22.7.11

Mais il faut savoir qu'aujourd'hui, l'énergie primaire consommée par les 7 milliards d'habitants de notre planète repose pour 78 % sur l'utilisation des combustibles fossiles, pour 16 % sur celle des ressources renouvelables et pour 6 % sur les technologies nucléaires. Avec une population mondiale de 9 milliards d'habitants en 2050, nous devons donc impérativement réussir à réduire drastiquement l'utilisation des énergies fossiles, tant en proportion qu'en valeur absolue.

Mais quels que soient les efforts que le monde fera pour maîtriser ses besoins énergétiques en réduisant sa consommation à la source partout où cela est possible et en améliorant l'efficacité énergétique de nos systèmes industriels et économiques, il semble illusoire de penser que cette sobriété nouvelle suffira à elle seule, compte tenu de l'évolution démographique, à répondre à la soif mondiale d'énergie et à réduire de moitié nos émissions de CO2 d'ici 2050. Il faudra donc également développer de manière massive l'ensemble des énergies renouvelables existantes (vent, soleil, biomasse et hydraulique) ainsi que celles qui en sont encore à un stade quasi-expérimental mais recèlent un fort potentiel : énergie des mers et solaire spatial notamment. Mais ces énergies renouvelables ne parviendront pas à répondre à elles seules à l'immense soif d'énergie de l'humanité, notamment dans les vastes régions du monde qui connaissent un développement économique sans précédent.

Depuis la deuxième guerre mondiale, la consommation mondiale d'énergie et les émissions humaines de CO2 ont été multipliées par 8. Aujourd'hui le monde consomme 12 gigatonnes d'équivalent-pétrole et émet 8 gigatonnes de carbone par an et chaque terrien consomme en moyenne 1,6 tonnes équivalent-pétrole et émet plus d'une tonne de CO2 chaque année !

En supposant que la demande mondiale d'énergie continue à croître au rythme actuel de 2 %, hypothèse plutôt prudente, l'humanité consommera au moins 30 Gigateps d'énergie en 2050 et en admettant que l'humanité parvienne à stabiliser à son niveau actuel ses émissions de carbone par habitant, celles-ci atteindraient tout de même 15 gigatonnes par an en 2050, sous le simple effet de l'évolution démographique mondiale (il y aura au moins 9 milliards d'habitants en 2050 selon les dernières prévisions de l'ONU).

21.7.11

 “La convergence NBIC a été employée la première fois par un rapport envoyé à la NSF américaine (l’équivalent de notre CNRS) intitulé La convergence des technologies pour l’amélioration des performances humaines (.pdf) et signé Mihail C. Roco et William Sims Bainbridge. Il s’agissait de faire le point sur un ensemble de technologies (nanotechnologies, biotechnologies, technologies de l’information et sciences cognitives) qui allaient changer la nature humaine.” Le rapport ! n’est pas sorti de rien, estime Rémi Sussan. Il est la conséquence d’idées qui datent au moins des années 70 et qui ont été le fruit de divers mouvements underground allant des communautés cyber aux transhumanistes qui ont cherché à dépasser les limites humaines comme la mort ou l’intelligence…

L’acronyme NBIC désigne 4 technologies. La nanotechnologie est la technologie qui permet de travailler au niveau moléculaire. La biotechnologie correspond à l’ensemble des sciences du vivant. Les sciences de l’information désignent la science informatique. La cognition correspond aux sciences du cerveau, qui vont de la psychologie aux neurosciences jusqu’à l’intelligence artificielle.“C’est à la fois l’outil et le but de cette transformation technologique. Le but de l’amélioration n’est pas tant de créer un super sportif que de modifier nos capacités cérébrales.”

Pourquoi rassemble-t-on ces technologies et parle-t-on de convergence ? Quel est le rapport entre ces technologies ? “Pour Benbridge, l’un des auteurs du rapport, la convergence est celle de l’échelle : tout se termine (ou commence) au niveau moléculaire. Pour ma part, je pense que ce sont plutôt les sciences de l’information qui font tenir l’ensemble. On est passé de la convergence mathématique de Newton (on a tenté de comprendre le monde par les équations, mais cela n’a pas marché pour tout, comme l’ont montré les sciences humaines), à un nouveau domaine qui tente de définir le monde sous la forme d’un programme informatique. Pour ma part, je préférerais parler de IBNC, car il me semble bien que c’est l’informatique qui domine l’ensemble et la cognition le but ultime. Il s’agit donc de passer de la pen! sée mathématique à la pensée informaticienne !”