12.8.11

L'« hyperpuissance » américaine n'en est plus une

En termes relatifs, comme en termes géopolitiques, l'Occident est en déclin. Il était le « maître du monde », il doit aujourd'hui composer avec d'autres « pôles » d'un monde devenu complexe. Même si le déploiement de troupes occidentales sur plusieurs continents fait encore illusion : pas pour longtemps…

Dans un livre bien vu, le commentateur américain Fareed Zakaria (éditorialiste à … Time ! ) avait décrit « the post-american world » (étrangement titré en français « L'Empire américain », éd. Saint-Simon), c'est-à-dire un monde dans lequel les Etats-Unis resteraient une puissance de premier plan, mais seraient contraints de composer avec les émergents. La réalité va au-delà de ce qu'il imaginait comme affaiblissement d'une Amérique qu'Hubert Védrine, l'ancien chef de la diplomatie française, n'oserait plus surnommer « hyperpuissance ».

Des grands pays qu'on devrait cesser d'appeler « le Sud »

Difficile de ne pas voir, dans la période actuelle, une redistribution des cartes à l'échelle globale, mettant fin de manière confuse, tendue, complexe, à une période finalement très brève d'hégémonie américaine dans la foulée de la chute du mur de Berlin (1989) et de la fin de l'URSS (1991, vingt ans déjà…), et de vaine tentative de décollage autonome de l'Europe enfin réunifiée.

Cette période d'accélération de la globalisation a au contraire permis l'émergence rapide, plus rapide que quiconque avait pu l'imaginer, des grands pays de ce qu'on devrait cesser d'appeler « le Sud » : la Chine, l'Inde, le Brésil, et quelques autres pesant moins lourd, auxquels s'est raccrochée la Russie et ses matières premières.

Cela ne produit pas un monde cohérent, mais au contraire un face à face ambigu et assez inefficace entre les puissants d'hier et qui croient l'être encore, et les grands de demain qui ne savent pas encore comment gérer leurs muscles nouvellement acquis.