3.7.13

Quand les mouvements altermondialistes réclament une lutte efficace contre les paradis fiscaux, on leur répond que c’est très difficile, que ce sera très long, qu’il faut tenir compte de la concurrence internationale, mais quand Cameron a besoin de recettes fiscales supplémentaires, il lui faut quelques jours pour imposer aux îles Caïmans (et autres paradis sous souveraineté britannique) de transmettre toutes les informations sur les comptes détenus par les citoyens de huit pays de l’Union europ! éenne. Quoi qu’on en dise, on a les impuissances qu’on se choisit.” Est-ce à dire que l’impuissance est une stratégie politique ? Comment sommes-nous pieds et points liés par la fatalité ? Faut-il que la vie soit devenue à ce point indigne pour qu’on n’ait plus peur de la perdre ? Voir également la réaction de Paul Jorion :http://www.pauljorion.com/blog/?p=55620

Les auteurs en tirent un enseignement: si la globalisation, via la concurrence fiscale, empêche les Etats de prélever plus de ressources sur le capital pour réduire les inégalités, alors la contestation des oligarchies et de la globalisation s’accentuera.

2.7.13

La population mondiale en 2050 et 2100

 

La Division de la population de l’ONU (Organisation des Nations unies) a révélé le 3 juin dernier ses nouvelles projections de population mondiale. Selon ces Perspectives de la population mondiale : révision de 2012, la planète pourrait compter 8,1 milliards d’habitants en 2025, et 9,6 milliards en 2050.

Sans surprise, l’essentiel de cette croissance se produirait dans les pays actuellement en développement, dont la population passerait de 5,9 milliards d’habitants en 2013 à 8,2 milliards en 2050. Les pays les moins développés pourraient connaître un doublement de leur population, qui passerait de 900 millions à 1,8 milliard d’habitants sur la période. Au total, la moitié de la croissance mondiale prévue d’ici 2050 aurait lieu en Afrique : la population de ce continent passerait de 1,1 milliard d’habitants en 2012 à 2,4 milliards en 2050 puis à 4,2 milliards en 2100.

À l’inverse, la population des pays développés se stabiliserait à environ 1,3 milliard d’habitants. L’Europe connaîtrait une baisse de 14% de sa population d’ici la fin du siècle, le taux de fécondité étant désormais trop bas pour assurer le renouvellement des générations dans la plupart des pays.

La population de l’Inde dépasserait celle de la Chine, soit 1,45 milliard d’habitants, vers 2028, et se stabiliserait à 1,5 milliard vers 2100. Le Nigeria serait plus peuplé que les États-Unis avant 2050, et pourrait devenir le deuxième pays le plus peuplé de la planète avant la fin du siècle.

Selon les projections de l’ONU, l’espérance de vie mondiale devrait continuer à augmenter, passant de 69 ans en 2005-2010 à 76 ans en 2045-2050, pour atteindre peut-être 82 ans d’ici 2095-2100.

Source http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=30521#.Ub6yBoW9KUc

1.7.13

Dossier: Aux origines du pouvoir

Nicolas Journet

« Les hommes nés sous le joug, puis nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent point avoir d’autres biens ni d’autres droits que ceux qu’ils ont trouvés ; ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance. » Ce qui n’était, chez Étienne de La Boétie, qu’une intuition est devenue, pour les archéologues du XXe siècle, une conviction : l’existence de riches et de pauvres, de gouvernants et de gouvernés n’est pas un fait de nature. Pendant des dizaines de milliers d’années, les sociétés humaines ont pratiqué l’égalité et refusé toute gouvernance autre que celles de l’âge et du sexe. Certains peuples, aujourd’hui encore, ont conservé cet état de choses. Pourquoi et comment la préhistoire puis l’histoire ont-elles permis qu’ailleurs émergent des personnages plus riches et puissants que les autres ? Pendant un demi-siècle, on a pensé que la roue du progrès, portant dans ses valises l’agriculture et la propriété, suffisait à justifier cela. Aujourd’hui, d’autres facteurs sont invoqués. Les uns mobilisent les contraintes de la démographie et de l’environnement. Les autres, les dynamiques propres des sociétés, où ont pu jouer l’intérêt économique et la dépendance, la force brute, les croyances et les idéologies. Ou bien tout cela à la fois… Pas loin de trente mille ans séparent les premiers signes d’inégalités parmi nos lointains ancêtres des cités-États du Proche-Orient. C’est en comparant les vestiges de cette histoire avec la large palette des sociétés plus ou moins égalitaires encore observables qu’archéologues et anthropologues peuvent espérer débrouiller cette question.

30.6.13

L’économie est faite pour optimiser – ce n’est pas un vilain mot !. Cela veut dire tirer le maximum de résultats, de choses positives, de satisfaction, à partir des moyens limités dont nous disposons. Mais elle doit intégrer ces stratégies d’optimisation (de production et de consommation) dans les limites des mécanismes de reproduction du système. Par exemple les rythmes de reproduction des matières premières, des ressources renouvelables : « Voilà, on peut piocher dans les réserves jusque ce niveau, mais pas plus ». Ou des rythmes de prélèvement des ressources non renouvelables compatibles avec des perspectives de relève, de remplacement de ces ressources. L’économie retrouve alors sa vraie vocation : une science d’optimisation sous contrainte. Sans limites, il n’y a pas d’économie, car cela veut dire que l’on peut faire n’importe quoi !

http://www.bastamag.net/article3064.html

Pouvons-nous maîtriser ces bifurcations de civilisation ?

Avons-nous maîtrisé les bifurcations précédentes ? Elles sont venues au fil de l’évolution, et nous les avons suivies. Nous ne les comprenons qu’après coup, et nous nous adaptons à une nouvelle normalité qui s’établit. Les gens les ont vécues comme la fin d’un monde, sans comprendre où allait le monde nouveau. Il faut prendre du recul pour voir qu’un autre monde est en train de naître. Nous vivons aujourd’hui une confusion entre crise et mutation. Nous mélangeons deux types de crises. L’évolution est faite de ruptures et de normalité. La crise dans la normalité, c’est lorsque dans le système établi apparaissent des dysfonctionnements qui nous éloignent de la norme. C’est la crise au sens propre du terme, conjoncturelle. Le problème est alors de revenir à la norme. Si le sous-emploi est conjoncturel, on va essayer de rétablir le plein-emploi dans les normes traditionnelles, avec les moyens traditionnels.

Les crises de mutation, c’est passer d’un système à un autre. Et c’est ce que nous vivons aujourd’hui. Ce n’est pas une crise économique, mais une crise du système néolibéral. C’est la logique même du système qui a provoqué la crise des subprimes en 2008. Notre vrai problème est aujourd’hui de réussir la mutation. Or nous avons chaussé les lunettes de la crise du court terme. Un exemple : rigueur ou relance ? Tous les gouvernements raisonnent dans une logique de court terme ! Le pouvoir financier impose sa vision du temps court. Cela fausse tout, nous raisonnons à partir d’une économie complètement tronquée.

L’homme se crée lui-même par les efforts qu’il fournit, en travaillant pour acquérir des connaissances, en transformant le monde.

 nous avons successivement fait tomber les barrières, entre espace terrestre et céleste avec Galilée, entre l’homme et l’animal avec Darwin, entre conscience et rationalité avec Freud.... nouvelle convergence qui s’opère, entre le vivant et la machine, avec les biotechnologies?

A toute époque, le progrès technique a pour effet d’augmenter la productivité du travail humain. La productivité accroît la quantité de valeur ajoutée. Mais la façon dont celle-ci est partagée dépend du rapport de force dans la société. Dans la vision fordiste, les intérêts des salariés et des entrepreneurs sont convergents. Henry Ford le dit très bien : « Si vous voulez vendre vos bagnoles, payez vos ouvriers ». Progrès économique et progrès social vont alors de pair. Lorsque c’est le pouvoir de la finance qui domine, le dividende se nourrit de la ponction qu’il effectue sur les autres revenus. La logique ? Réduire l’Etat, les salaires, le nombre de salariés, les protections sociales. L’augmentation de la productivité a été compensée par cette logique de la rémunération des actionnaires. 

René Passet : « Il faut prendre du recul pour voir qu’un autre monde est en train de naître »

http://www.bastamag.net/article3064.html

ivons-nous une simple crise passagère ou une profonde mutation du système ? Pour l’économiste René Passet, face à un pouvoir financier qui impose son tempo, les gouvernements font fausse route en raisonnant à court terme. Il n’est pas plus tendre avec les économistes, incapables d’analyser le monde autrement que par le prisme des marchés, un peu comme l’homme des cavernes ne concevait l’univers autrement que magique. Sa solution : une « bioéconomie », seul remède à la crise de civilisation. Entretien.

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Basta !  : Notre manière de penser l’économie dépend de notre perception du monde. Et varie totalement en fonction des époques et du progrès technique. Dans votre dernier ouvrage, vous proposez de relire l’histoire économique à la lumière de ces mutations. Quelles sont les grandes étapes de cette longue histoire ?

René Passet [1] : Ceux qui voient le monde comme une mécanique, une horloge, ne considèrent pas l’économie de la même façon que ceux qui le voient comme un système énergétique qui se dégrade. Les mêmes astronomes, armés des mêmes instruments, ne perçoivent pas les mêmes choses dans le ciel, avant et après Copernic. Quand l’homme n’a que ses sens pour comprendre le monde, l’univers lui apparaît mystérieux. C’est un univers qui chante, qui le nourrit, qui gronde aussi parfois. Des forces jaillissent de partout. Il pense que des êtres mystérieux et supérieurs le jugent, l’approuvent ou le punissent. Avant même le Néolithique, l’homme s’aperçoit que la plante dont il se nourrit pousse mieux dans les milieux humides. Ou que les déchets organiques favorisent la végétation. Il découvre ainsi les forces productives de la nature et les régularités du monde naturel. Cela va faire reculer les esprits, qui se réfugient sur les sommets des montages, comme l’Olympe. Les dieux succèdent aux esprits, le monde mythique au monde magique. La civilisation grecque marque le basculement de l’esprit vers la conceptualisation. Un tournant décisif, le début d’une réflexion sur la nature des choses, avec la philosophie, science première. On passe ensuite des dieux au pluriel à un dieu au singulier. L’activité économique est encore une activité pour le salut des âmes, dans la perspective chrétienne. Si vous ne voulez pas finir vos jours dans les lieux infernaux, il faut vivre selon les préceptes économiques des théologiens.