18.2.12

Le monde de demain sera-t-il unipolaire, bipolaire ou multipolaire ? Même les réalistes qui raisonnent en termes de blocs et puissances admettent que d’autres logiques transversales sont à l’œuvre : l’évolution instable et largement autonome des marchés financiers, celle aussi des flux d’idées, de mouvements culturels et politiques, qui se diffusent par Internet.

Aux États et aux flux transnationaux s’ajoutent également les instances supranationales qui se sont constituées au fil du temps. Elles sont militaires (Otan), politiques (Onu), juridiques (TPI), financières (FMI, Banque mondiale), économiques (G20), continentales (Europe).

Dans La Puissance au XXIe siècle (CNRS, 2011), le diplomate Pierre Buhler passe en revue les dynamiques qui agissent à l’échelle de la planète. Il rappelle que la puissance du XXIe siècle échappera largement aux emprises étatiques et devra tenir compte de la logique du droit, de la démographie, des ressources du sol et des flux transnationaux d’argent et d’information.

À quoi pourrait ressembler ce monde multipolaire ? Nul ne prétend en détenir les clés – l’histoire nous a trop surpris pour se risquer à des prévisions, mais rien n’interdit d’imaginer des scénarios possibles. Une évidence s’impose d’abord à tous : celle d’une immense redistribution des cartes de la puissance.

Les dynamiques principales sont bien connues. D’un côté, le déclin inexorable de l’Occident, États-Unis et Europe compris. De l’autre, la montée de l’Asie, Chine en tête. On a beaucoup débattu ces vingt dernières années pour savoir si l’Amérique dominait le monde par le « hard power » (la force et l’argent), par le « soft power » (la diplomatie et la culture) ou, plus récemment, par le « smart power » (le verbe et la séduction). La question semble réglée : le temps de l’hyperpuissance est révolu. L’Amérique a perdu son « triple A », tout un symbole. Les États de la zone euro, par leur endettement massif, se sont mis eux-mêmes sous la surveillance des marchés et de la Chine, nouveaux gendarmes du monde. À partir de là, les scénarios divergent.

La montée en puissance de l’Asie est inexorable, compte tenu de son poids économique et démographique. La géopolitique suivra : mais jusqu’où ? Les uns prédisent une « asiatisation du monde » (1). La marche conquérante de la Chine est bien avancée dans ce que l’on nomme désormais la Chinafrique (implantation de la Chine en Afrique). Parallèlement, une « nouvelle route de la Soie » relie désormais la Chine et le monde arabe : la Chine s’implante dans les États pétroliers, domaine réservé des diplomaties européenne ou américaine (2). Moins connues mais tout aussi dynamiques sont les nouvelles routes commerciales entre l’Amérique latine et la Chine (3).

Ainsi, dans l’estomac de chaque être humain vivent des milliards de bactéries très utiles puisqu’elles nous servent à prédigérer nombre d’aliments ou à synthétiser certaines vitamines dont on a un besoin vital. Nous nourrissons ces bactéries qui, en échange, nous aident à manger. Cette forme de cohabitation est très poussée puisque ces bactéries vivent en nous ! Mutualisme, symbiose, association, coévolution, le monde vivant est fait de multiples formes d’association de ce genre où les organismes s’allient, coopèrent fusionnent, échafaudent des systèmes et des macro-organismes qui se soutiennent mutuellement (7).

http://www.scienceshumaines.com/revolution-dans-le-vivant_fr_28213.html

Épigenèse, morphogenèse, auto-organisation, sciences de la complexité ou théorie de l’évo-dévo, tous ces modèles explicatifs visent à répondre à la grande énigme de la construction du vivant à l’ère postgénomique. Tous partagent l’idée que la vie n’est pas contenue dans un programme, mais découle d’une cascade de causalités qui s’enchaînent. Il existe cependant des schémas directeurs initiaux, des boucles de rétroactions, des niveaux d’organisation interdépendants, des sentiers d’évolution, des pôles d’attraction et des logiques de coévolution, qui convergent vers des formes stables et récurrentes.

Avec l’épigenèse et la fin du tout génétique, une autre idée est venue bouleverser les sciences du vivant : celle de solidarité. La vision du vivant dominante dans le darwinisme est celle d’une âpre « lutte pour la vie », une lutte de tous entre tous où individus et espèces se combattent et rivalisent entre elles. Or, depuis quelques années, la biologie a montré combien la vie savait aussi se montrer solidaire et coopérative.

On sait depuis longtemps que les abeilles se nourrissent du pollen et du nectar des fleurs, et qu’en se déplaçant, elles transportent ce même pollen d’une fleur à l’autre et les fécondent : une forme de donnant, donnant indispensable à la vie de chacun. On appelle cela le mutualisme.

Dans un essaim d’abeilles, il existe des statuts différents : les mâles (appelés faux bourdons), les ouvrières, les reines. Tous naissent d’œufs parfaitement identiques ayant le même génome. Si l’œuf pondu par la reine n’est pas fécondé, la larve deviendra un mâle assez différent en taille et en comportement de l’abeille ordinaire (encadré ci-dessous). S’il est fécondé, l’abeille deviendra femelle, ouvrière ou reine, en fonction de la nourriture reçue. Si elle est nourrie de gelée royale, la larve se transformera en reine, si elle est nourrie de miel et de pollen, elle se développera en ouvrière. Ainsi donc, un même œuf, donc un même ADN, peut produire un faux bourdon, une reine ou une ouvrière, en fonction de son alimentation.

Au départ, un même ADN ; à l’arrivée, des organismes variés. Il se passe la même chose chez tous les animaux à métamorphose (la chenille qui devient papillon). Remarquons aussi que le même processus se produit pour les cellules de notre corps. À partir de cellules souches toutes identiques et portant le même génome, certaines vont devenir des globules rouges, d’autres des neurones, des cellules musculaires, osseuses, cutanées, hépatiques, etc. Ce n’est donc pas un programme génétique qui détermine leur destin. L’environnement agit en activant les gênes comme on compose des airs différents en appuyant sur telle ou telle note d’un même clavier. Le génome n’est donc pas ce grimoire sur lequel est consigné le secret de la vie. Il ressemble plutôt à un alphabet de quelques milliers de lettres : mais comment ces lettres se combinent-elles pour former des mots (les molécules), des phrases (les cellules), des textes (les organismes) (3) ? C’est une autre histoire.

 

La révolution épigénétique (2)

À la même époque, d’autres recherches étaient en train de changer la façon de penser la construction du vivant. Pendant que la course au séquençage battait son plein, biologistes et généticiens faisaient d’autres découvertes qui tournaient autour de notions et disciplines nouvelles : épigenèse, morphogenèse, embryogenèse et théorie évo-dévo. Celles-ci portaient une nouvelle conception de la vie. En même temps que l’on approfondissait la connaissance du génome (celui de l’humain, du riz, des carottes et des lapins), il apparaissait de plus en plus que les organismes ne sont pas construits à partir d’un seul programme contenu dans ses gènes. L’idée de programme génétique s’effondrait.

La première grande entaille contre l’idée de programme génétique est l’épigenèse. L’épigénésique ne remet pas en cause le rôle des gènes dans la construction de l’organisme, elle s’intéresse aux mécanismes d’activation des gènes par des facteurs extérieurs. Pour produire un être vivant, il faut produire des molécules organiques, les briques du vivant. Le gène joue ici un rôle déterminant. Mais qui lui commande de se mettre en action ? Voilà justement le domaine de l’épigénétique.

Dans les années 1990, un grand projet – « Génome humain » – fut lancé dont le but était d’aboutir à une cartographie génétique complète de l’ADN. Des équipes se lancèrent dans la course, notamment un consortium public international qui entra en compétition avec la société privée Celera Genomics, dirigée par Craig Venter. Le 12 février 2001, C. Vender annonça avoir atteint le but. L’annonce du séquençage complet du génome humain fit les titres de la presse mondiale. Mais cette grande découverte était accompagnée d’une aussi grande surprise : le nombre de gènes humains était beaucoup plus réduit qu’on l’avait envisagé : 23 000 gènes seulement, soit quatre fois moins que ce que l’on avait imaginé. 23 000 : pour fixer les idées, c’est le nombre de mots contenus dans 40 pages de la revue que vous tenez entre les mains. Comment penser qu’un programme aussi complexe que la fabrication d’un être humain – yeux, oreilles, mains, système digestif, les centaines d’espèces de cellules différentes… – puisse tenir sur un aussi petit nombre de gènes ! L’étonnement toucha son comble quand on apprit que le nombre de gènes chez l’être humain est inférieur de moitié à celui du riz : 23 000 contre 50 000 gènes pour le riz ! Il y avait manifestement un problème.

En fait, depuis quelques années déjà, les généticiens avaient pris conscience que le séquençage du génome n’ouvrait pas la voie au décodage du « programme génétique ». Pour la raison simple que ce dernier était un leurre 

Des papas-poules, des machos, des coquets, des baraqués, des tendres, des durs... Il semblerait que les hommes n’échappent pas aux grands chambardements en cours dans la construction des identités sexuelles.

Nous avons tous cinq identités sexuelles : chromosomique, anatomique, 
hormonale, sociale et psychologique. La plupart du temps, 
celles-ci coïncident. Mais il arrive parfois qu’elles ne convergent pas, 
révélant ainsi des identités ambiguës ou hybrides.

 

Je ne suis ni transsexuel ni hermaphrodite ni androgyne. Non, je suis un type ordinaire : sexe mâle, genre masculin, pratique hétéro. Et pourtant j’ai cinq sexes ! Oui : cinq. Vous aussi d’ailleurs. Nous avons tous cinq sexes. Nous possédons un sexe génétique (XX ou XY), un sexe anatomique (pénis ou vagin), un sexe hormonal (testostérone ou progestérone), un sexe social ou « genre » (homme ou femme) et un sexe psychologique (masculin ou féminin). Comme, en général, ces sexes coïncident et se superposent, nous ne nous rendons pas compte de cette diversité, nous avons l’impression de n’en avoir qu’un seul.

Mais quand on examine comment se construit l’identité sexuelle par étapes successives et que se produisent au passage certaines anomalies ou étrangetés, on découvre alors que la construction des sexes n’est pas un destin aussi figé qu’on le croit. 

Claude Lévi Strauss expliquait que tous les hommes étaient confrontés aux mêmes défis et que chacun , par la culture avant qu'elle ne se fige en civilisation , apportait ses réponses évidemment imparfaites, à la mort en particulier.

La conséquence nécessaire du principe de Schumpeter en démocratie est qu'il appartient au gouvernement à la fois d'autoriser la destruction de l'appareil de production désuet et, dans le même temps, d'aider personnellement les hommes affectés par cette destruction. Dans le capitalisme Schumpetérien, l'Etat aide les hommes, pas les entreprises : le soutien à l'économie du marché est tout le contraire du sauvetage des entreprises en difficulté.

Economiste autrichien, réfugié aux Etats-Unis à partir de 1932 et Professeur à Harvard, Schumpeter a laissé auprès de ses biographes et disciples le souvenir d'un séducteur mais avant tout, d’une forte expression qui résume son oeuvre : "la destruction créatrice".

Le progrès en régime capitaliste, démontra-t-il, exige que l'ancien sans cesse fasse place au nouveau. Contrairement à Marx et à Keynes, il estimait que les crises étaient inhérentes au développement économique : c'est grâce aux crises et en période de crise, écrivait-il, que l'innovation se manifeste. 

17.2.12

 La théorie de l’évolution doit faire sa révolution – Passeur de sciences

Directeur de recherches au CNRS et « patron » dulaboratoire Evolution et diversité biologique à Toulouse, Etienne Danchin (en photo ci-contre) a lancé, avec quelques collègues, un appel à révolutionner la théorie de l'évolution dans un article publié en juillet 2011 parNature Reviews Genetics. Ces chercheurs demandaient à ce que soit dépassé le cadre "tout génétique" dans lequel est enfermée l'évolution. Dans un entretien donné à Passeur de sciences, il revient sur cet appel et explique s'il faut oui ou non couper la tête du roi ADN...

Dans cet article de Nature Reviews Genetics, vous avez secoué le cocotier du monde de l'évolution en disant qu'il devait faire sa révolution. Pourquoi ?
Parce qu'il y a urgence à sortir du cadre dans lequel on s'est enfermé. Ces cadres, on en a besoin, il faut les construire, mais il arrive un moment où il faut aussi les dépasser et c'est souvent le travail des scientifiques que d'aller au-delà de leurs référentiels habituels. Je fais souvent la comparaison avec l'astrophysique. Quand Einstein a proposé la théorie de la relativité pour décrire la gravité, il n'a pas dit que Newton avait tort : il a dit que Newton ne décrivait qu'un cas particulier et que la relativité expliquait des phénomènes qu'on ne pouvait pas expliquer auparavant, comme certaines « anomalies » de la trajectoire de Mercure autour du Soleil. Avec mes co-auteurs (dont deux travaillent dans mon laboratoire), nous disons la même chose pour l'évolution. Nous avons aujourd'hui un magnifique cadre conçu dans les années 1930 et 1950, appelé la synthèse moderne, qui marie la génétique et la sélection darwinienne. Le seul problème, c'est qu'on en est venu à tout interpréter sous le seul angle de la génétique. Aujourd'hui, quand on pense évolution et héritabilité, on ne pense que transmission des différences par la voie génétique. Point barre. J'appelle ce réductionnisme le « génocentrisme » ou le « tout génétique ». Cependant, l'évolution n'emprunte pas la seule voie de l'ADN. Il existe d'autres formes d’hérédité qu’il est urgent d’intégrer dans une théorie de l’évolution plus générale.

Quelles sont ces autres formes ?
En plus de la génétique, on en distingue trois : l’hérédité épigénétique, culturelle et environnementale. L'épigénétique concerne des variations d'expression des gènes dont certaines sont transmises de génération en génération. Un exemple est celui des souris où, après la naissance, les femelles soignent intensément leurs petits. Si l'on empêche expérimentalement une femelle de le faire, on constate que leurs filles vont elles-mêmes, quand elles seront adultes, peu soigner leurs petits. Du coup, les variations d’intensité du comportement maternel sont transmises de mère en fille en l'absence de variation génétique. Ce phénomène bien connu résulte de l’enchaînement d’une étape comportementale et d’une étape épigénétique : les faibles soins maternels entraînent un changement d'expression de certains gènes dans le cerveau des filles, en particulier des gènes liés à la réception des œstrogènes, des hormones sexuelles impliquées dans la mise en place des comportements de soins aux jeunes. Si bien que lorsque ces femelles seront adultes, ces gènes-là s'exprimeront très peu. Elles seront alors quasiment insensibles à leurs propres hormones, ne seront pas « manipulées » par leurs  œstrogènes et ne deviendront donc pas des mères s'occupant bien de leurs petits. A chaque génération, ce changement épigénétique va se reproduire.

Quid de la culture animale, qui semble un concept étonnant ?
C'est la partie de la variation qui est transmise de génération en génération par apprentissage social : je me comporte de telle manière parce que mes parents et mon entourage se comportent ainsi ; si je change de milieu, il se peut que je ne sois plus adapté parce qu'on s'y comporte différemment. Je prends toujours un exemple très simple, celui de la Russie, où les amis s'embrassent sur les lèvres. Si un Russe arrive en France et continue à se comporter de la sorte, il est clair qu’il va avoir des problèmes... La voie culturelle est un univers à part entière, qui, contrairement à une idée reçue, ne concerne pas que l'humain. Elle crée une véritable niche culturelle à laquelle il est préférable d’être adapté pour pouvoir se reproduire. Aujourd'hui, on commence à voir de la culture chez les chimpanzés, les orangs-outangs mais aussi chez des oiseaux, des poissons et même chez la mouche drosophile, un animal dont le cerveau représente le centième, voire le millième d'une tête d'épingle !

Reste la voie de l'environnement...
Imaginons des oiseaux vivant dans un milieu où il y a des territoires favorables et défavorables. Il est évident que si, pour une raison X, mon père a réussi à acquérir le territoire favorable, je vais bien m'y développer. Je serai donc très compétitif, je pourrai acquérir à mon tour un territoire favorable voire, plus simplement, hériter celui de mes parents. Si on fait « bêtement » une analyse des lignées génétiques d'individus associés à ce milieu, on pensera que les différences génétiques entre ces lignées sont responsables du fait qu’ils vivent dans des milieux de qualité différente alors qu’historiquement c'est le pur résultat d'un aléa : le premier mâle a peut-être acquis un bon territoire par chance et, du fait de l’hérédité territoriale, le développement des caractéristiques physiques de tous les individus de la lignée en sera influencé. Ils seront bien nourris, en bonne santé et compétitifs. Dans une autre lignée, les oiseaux seront timides, en moins bonne santé, peut-être plus rapides à la course, sauront se cacher, etc. Tout se passe comme si les différences d’aspect étaient dues à des différences génétiques, mais ce n'est pas le cas.

Ceci dit, le message fondamental, c'est que l'hérédité résulte de l'interaction complexe entre ces processus. En se focalisant sur la composante génétique, on risque de manquer toute la richesse des processus d'hérédité, et donc d’évolution, et les équations décrivant les dynamiques évolutives sont alors par trop réductrices, ne décrivant que des cas très simples et trop particuliers.

Dans la bataille des cœurs et des esprits dans le monde entier, l'identité de l'Amérique comme la première démocratie du monde sera un grand atout. Mais la capacité de la Chine à capitaliser sur le ressentiment généralisé des siècles de domination occidentale ne devrait pas être sous-estimée.

 

Les guerres du XXIe siècle pourraient bien utiliser des implants ou des prothèses directement insérés dans le corps pour commander des engins à distance, et aura recours à de nouveaux médicaments pour améliorer les comportements des soldats au combat. Ce qui ne va pas sans poser de sérieuses questions d’éthique.

Ce que l’on appelle “civilisation”, c’est l’ensemble de ce qu’un peuple crée, entretient et transmet par l’éducation dans tous les domaines de la culture, son patrimoine social, technique, religieux, intellectuel, artistique. Il y a donc eu, et il y a, une grande diversité de civilisations dans l’histoire humaine. Et, dans cette histoire complexe, il s’est toujours trouvé une civilisation particulière qui identifie LA civilisation avec la sienne, et qualifie ainsi de “barbares” toutes les autres, au regard de la conviction d’être les plus “civilisés”.

Massacre de la Saint-Barthelemy (1572) par François Dubois, Musée de Lausanne, (Domaine public)

Les Grecs antiques se sont attribués ce titre, puis les Romains, puis les chrétiens par exemple, les musulmans, puis derechef les chrétiens à partir de la Renaissance. Partout sur le globe, en Asie comme en Afrique, en Europe comme dans les Amériques, les peuples en se différenciant comme c’est le propre de tous les humains, ont prétendu que les peuples différents du leur cessaient donc d’être pleinement humains en devenant étrangers. Et c’est ainsi que la barbarie s’est répandue avec les civilisations, parce que, selon la belle formule de Claude Lévi-Strauss :

Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie.