29.12.11

Edgar Morin 

Le philosophe Jean-Pierre Dupuy estime que de la catastrophe naît la solution. Partagez-vous son analyse ?

Il n’est pas assez dialectique. Il nous dit que la catastrophe est inévitable mais qu’elle constitue la seule façon de savoir qu’on pourrait l’éviter. Moi je dis : la catastrophe est probable, mais il y a l’improbabilité. J’entends par « probable », que pour nous observateurs, dans le temps où nous sommes et dans les lieux où nous sommes, avec les meilleures informations disponibles, nous voyons que le cours des choses nous emmène à toute vitesse vers les catastrophes. Or, nous savons que c’est toujours l’improbable qui a surgi et qui a « fait » la transformation. Bouddha était improbable, Jésus était improbable, Mahomet, la science moderne avec Descartes, Pierre Gassendi, Francis Bacon ou Galilée était improbables, le socialisme avec Marx ou Proudhon était improbable, le capitalisme était improbable au Moyen-Age… Regardez Athènes. Cinq siècles avant notre ère, vous avez une petite cité grecque qui fait face à un empire gigantesque, la Perse. Et à deux reprises – bien que détruite la seconde fois – Athènes parvient à chasser ces Perses grâce au coup de génie du stratège Thémistocle, à Salamine. Grâce à cette improbabilité incroyable est née la démocratie, qui a pu féconder toute l’histoire future, puis la philosophie. Alors, si vous voulez, je peux aller aux mêmes conclusions que Jean-Pierre Dupuy, mais ma façon d’y aller est tout à fait différente. Car aujourd’hui existent des forces de résistance qui sont dispersées, qui sont nichées dans la société civile et qui ne se connaissent pas les unes les autres. Mais je crois au jour où ces forces se rassembleront, en faisceaux. Tout commence par une déviance, qui se transforme en tendance, qui devient une force historique. Nous n’en sommes pas encore là, certes, mais c’est possible.

28.12.11

Alors que les Occidentaux ont entamé ce processus de décrédibilisation et que la Chine n’a pas encore atteint une puissance suffisamment significative pour représenter une réelle alternative, le monde est peut-être entré dans ce que le commentateur américain Ian Bremer a désigné sous le terme de « G-0 »[8] [8] « A G-Zero World, The New Economic Club Will Produce...
suite
, une société internationale sans leader et privée de système fonctionnel de gouvernance. Cette vacance de la puissance n’est en rien le fait de la Chine mais elle est bien la conséquence d’une politique occidentale qui n’a cessé de fouler aux pieds les valeurs qu’elle entendait faire respecter par les autres nations[9] [9] Le commencement d’un monde…, op. cit.  ; L’Occi-dent...
suite
. L’émergence de la Chine dans un tel contexte est-elle une menace pour l’ordre international ou bien l’opportunité d’une approche nouvelle des relations internationales ? 

Le concept de « menace chinoise » semble avoir perdu de son sens face à un constat simple : nul ne peut aujourd’hui se passer de la Chine. Elle est désormais le 1er créancier étranger des États-Unis devant le Japon avec près de 1 200 milliards de dollars de Bons du Trésor, elle est en passe de devenir le principal pourvoyeur d’aide au développement, elle est courtisée par les Européens qui tentent à tout prix de sauver leur monnaie et de sauver certains États membres de la faillite, elle absorbe à un rythme de croissance impressionnant les exportations américaines. Dans les faits, la Chine est devenue, au même titre que les États-Unis et l’Europe, productrice de gouvernance mondiale car ses décisions ont un impact mondial, ce qui n’est le cas ni de l’Inde, du Brésil ou de la Russie. Les dérives impériales accentuées des États-Unis, rejoints par les Européens avec l’intervention en Libye, ont progressivement entamé l’idée d’une « communauté de valeurs » qu’ils auraient incarnée. Avec la guerre de Libye et les dérives qui ont rapidement suivi l’adoption de la Résolution 1973 du Conseil de Sécurité, l’évidence du double standard et du mensonge érigé en règle de politique extérieure, au même titre que Washington lors de la guerre d’Irak, a décrédibilisé non pas réellement les valeurs universelles auxquelles ne cessent de se référer les Occidentaux, mais l’idée qu’ils en seraient les uniques représentants. 

25.12.11

L'évolution naturelle de la vie vers toujours plus de complexité et d'intelligence .

23.12.11

Et si les journaux papier disparaissaient? Avec plus de 3.775 postes supprimés, aux Etats-Unis, en 2011, selon le blog Paper Cuts, c'est 30% de perte de plus que l'an dernier alors que les quotidiens américains avaient éliminé plus de 2.920 emplois. Cette tendance à la réduction des effectifs ne présage rien de bon pour la survie des journaux papier.

Pire, aux Etats-Unis, l'effondrement pourrait s'accentuer dans les prochaines années, jusqu'à la disparition presque totale du journal papier vers 2017, rapporte le quotidien québécois Le Devoir. En effet, le Center for the Digital Future de la USC Annenberg, prestigieuse école de communication et de journalisme de Californie, prédit que la grande majorité des journaux américains cesseront d'être imprimés d'ici cinq ans.

16.12.11

. L’avenir de la science en 2021 – Institute For The Future
L’Institut pour le futur vient de publier une carte qui met en valeur 6 grandes histoires de la science qui vont se jouer dans les prochaines années : le décryptage du cerveau, le hacking de l’espace, les données massivement multijoueurs, l’avenir de la mer, la matière étrange et l’évolution usinée. Des scénarios qui déplacent l’écologie de la science vers l’ouverture, la réutilisation et la participation citoyenne.

13.12.11

Il est donc clair que face à tous ces dangers, un travail important de réinvention de la démocratie doit être accompli, au risque, si rien n'est fait, de voir s'aggraver ce fossé et de placer les modes techniques de substitution en position d'institutions gouvernementales nouvelles.

Il n'y a donc pas de choix, la régulation de demain ne pourra être que multilatérale, globale, inclusive, ouverte aux acteurs sociaux, selon d'ailleurs un schéma de pensée que plusieurs dirigeants d'ONG et le secrétaire général des Nations unies,Koffi Annan, avaient déjà imaginé.

Le premier réflexe fut, dans cette ligne, de faire confiance au multilatéralisme global. Celui inventé en 1945 a les vertus qui lui permettent de porter cette régulation globale. Mais d'une part, il doit être repensé : la situation, les rapports de force aujourd'hui ne sont plus ceux de 1945 ; une place plus grande doit être faite aux "émergents", tandis qu'il est de plus en plus impossible de continuer à ignorerle poids exercé par les sociétés et les acteurs sociaux dans le jeu de la mondialisation. D'autre part, le multilatéralisme, qui croyait pouvoir renaître de la fin de la bipolarité, a été arrêté dans son élan au cours des premières années du nouveau millénaire : les échecs subis par les projets de réforme, les assauts répétés des néoconservateurs contre le système onusien, la méfiance croissante des puissances à son égard, l'ont installé dans le conservatisme lorsqu'il s'agit des institutions de Bretton Woods, et dans la léthargie lorsqu'il s'agit de l'ONU.

Si on se place maintenant d'un point de vue plus global, c'est-à-dire à l'échelle mondiale, la souveraineté se trouve défiée de manière permanente par le jeu de l'interdépendance croissante qui vient de plus en plus lier les économies entre elles, empêcher toute délibération souveraine, ou tout du moins les rendre vaines. Nous sommes clairement entrés, de ce point de vue, dans un monde post-souverain, mais tout l'enjeu est alors desavoir comment cette interdépendance sera régulée et gouvernée, c'est-à-dire comment sera réinventé un politique capable de se construire au-delà de la souveraineté tout en respectant le droit de chacun de participer réellement à la délibération globale.

7.12.11

Les intellectuels les plus audacieux, les plus lucides et les plus tournés vers les temps présents à venir, sont ceux qui sont les mieux outillés pour penser la crise. Ce ne sont donc pas ceux, très nombreux, qui se consacrent à revisiter encore et encore l’histoire de la philosophie. Parmi les intellectuels médiatisés, Peter Sloterdijk et Slavoj Zizek sont selon moi les plus pertinents. Ils ont une approche à la fois extrêmement lucide et multifactorielle. Des penseurs renommés commeChristopher LashKarl PolanyNorbert Elias, ou aujourd’hui dans un autre registre, par exempleJared Diamond, avec son fameux ouvrage Effondrement, dans lequel il analyse l’extinction de certaines civilisations du fait de la raréfaction des ressources conjuguée à des décisions politiques inadaptées, offrent tous une approche consciente de la fragilité de l’édifice sur lequel nous avons bâti nos sociétés.

Deux auteurs me semblent incontournables. Michael Klare est un grand analyste des questions stratégiques et militaires américaines depuis dix ans. Il est l’un des meilleurs analystes sur le lien entre les conflits liés à la compétition pour les matières premières, le pétrole et les ressources géologiques. Il permet de comprendre le lien entre la sécurité et l’environnement. C’est déjà très important.

J. Howard Kunstler, urbaniste, spécialisé sur les grandes banlieues américaines qu’il considère comme « le plus grand gaspillage de ressources de l’histoire humaine », part d’un angle plus atypique. Il décrypte les interactions entre environnement, société et sécurité à l’échelle planétaire. Il appelle notre XXIème siècle « le siècle de la longue urgence », dans lequel les problèmes de changement climatique, de crise des hydrocarbures, de pénurie d’eau et de nouvelles pandémies, vont entrer en synergie, ce qui aboutira à une grande fragilisation des sociétés. Cela posera selon lui inévitablement des questions de sécurité et de défense, car il faudra assurer l’accès à la nourriture et gérer les conflits.

1.12.11

En 1670, commence l’article, à Delphes, en Hollande, un scientifique du nom de Anton van Leeuwenhoek (Wikipédia) fit une chose que beaucoup de scientifiques faisaient depuis 100 ans. Il construisit un microscope. Ce microscope était différent des autres, mais il n’avait rien d’extraordinaire. Comme beaucoup d’inventeurs, il s’était appuyé sur l’ingénuité de ses prédécesseurs. Mais quand il a regardé dans son microscope, il a trouvé des choses qui semblaient extraordinaires. Il les a nommées “animalcules”… C’était des microbes dans des gouttes d’eau et du sang humain qui furent à l’origine de la théorie des germes de la maladie qui inspira nombre de traitements médicaux.

La découverte de Leewenhoek est cruciale pour notre compréhension de l’innovation, pas seulement parce qu’elle a changé le visage de la biochimie, mais aussi parce qu’elle incarne un paradigme fondamental de la découverte : les avancées dans l’innovation reposent souvent sur des avancées dans la mesure.

30.11.11

L’OLIGARCHIE CA SUFFIT, VIVE LA DEMOCRATIE

en librairie depuis début 2011

Sommes-nous en dictature ? Non. Sommes-nous en démocratie ? Non plus. Les puissances d’argent ont acquis une influence démesurée, les grands médias sont contrôlés par les intérêts capitalistes, les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entamées. Dans tous les pays occidentaux, la démocratie est attaquée par une caste.

En réalité, nous sommes entrés dans un régime oligarchique, cette forme politique conçue par les Grecs anciens et qu’ont oubliée les politologues : la domination d’une petite classe de puissants qui discutent entre pairs et imposent ensuite leurs décisions à l’ensemble des citoyens. Si nous voulons répondre aux défis du XXIe siècle, il faut revenir en démocratie .

24.11.11

En investissant largement la toile, le terrorisme transnational est devenu un acteur mondialisé. La nouvelle nébuleuse est en effet volontairement qualifiée « d’Al Qaïda 2.O ». A travers son mode de propagande (site internet, journal « Inspire » dans le Moyen-Orient) et de recrutement international, le terrorisme transnational ne connaît plus de frontières. Avec une propagande facile et bien enrobée, le terrorisme recrute en Orient mais aussi en Occident en instrumentalisant l’idée d’un empire américain néfaste, de sorte que plus l’empire est fort, plus le réseau terroriste le devient. Il devient ainsi l’ombre portée de tout un système de domination, prêt partout à se réveiller comme un agent double. C’est une forme de réversion à la puissance de la mondialisation, dont l’onde de choc se matérialise par des actions violentes et suicidaires. Visible à travers ces supports de propagande, le terrorisme international manifeste un sordide et macabre pouvoir de séduction auquel sont de plus en plus sensibles les nouveaux adhérents.

Ces dernières années en Irak comme en Afghanistan, la réponse strictement militaire a été incapable de faire cesser les attentats terroristes. La naissance de l’hyper terrorisme transnational, cristallisé dans sa haine envers l’Occident remet en cause les traditionnelles théories guerrières de Clausewitz ou Machiavel, où la connaissance de l’adversaire était indispensable à son anéantissement. La tactique militaire des années 2000 répondant au triptyque « projection, protection, sécurisation » se heurte à un adversaire qui refuse les règles de combat par nécessité militaire mais aussi stratégique. Ce n’est pas un phénomène nouveau puisque le terrorisme transnational reprend les fondements de la guérilla marxiste des années 1970, qui de par sa capacité à affaiblir un adversaire ultra-puissant à l’aide de moyens limités, transforme la guerre en une tension psychologique permanente.

21.11.11

Les dynamiques religieuses dans le monde en 2009

Carte : Les dynamiques religieuses dans le monde en 2009

20.11.11

L'économie mondiale se relève avec difficultés du traumatisme de la récession de 2008/2009. Bien sûr, les plans de relance et les stabilisateurs automatiques ont évité l'enclenchement d'un processus dépressif comme dans les années 1930 et les plans de soutien au secteur financier ont
empêché les faillites bancaires en cascade et l'anéantissement du système financier. Mais la mobilisation de l'ensemble des moyens de la politique économique, conventionnels et non conventionnels, a conduit à la socialisation de dettes privées insoutenables, a laissé les  budgets des États lourdement déficitaires et accru les dettes publiques dans des proportions importantes

CARTE DU COMMERCE MONDIAL DE MARCHANDISES, 2008

Si l'Amérique est de retour en Asie, c'est aussi parce que plusieurs pays de la région le lui demandent. Appelons cela le paradoxe asiatique : le premier partenaire commercial du Japon, aujourd'hui, n'est pas les Etats-Unis mais la Chine. Le premier partenaire commercial de l'Inde, c'est la Chine, de même que celui de la Corée du Sud et de Taïwan. Très soucieux de profiter du boom chinois, tous ces pays - et le Vietnam n'est pas le dernier - sont tout aussi soucieux de ne pas succomber aux ambitions géostratégiques, supposées ou déclarées, de Pékin. C'est donc au grand frère américain qu'ils demandent d'assurer la sécurité, notamment maritime, dans la région.

Cette rivalité apparente peut paraître digne des plus beaux jours de la guerre froide, qui opposait le bloc soviétique au bloc occidental. Il y a, pourtant, outre la Chine, de nouveaux acteurs dans la région, l'Inde, l'Indonésie, pour ne citerqu'elles. Mais ces acteurs ne veulent pas faire partie d'un bloc. Et il n'y a pas, pour l'instant, de bloc chinois 

19.11.11

Les habitants de la planète ont décuplé leur consommation d’énergie au cours du siècle dernier. Sera-t-il possible de continuer à augmenter notre consommation d’énergie dans les années à venir ? En tout cas, nous allons devoir tenir compte de nouvelles contraintes : épuisement de certaines ressources, réchauffement climatique, besoins croissants des pays en développement. De plus les transitions énergétiques prennent du temps. Les techniques demandent des essais, des perfectionnements et surtout, la confrontation à la réalité économique ainsi que des investissements importants : elles ont donc une très forte inertie.
Aujourd’hui, bien plus que par le passé, les choix énergétiques des pays ont une forte incidence sur l’avenir de toute la planète. C’est pourquoi l’énergie est au centre de débats où se mêlent des enjeux politiques à l’échelle nationale et mondiale, économiques, scientifiques et techniques : elle est largement devenue un problème de société.

L'Homme de Neandertal a souvent été décrit comme une brute primitive sans savoir-faire, ni conscience. On sait aujourd'hui qu'il n'en est rien. 
Les Néandertaliens sont à l'origine de diverses cultures. Ils ont taillé des outils en pierre et en bois, ont pratiqué la cueillette des végétaux, la collecte, le charognage, la pêche et la chasse. Ils ont développé de véritables stratégies de chasse et utilisé dans l'animal toutes les ressources nécessaires à leur vie quotidienne. Nomades, ils vivaient en petits groupes probablement d'une trentaine d'individus. Les Néandertaliens avaient des aspirations spirituelles, ils enterraient leurs morts, et une sensibilité artistique comme le prouve la collecte d'objets insolites ou les objets de parures

Les fortunes offshore, pour l’essentiel, échappent à toutes les sources de données disponibles, que ce soit la comptabilité nationale, les données fiscales, les enquêtes… Comme les fortunes des paradis fiscaux appartiennent sans doute à des gens très riches, il est probable que les inégalités de patrimoine soient encore plus fortes que ce que nos instruments de mesure habituels montrent. Mais les paradis fiscaux ne remettent pas fondamentalement en cause notre connaissance de la répartition des richesses à l’intérieur des pays. Les sources disponibles montrent que les patrimoines sont extrêmement concentrés : d’après ce que l’on sait, en France, les 10 % les plus riches possèdent plus de 60 % du patrimoine national. Peut être possèdent-ils en réalité 65 % ou 70 % du patrimoine national – dans tous les cas, les richesses sont très concentrées.

17.11.11

Les vingt dernières années ont été marquées par des progrès extraordinaires dans l'élucidation des mécanismes biologiques et génétiques fondamentaux liés au vieillissement et à la durée de vie des organismes vivants. 

Entre l'Antiquité et le début du XXème siècle, il a fallu presque 2000 ans pour gagner 25 ans d'espérance de vie, qui était encore inférieure à 50 ans en 1900. Seulement un siècle plus tard, nous avons gagné plus de 30 ans d'espérance de vie par rapport à nos arrière-grands-parents et nos petits-enfants qui naîtront vers 2050 auront très probablement plus de 100 ans d'espérance de vie.

 Alors que nous sommes 7 milliards d’êtres humains sur Terre, nous sommes déjà 4,5 milliards d’utilisateurs de mobiles (alors que nous n’étions que 90 millions à en posséder un en 1995, il y a moins de 20 ans !). Il y a là une mutation rapide et essentielle pour comprendre le monde, explique Dominique Boullier. “D’un coup, partout, l’humanité dans son ensemble s’équipe d’une technologie à peu près similaire : la technologie mobile. Avec le mobile, il y a une mutation dans notre relation au monde qui est devenue évidente et naturelle pour tous, à l’échelle mondiale” 

Des dix types de troubles de la personnalité selon la DSM IV, deux sont essentiellement à retenir pour les pouvoirs proliférants, sans
exclusif d’intrication avec d’autres types :
– la personnalité paranoïaque, qui a une tendance générale à interpré-ter les actions d’autrui comme humiliantes et/ou menaçantes.
– la personnalité narcissique (36), qui a une très haute opinion de soi-même, dépourvue de toute recherche d’empathie et indifférente aux émotions des autres, mais attentive à sa renommée, qu’elle aime à donner en spectacle.

Les hommes politiques – comme les autres – agissent beaucoup moins rationnellement qu’ils ne le croient. S’ils se propo-sent des objectifs rationnels, il y a toujours une pluralité de tels objectifs,et le choix qui est fait entre ceux-ci est le résultat d’impulsions dont l’ori-gine est essentiellement irrationnelle

C’est très significatif de l’état exécrable de la sexualité en Occident. La sexualité a été réprimée pendant des siècles. Désormais, la notion de pêcher charnel n’existe plus. Toutefois, le malheur de l’Occident c’est que nous n’avons pas de tradition érotique comme cela peut être le cas en Orient. Faute de tradition érotique nous sommes tombés dans l’escalade du « Hard ». Le but n’est plus dans la relation mais dans le plaisir personnel. Et dans la quantité de plaisir et non plus la qualité de plaisir. Jouir de plus en plus, sans considérer que l’autre est différent d’un outil.

16.11.11

 Les armées américaines sont ainsi intervenues plus de deux cents fois à l’étranger, mais cinq guerres seulement furent formellement « déclarées » par le Congrès et moins de quatre-vingt-dix guerres non déclarées reçurent son soutien explicite.

L’intérêt national bien entendu devrait, selon Condoleezza Rice, inclure cinq priorités :

1. Préserver la suprématie militaire des États-Unis, en s’assurant que tout est mis en œuvre pour éviter la guerre, et, si la prévention échoue, engager le combat pour la défense des intérêts américains.

2. Promouvoir le libre échange et tout ce qui contribue à la croissance économique des États-Unis et de leurs alliés.

3. Renforcer les liens avec les alliés des États-Unis, qui « partagent les valeurs américaines et peuvent ainsi partager le fardeau de la promotion de la paix ».

4. Développer les relations avec les grandes puissances, en particulier la Russie et la Chine.

5. Agir avec détermination contre les pays ou les régimes hostiles qui ont recours aux actes de terrorisme ou déploient des armes de destruction massive9

Le schéma proposé correspond, de façon presque caricaturale, à la tradition réaliste américaine. Les droits de l’homme, la défense ou la promotion de grandes organisations internationales, le respect du droit international, le devoir d’ingérence humanitaire, aucun de ces objectifs n’est véritablement prioritaire. Ils ne sont pas  ignorés, mais ils sont relégués au rang du marginal et de l’accessoire

15.11.11

Nobles causes...

Tout commence souvent par des images : une femme qui fuit un bombardement en emportant un bébé dans ses bras, des cadavres étalés devant les caméras de télévision, le visage d'un dictateur qui menace. Viennent ensuite les mots entrelardés de chiffres alarmistes : dans la bouche des intellectuels ou sous la plume des éditorialistes, ils exhortent la « communauté internationale » à agir pour « éviter l'irréparable ». Une guerre de propagande obscurcit alors le dialogue diplomatique, tandis que monte la pression de l'urgence, l'appel des uns à éliminer un « nouvel Hitler » (Saddam Hussein, Slobodan Milosevic, Mouammar Kadhafi...) répondant à la dénonciation de l'impérialisme des grandes puissances par les autres.

Parfois, les crimes dénoncés sont réels, parfois exagérés ou carrément imaginaires. Souvent, ils ne constituent que des prétextes dans le jeu des puissances qui s'abritent derrière les organisations internationales. Les pays dominants cherchent à marquer des points sur l'échiquier géoéconomique mondial, à liquider un dirigeant peu accommodant... Les bonnes intentions donnent souvent de mauvaises idées, disait Machiavel. 

Aux Etats-Unis, une bataille sur la construction d'un oléoduc illustre la puissance des lobbyistes anti-environnement.

On les surnomme le Quatrième Pouvoir. Les lobbyistes font partie du paysage à Washington. Pour chaque représentant ou sénateur, on compte plus d’un lobbyiste travaillant pour le secteur des industries fossiles. Reportage dans les couloirs du Capitole sur l’influence et les stratégies de ces hommes de l’ombre.

12 000 personnes travaillent dans le secteur du lobbying à Washington, une véritable armée. Et dans le domaine de l’environnement, le Congrès américain est pour eux un terrain de bataille perpétuel. Les secteurs des énergies fossiles ont ainsi dépensé près de 150 millions de dollars (108 millions d’euros) cette année. 

13.11.11

« Un des problèmes que posent ces définitions classiques de la Renaissance, remarque Brotton, est qu’elles célèbrent les réalisations de la civilisation européenne à l’exclusion de toutes les autres. Ce n’est pas une coïncidence que la période où le terme a été inventé a aussi été le moment de l’histoire où l’Europe a proclamé avec le plus d’agressivité sa domination impérialiste sur le globe. »

Les échanges avec l’empire ottoman ont pourtant profondément modifié les goûts et les possibilités à l’ouest du continent et contribué à la naissance du monde moderne. Les importations de l’Orient couvraient une large gamme de produits, des épices au coton, du satin aux tapis, des tulipes à la porcelaine et aux chevaux, des pigments, etc. « La palette de peintres a aussi été élargie » et cet enrichissement a « apporté aux tableaux de la Renaissances les bleus et rouges vifs qui les caractérisent ». Ce sont les pratiques du commerce arabes et islamiques qui se sont répandues, et ont imposé les chiffres indo-arabes, l’usage de la virgule les signes de l’addition (+), de la soustraction (-) et de la multiplication (x). Les bazars du Caire, d’Alep et de Damas ont « littéralement modelé l’architecture de Venise ».

Non seulement des objets provenant de l’Orient étaient montrés sur les peintures (y compris des inscriptions en arabe sur les habits de la Vierge), mais les peintres eux-mêmes, comme l’artiste Costanzo da Ferrara, se rendaient à Istanbul et en rapportaient des motifs, s’inspirant des traditions ottomane et perse. Les flux dans le domaine scientifique, surtout de l’Est vers Ouest, ne furent pas moins denses.

Même la chute de Constantinople en 1453 fut perçue avec modération par nombre de chrétiens et, dans les années suivantes, Venise et Vienne s’engageaient dans des accords avec la Sublime Porte.

Cette période des XVe-XVIe siècles fut donc celle d’un formidable essor commercial et financier, d’un dynamisme époustouflant dont furent conscients tous les protagonistes. 

L’histoire globale tente de définir les interactions entre les différentes régions du monde et de ne pas isoler l’Europe du reste de la planète. La Renaissance ne peut s’étudier en dehors des relations commerciales, financières, culturelles entre les deux rives de la Méditerranée qui se sont mutuellement aiguillonnées.

12.11.11

Comment va la vie ? 
Mesurer le bien-être
Éditions OCDE

Toute personne aspire à une bonne vie. Mais que signifie « une bonne ou une meilleure vie » ? Ce rapport examine les aspects les plus importants qui façonnent le bien-être et la vie des gens : le revenu, l’emploi, le logement, la santé, le travail et l’équilibre vie professionnelle-vie privée, l'éducation, les liens sociaux, l'engagement civique et la gouvernance, l'environnement, la sécurité personnelle et le bien-être subjectif. Il brosse un tableau complet du bien-être dans les pays de l'OCDE et dans d’autres grandes économies, en observant les conditions de vie matérielle et la qualité de vie des personnes à travers la population. Le rapport répond à la fois aux besoins des citoyens pour une meilleure information sur le bien-être et à ceux des décideurs en donnant une image plus précise du progrès sociétal.

Le rapport constate que le bien-être a augmenté en moyenne au cours des quinze dernières années : les gens sont plus riches et plus susceptibles d'être employés ; ils bénéficient de conditions de logements de meilleure qualité et sont exposés à des niveaux de pollution inférieurs ; ils vivent plus longtemps et sont plus instruits ; ils sont également exposés à moins de crimes. Mais les différences entre pays sont importantes. Par ailleurs, certains groupes de la population, en particulier les personnes moins éduquées et à faible revenu, ont tendance à moins bien s’en tirer dans toutes les dimensions du bien-être considérées dans ce rapport : par exemple, ils vivent moins longtemps et rapportent plus de problèmes de santé ; leurs enfants obtiennent de résultats scolaires moins bons ; ils participent moins à des activités politiques ; en cas de besoin, ils ont moins de réseaux sociaux sur lesquels s’appuyer ; ils sont plus exposés à la criminalité et à la pollution ; ils ont tendance à être moins satisfaits avec leur vie en général que les personnes plus instruites ou plus riches.

En 2010 et 2011, la Chine a prêté aux États de l’Union et annoncé l’acquisition de plusieurs entreprises européennes. Ces événements ont été fortement relayés par les médias, mais leur signification est encore incertaine : pour les uns, la Chine est perçue comme une menace, elle « achète le monde » ; pour les autres, véritable chevalier blanc, elle viendrait « au secours de l’euro ».

11.11.11


Pour faire un monde...

Sur la photo ci-dessous, la population des différents continents est ­représentée à proportion. En tee-shirt noir,les Africains ; en vert, les Latino-Américains et ­Caribéens ; en rouge, les Nord-Américains ; en bleu, les ­Océaniens ; en blanc, les Européens ; en jaune, les ­Asiatiques.

L’Asie est si peuplée (plus de 4 milliards d’habitants) qu’il aurait fallu ajouter au moins seize personnes en tee-shirt jaune sur cette photo pour qu’elle­ ­représente l’humanité. En revanche, il ne faut qu’une seule Australienne (en tee-shirt bleu), puisqu’il n’y a que 36 millions d’Océaniens…

7 milliards d’êtres humains. Emoi, Emoi...

A l'occasion du dernier salon Milipol de Paris, consacré à la sécurité, la DGA a fait sensation en présentant pour la première fois "Hercule", un prototype d’exosquelette destiné à équiper les fantassins de l’armée française à l'horizon 2020. Développé conjointement par le Laboratoire d’intégration des systèmes et des technologies du CEA, l'école d'ingénieurs Esme et Sudriaet Rb3d, une société spécialisée en mécatronique, cet exosquelette, digne de "Robocop", sera à terme capable de démultiplier les capacités physiques des soldats et donc leurs rayons d'action.

10.11.11

L’économie en tant que discipline traverse aujourd’hui une grave crise de légitimité. Alors qu’elle aurait dû être un guide  pour nos sociétés, les conduisant vers plus de rationalité et de clairvoyance, elle s’est révélée être une source de confusion et  d’erreur. En son nom a été menée une politique suicidaire de dérégulation financière sans que jamais l’ampleur des dangers encourus n’ait fait l’objet d’une mise en garde appropriée. AU lieu d’éveiller les esprits, elle les a endormis ; au lieu de les éclairer, elle les a obscurcis. 

8.11.11

Chine

Le vieillissement de la population se fera dans les quarante prochaines années à un rythme historiquement inédit : l'économie chinoise va en effet perdre 180 millions d'actifs entre 2010 et 2050 !

A cette date, 440 millions de Chinois auront plus de 60 ans - soit un tiers (contre 10 % en 2000) d'une population qui commencera à diminuer en 2035.

7.11.11

Demain, qui gouvernera le monde ? Personne, sans doute. Et c’est là le pire. Aucun pays n’aura plus les moyens de maîtriser les richesses et les problèmes de la planète. Et personne ne voudra d’un gouvernement mondial.

Pourtant, les crises économiques, financières, écologiques, sociales, politiques et le développement des activités illégales et criminelles d’aujourd’hui montrent l’urgence d’un gouvernement du monde autre que celui des religions, des empires, des nations ou des marchés. Demain, d’autres scandales, d’autres injustices, d’autres catastrophes plus amples encore feront comprendre à l’humanité que le marché ne peut fonctionner correctement sans un état de droit ; que l’état de droit ne peut être appliqué et respecté sans un État ; et qu’un État n’est durable que s’il est réellement démocratique.

L’humanité comprendra alors qu’elle a tout à gagner à se rassembler autour d’un gouvernement démocratique du monde dépassant les intérêts des nations, y compris les plus puissantes, gérant le monde dans sa totalité, dans le temps et dans l’espace.

Sommes-nous en dictature ? Non. Sommes-nous en démocratie ? Non plus. Les puissances d’argent ont acquis une influence démesurée, les grands médias sont contrôlés par les intérêts capitalistes, les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entamées. Dans tous les pays occidentaux, la démocratie est attaquée par une caste.

En réalité, nous sommes entrés dans un régime oligarchique, cette forme politique conçue par les Grecs anciens et qu’ont oubliée les politologues : la domination d’une petite classe de puissants qui discutent entre pairs et imposent ensuite leurs décisions à l’ensemble des citoyens. Si nous voulons répondre aux défis du XXIe siècle, il faut revenir en démocratie : cela suppose de reconnaître l’oligarchie pour ce qu’elle est

5.11.11

Dans le sillage de l’après-11 septembre, la réflexion sur le « Homeland Security », notamment sous l’angle des « infrastructures critiques » (les grands réseaux vitaux de nos pays : énergie, eau, transports, systèmes d’information, systèmes bancaires, systèmes de santé publique, etc.), est désormais engagée dans nombre d’instances.
Les colloques sur le sujet se multiplient à travers le monde

Nous vivons aujourd’hui une période de ruptures en matière de risques et de sécurité collective – sur tous les fronts, qu’il s’agisse d’environnement, de climat, de santé publique, de technologie, de dynamiques sociales, de géostratégie et de violence. 

Reprenant les 3 pouvoirs qui dominent le Monde : Le pouvoir par la violence, le pouvoir par l’argent et le pouvoir par le savoir, qu’elle est la meilleure option pour l’avenir ?

Le plus ancien des pouvoirs, celui qui ne connaît que la violence, est encore omniprésent sur notre Planète. De très nombreuses personnes pensent encore que seules des guerres ayant la capacité de tuer des centaines de millions de personnes (et nous en avons malheureusement les moyens) pourront enrayer cette irrésistible croissance de la population.

Ainsi, selon les chiffres publiés par les Nations Unies, en 2022, l’Inde aura plus d’habitants que la Chine.
En 2040, l’Afrique subsaharienne aura plus d’habitants que l’Inde !
En 2100, il y aura 5 africains (subsahariens) pour 1 européen.

Selon les estimations des Nations Unies, la population mondiale atteint, cette semaine, les 7 milliards.

Il nous aura fallu des centaines de milliers d’années pour que la Terre accueille, vers 1800, son premier milliard d’habitants.

120 ans plus tard, vers 1920, le 2e milliard fut atteint.

40 ans plus tard, vers 1960, le 3e milliard fut franchi.

15 ans plus tard, vers 1974-1975, nous étions déjà 4 milliards.

Il n’a fallu que 13 ans de plus pour atteindre, en 1987, le 5e milliard.

Le sommet de l’accélération semble avoir été atteint 11 ans plus tard quand, en 1998, nous sommes arrivés à 6 milliards.

La courbe semble s’inverser puisqu’il aura fallu 13 ans, de 1998 à 2011, pour atteindre le 7e milliard.

4.11.11

«Les humains sont les plus gros animaux de la planète à avoir une population supérieure à sept milliards, mais ils ne sont définitivement pas les seuls à avoir dépassé ce seuil.»

Ainsi, le rival le plus sérieux de l’être humain en terme de nombre chez les vertébrés terrestres semble être le rat brun, même si «personne n’est enthousiaste à l’idée de les compter», et la poule d’élevage, dont le nombre s’élevait à 18,6 milliards en 2009. Pour ce qui est des animaux de taille comparable, aucun animal n’arrive à la cheville de l’homme: les bovins sont estimés à 1,4 milliard, les moutons à 1,1 milliard.

3.11.11

Effets domino massifs, contagion à haute vitesse, effets erratiques: nous avions coutume d’intervenir en urgence sur desaccidents délimités, nous découvrons les effets de contagions massifs, ultra-rapides et géographiquement dispersées. La source d’une menace peut fort bien être très éloignée du point d’impact ; les effets de propagation peuvent être surprenants. Ainsi avec le Sras : de Hong Kong à Toronto (le virus, inconnu, voyage à la vitesse de l’avion, emprunte les hubs), d’hôpital en hôpital (dès lors que du personnel a un service réparti sur trois hôpitaux, tous les points clés de la défense sont rapidement investis). Ainsi avec l’anthrax : ce n’est pas la lettre qui est le problème, mais la contagion dans les systèmes de tri, le réseau se met au service de l’attaque et lui donne une puissance toute industrielle14.
« La prolifération et l’intégration rapides des systèmes de télécommunication et des systèmes informatiques ont lié les infrastructures les unes aux autres pour parvenir à un réseau complexe d’interdépendances. Ces liens ont créé de nouvelles dimensions de vulnérabilités qui, quand elles sont combinées avec une constellation inédite de menaces, induisent des risques sans précédents pour la sécurité nationale. […] Nous devons apprendre à négocier une nouvelle géographie, dans laquelle les frontières ne sont plus pertinentes, les distances n’ont plus de signification, dans laquelle un ennemi peut porter atteinte à des systèmes vitaux sans s’attaquer à notre système de défense militaire. La défense nationale n’est plus du ressort exclusif de l’exécutif et la sécurité économique échappe à la seule sphère des affaires7 »

« infrastructures critiques » (les grands réseaux vitaux de nos pays : énergie, eau, transports,systèmes d’information, systèmes bancaires, systèmes de santé  publique, etc.)

C’est là désormais le front essentiel de nos vulnérabilités. Ces ruptures et grandes lignes de faille – climat, environnement et santé publique, démographie, systèmes techniques, géostratégie, violence et sociétés, etc.– génèrent des cascades de crises non conventionnelles qui se distinguent fortement des crises étudiées dans les années 80-90. Elles appellent des paradigmes et repères de pilotage, des organisations et des outils profondément repensés. Il ne suffit plus de savoir installer des salles de crise, se « coordonner » ou « communiquer ». L’ignorance, la discontinuité, la montée aux extrêmes, l’hyper-connectivité et l’horizontalité, la globalisation et la vitesse, « l’inconcevable » sont au nombre des dimensions à traiter

Katrina, AZF, Fukushima, subprimes, épidémies, cyber-attaques… nous sommes entrés dans l'ère des "mégacrises". Ces crises totalement différentes de celles étudiés dans les années 80-90 nous confrontent de plus en plus à l’inédit, l’impensable, l’inconcevable et montrent que nos « systèmes sont aujourd’hui en limite de pertinence ». Les interactions entre les systèmes économiques, politiques et techniques, ainsi que l’interdépendance des échelles locale et globale, rendent les catastrophes plus difficiles à anticiper, et de ce fait à maîtriser. Il apparaît donc nécessaire de repenser, réinventer nos « repères de pilotage ».

31.10.11

Une humanité polarisée

L'humanité s'étoffe et poursuit aussi sa polarisation entre le nord vieillissant et rapetissant et le sud en croissance et en renouvellement. Dans deux décennies, l'Europe ne devrait contribuer en effet qu'à 7 % du poids total de l'humanité, selon l'ONU alors qu'en 1950, ce poids était de 18 %. Même chose pour l'Amérique du Nord qui comptera pour moins de 5 % de l'humanité d'ici à 2033 — le Québec, pour moins de 0,1 % —, contre 7 % au milieu du siècle dernier. À l'inverse, l'Asie, l'Afrique et le Moyen-Orient se préparent à héberger plus des trois quarts des humains de la planète. 

Le clivage ne s'arrête pas là. Dans les pays vieillissants, comme le Japon, l'Italie et l'Allemagne, chaque retraité peut compter aujourd'hui sur trois actifs pour lui permettre d'aller jusqu'au bout d'une existence qui s'étire en raison d'une espérance de vie accrue. En Afrique subsaharienne tout comme au Moyen-Orient, ce ratio est pour le moment de 25 pour 1. 

Dans ce contexte, au Nord, les dépenses en matière de santé et de sécurité sociale sont déjà entrées dans une logique haussière quasi irréversible. Les carences en ressources humaines pour subvenir aux besoins des populations vieillissantes y sont également visibles, alors qu'au sud, cette même ressource va continuer d'être excédentaire, mettant du coup de la pression sur des flux migratoires avec lesquels l'humanité — y compris sa frange la plus populiste — va devoir apprendre à composer. Entre autres.

Le portrait de cette humanité en mutation n'est bien sûr pas seulement mathématique, il s'accompagne aussi de craintes très malthusiennes quant à la capacité de la planète bleue de prendre soin d'autant de bouches à nourrir, de corps à loger, à habiller, de cerveaux à remplir, à divertir, à inspirer, de masses à déplacer. Et les contours de ces enjeux cruciaux ont déjà commencé à être dessinés un peu partout sur la planète, mettant en relief disparités, iniquités et clivages que la force du poids, à moyen et long terme, pourrait à rendre de plus en plus insoutenables. 

Les espaces de tension sont prévisibles et nombreux... en ville, par exemple, où actuellement près de la moitié de la population mondiale vit. Dans 35 ans seulement, ce sera deux personnes sur trois, principalement dans des pays en émergence où cette humanité urbanisée devrait contribuer à l'étalement des villes et surtout des bidonvilles qui y prévalent déjà. 

La pression sur le territoire, sur les ressources naturelles, sur l'énergie est alors facile à envisager. La dégradation de l'environnement aussi, elle qui, dans plusieurs coins du globe, est déjà à l'origine de plusieurs troubles sociaux, économiques, politiques, de conflits armés.... Et cela ne pourrait être qu'un début. 

Depuis vingt ans, les cent plus grandes villes du monde ont vu leur taille moyenne passer de 187 000 hectares à 6,2 millions d'hectares. Or, dans plusieurs métropoles du continent africain, l'eau ne coule pas des robinets trois à quatre jours par semaine. L'électricité arrive dans les prises de manière aléatoire. Pour le moment et sous les yeux d'une population à la jeunesse revendicatrice qui pourrait ne plus vouloir s'en contenter.

L'humanité s'emballe, et c'est de plus en plus visible. Alors qu'il a fallu 200 000 ans à l'humain, dans sa forme moderne, pour atteindre son premier milliard, douze années seulement ont été nécessaires pour faire passer le compteur de six à sept milliards. Et au rythme où vont les choses, on n'aura pas à attendre plus de treize autres années pour entendre les premiers sons émis par le huit milliardième être humain sur terre.

30.10.11

Aucune loi, sauf par un acte de foi qui ne serait pas scientifique, ne peut être considérée comme intangible. La science formule des théories qu'elle s'efforce ensuite de vérifier expérimentalement. Les lois présentées aujourd'hui comme bien établies, sous forme de constantes universelles, seront par définition soumises à reformulation si de nouvelles expériences, menées dans des conditions de scientificité indiscutables, obligent à le faire. Il en est ainsi de la vitesse de la lumière dans le vide [outre Einstein, profitons de cet article pour aussi rendre hommage ici aux travaux d'Henri Poincaré], ou de l'attirance entre les corps dans le vide, relevant depuis Newton de la loi dite de la gravitation.

 L'usage d'Internet a un impact sur la mémorisation dans notre cerveau. C'est ce que montrent les récents travaux de Betsy Sparrow, basée à l'institut de psychologie de l'université de Colombia (USA). Selon l'étude publiée dans Science le 5 août dernier(3), l'utilisation fréquente de moteurs de recherche et de ressources en ligne a modifié la façon dont nous mémorisons les informations. Les ordinateurs et internet (sans oublier les smartphones) sont devenus une sorte de moyen de stockage externe de notre mémoire, sur lequel l'humain se repose. Plutôt que de se rappeler certains faits, les internautes se souviennent de la façon de les retrouver en ligne, ou dans leur ordinateur(4).

29.10.11

Les Blancs ne constitueront plus la majorité de la population des Etats-Unis à l’horizon 2042, soit dix ans plus tôt que ne le prévoyaient les projections antérieures, a annoncé le bureau américain du recensement dans un rapport rendu public ce jeudi.

Selon les projections actuelles, 65% de la population sera blanche en 2010, mais cette proportion va se réduire dans les années 2030, le rythme des décès chez les Blancs dépassant celui des naissances.

D’ici 2050, les minorités hispaniques, asiatiques et noires constitueront 54% d’une population qui aura atteint 439 millions.

Ce sont les hispaniques qui connaîtront le taux de croissance le plus fort, atteignant 133 millions d’âmes d’ici 2050 et représentant le tiers de la croissance de l’ensemble de la population de 2010 à 2050, en raison d’un taux élevé de naissances et de l’immigration.

La population d’origine asiatique passera de 4,5% de l’ensemble en 2010 à près de 8% en 2050, tandis que la proportion de population noire non-hispanique restera pratiquement stationnaire, marquant même un léger effritement en passant de 12,2% de la population en 2010 à 11,8% en 2050.

La population américaine sera aussi plus âgée. Actuellement 38,7 millions de personnes ont 65 ans ou plus, mais ils seront 88,5 millions en 2050 du fait du baby boom des lendemains de la deuxième guerre mondiale (1946 to 1966).

28.10.11

En 1850, explique-t-il, l’économie américaine était comparable à celle de l’Italie. 40 ans plus tard, elle était devenue la plus grande économie du monde. Que s’est-il passé entre les deux dates ? Le chemin de fer a relié le pays, donnant accès aux biens industriels de l’Est, réalisant des économies d’échelles et stimulant la fabrication. Ces changements profonds ne sont pas inhabituels, estime l’économiste. Les changements économiques liés à l’introduction sur le temps long de nouvelles technologies créant un monde différent sont plus courants qu’on ne le croit. Est-ce le cas avec les technologies de l’information ? Oui, estime-t-il, aujourd’hui, le numérique est en train de créer une transformation profonde de l’économi! e, tant et si bien que Brian Arthur parle d’une “seconde économie”, numérique.