11.3.11

Kelly ne nie pas le consumérisme qui est parfois à l’oeuvre dans la création de nouveaux outils, et une possible addiction à l’innovation. Mais, reprend-il, quand nous créons une nouvelle technologie, il y a accroissement des choix, des possibilités et des différences. Et c’est bon. Parce le génie a besoin d’outils propres pour s’exprimer. Mozart avait besoin des technologies du piano et du clavecin pour découvrir et développer son génie musical. Imaginez si Mozart était né 2 000 ans avant l’invention du piano et de la symphonie. Et Kelly de répéter le même raisonnement avec Van Gogh et Georges Lucas.

[...] Ce dont il s’agit, ce n’est pas simplement l’invention de la nouveauté. Quand nous créons des technologies, nous participons en fait à quelque chose qui nous dépasse. Nous déployons les mêmes forces que celles qui font la vie, nous accélérons l’évolution vers l’avenir et nous augmentons les possibilités pour nous, nos enfants, et le monde en général. C’est “ce que veut la technologie”.

http://www.internetactu.net/2011/03/07/lequilibre-positif-de-la-technologie/

Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, le technium suit les mêmes modèles que ceux que Darwin a identifiés pour la vie : à savoir “l’évolution” [...].

De la même manière qu’on observe au long de l’évolution de la vie une complexité croissante, une diversité croissante et une spécialisation croissante, [...] la technologie sera dans l’avenir plus complexe, plus diverse et plus spécialisée.

Cette conception de la technologie a un versant sombre [...]. Chaque nouvelle invention apporte autant de solutions qu’elle créé de problèmes. [...] De là on pourrait conclure que le technium est neutre. Mais ça n’est pas si simple, ajoute Kelly. Quand nous avons inventé un nouvel outil, mettons le marteau, nous avons en même temps créé un nouveau choix : s’en servir pour détruire, ou pour créer, pour tuer quelqu’un, ou pour construire une maison. Cette décision était une option, une chance, une possibilité, que nous n’avions pas avant que cette invention n’existe.

Avant Darwin, explique Kevin Kelly, l’étude de l’histoire naturelle se résumait à une collection infinie de spécimens disposés dans des boites en verre. Il n’y avait aucun schéma organisateur pour y mettre de la vie. Darwin, avec la théorie de l’évolution, a apporté une logique à ce défilé d’organismes.

Nous sommes aujourd’hui dans une situation semblable avec la technologie, poursuit Kevin Kelly. Alors même que nous sommes entourés de millions d’inventions, aucune théorie ne nous permet de les comprendre. Nous avons tendance à considérer notre monde technologique comme une suite infinie de nouveautés, sans y voir aucun ordre.

Mon but, dit Kelly, est de proposer une théorie relative à la technologie, un cadre qui donne une logique et un contexte à ce défilé d’innovations. Mais, pour commencer, précise Kelly, je dois dire que j’ai une vision assez particulière de ce qu’est la technologie. Beaucoup ont tendance à penser que la technologie, ce sont des trucs qui ont été inventés après notre naissance, ou qui ne fonctionnent pas encore. Bref que c’est nouveau.

Or, insiste Kelly, la technologie inclut des inventions anciennes, comme les montres ou les leviers, et du matériel qui fonctionne très bien, comme le béton et les briques. La grande majorité des technologies ont été inventées bien avant notre naissance. A ces choses matérielles, il faut ajouter ce qui est intangible : le calendrier, les principes de la comptabilité, les lois, les logiciels. Mais aussi l’organisation sociale, les villes. La technologie, c’est tout cela.

Plus important, ajoute Kelly, la somme de ces technologies forme un tout qui interagit un peu à la manière d’un écosystème. Ce super système d’inventions interdépendantes, je l’appelle “technium”. Comme la vie elle-même, ce système dans son ensemble n’a pas le même comportement que chacune de ses parties. De la même manière qu’il n’y a rien de la ruche dans une seule abeille, le comportement du technium n’est pas visible dans un iPhone, un couteau ou un réfrigérateur. C’est dans le système dans son ensemble que l’on peut ressentir la vraie influence de la technologie.

8.3.11

Dans La Fin de l'homme, Fukuyama exprime ses inquiétudes face aux progrès des biotechnologies et en particulier de leurs applications possibles sur l'être humain. Parce qu'elles seront capables de transformer l'homme à un degré insoupçonné jusqu'alors, elles risquent d'avoir des conséquences extrêmement graves sur le système politique. Il est un ennemi acharné du transhumanisme, mouvement appelant de ses voeux de nombreuses évolutions technologiques afin de modifier l'humain et la société, notamment dans le domaine des biotechnologies.