enracine dans le présent.
Futuribles: Le moyen qu’il n’en soit pas en permanence ainsi est d’essayer d’explorer ce qui peut advenir, quels sont les descendants possibles de la situation présente avant qu’il ne soit trop tard, lorsque nous avons encore le pouvoir d’infléchir le cours des choses ou de nous préparer à l’avance aux défis dont nous anticipons l’apparition.
FuturiblesCette revue est née d’une conviction : la nécessité de la veille (aussi désignée aujourd’hui par les termes d’intelligence économique ou stratégique) et de l’anticipation — l’exploration des futurs possibles — comme seule garantie, même si elle est précaire, de notre liberté de manœuvre : la liberté que nous revendiquons de pouvoir être les artisans d’un futur choisi plutôt que les spectateurs, sinon les victimes, d’un futur imposé.