20.1.14

http://www.sciencesetavenir.fr/decryptage/20140117.OBS2889/le-top-ten-des-catastrophes-a-venir.html

Le "Top ten" des catastrophes à venir

Sous le titre "remodeler le monde" le Forum Economique Mondial de Davos qui s’ouvre le 22 janvier va tenter de faire le tour des risques les plus graves que court l’Humanité.

Rédigés par 700 experts mondiaux, le rapport "global risks 2014" explore 31 types de difficultés globales auxquels le monde doit faire face. Selon ces experts, chacun de ces risques pourrait provoquer une crise mondiale, mais leurs effets pourraient être multipliés par le simple fait qu’ils sont tous interconnectés. Ces évènements ont été classés par ordre d’importance et selon un degré de probabilité de survenue dans les prochaines années.

Les risques les plus probables

1. Les disparités de revenus
Le fossé croissant entre riches et pauvres est dénoncé comme le premier facteur d’instabilité sociale et politique.
2. La multiplication des évènements météo extrêmes
C’est un constat désormais partagé : inondations, sécheresses, cyclones sont de plus en plus destructeurs.
3. Le chômage et le sous-emploi
Le rapport pointe notamment les difficultés qui attendent les jeunes générations pour trouver un travail alors que le coût des études augmentent et que le marché de l’emploi se resserre. 75 millions de jeunes sont aujourd’hui au chômage dans le monde.
4. Le réchauffement climatique
Les négociations pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre sont dans l’impasse alors qu’il devient urgent d’agir pour limiter à 2°C les températures mondiales d’ici la fin du siècle. Un problème actuel qui impacte les générations futures.
5. Les attaques du cyber espace
Les experts craignent que les défaillances des protections des transactions marchandes passant par Internet ainsi que les intrusions dans la confidentialité des échanges électroniques ne sapent la confiance des utilisateurs, mettant à mal un secteur qui représente un puissant moteur decroissance économique

Les risques susceptibles d’entraîner les conséquences les plus graves

1. Les crises budgétaires
Les déficits publics des Etats sont considérés comme un risque majeur pour l’économie mondiale, avec un effet systémique prévisible sur l’ensemble des nations du fait de la globalisation des échanges.
2. Les changements climatiques
Induits par les émissions croissantes de CO2, ils sont non seulement probables mais aussi porteurs de conséquences graves pour toutes les activités humaines.
3. La crise de l’eau
C'est un risque constamment dénoncé depuis des décennies sans que des solutions pérennes soient trouvées. Près de la moitié de l’Humanité n’a pas à sa disposition suffisamment d’eau potable et ne possède pas de système d’assainissement.
4. Le chômage et le sous-emploi
Ils seront le moteur d’importants mouvements sociaux, d’instabilités politiques internes aux pays et de conflits virulents entre États.
5. L’effondrement d’Internet
Les auteurs redoutent une défaillance mondiale des systèmes informatiques. L’affaire Snowden, dénonciateur de l’espionnage à grande échelle du NSA américain, fait également redouter une méfiance généralisée des États entre eux et des utilisateurs, qui pourrait déboucher sur une "balkanisation de l’Internet". Selon les auteurs, "la confiance en Internet décline".
Selon une tradition bien ancrée, le Forum de Davos s’organise autour d’un question centrale imposée par l’actualité. C’était le cas en 2013 avec la crise de l’Euro. Cette année, les organisateurs ne choisiront pas de thème central et n’organiseront aucune hiérarchie entre les différents risques mondiaux afin de mieux plaider pour le retour d’une gouvernance mondiale apte à résoudre des problèmes globaux. Le Forum ambitionne de faire réfléchir les 2500 participants et les 40 chefs d’Etats annoncés sur "le long terme".

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Le modèle occidental, libéral et démocratique semble aujourd’hui hégémonique. Ses valeurs tendent à s’imposer partout. Avons-nous affaire, pour reprendre l’expression de D. Battistella, à un monde unidimensionnel ? Allons-nous vers un monde uniforme ?


Je crois qu’il faut distinguer deux choses. Un monde unidimensionel, pourquoi pas, car il existe un référentiel commun à l’ensemble de l’humanité. Je n’ai pas vu apparaître d’alternative à la technique occidentale, ni de valeurs politiques très différentes de celles qui organisent nos sociétés. Les Chinois sont plus nationalistes que nous, mais ils ont aussi un appétit de la liberté. Nous, nous sommes plus soucieux de liberté ; l’idée même de nation ne nous parle plus vraiment. Mais enfin, nous sommes tous pris dans le même cadre intellectuel. On parle de la même chose. En revanche, à l’intérieur même de ce cadre commun de référence, la bigarrure ne cesse de s’accentuer. L’exemple européen est intéressant : il n’y a pas de rivalité de principe sur ce qu’il faut faire, mais chacun veut le faire à sa façon. C’est encore plus vrai à l’échelle du globe. En théorie, l’idée démocratique fait quasiment consensus, mais en pratique, nous avons des divergences sur les façons de l’administrer, selon que l’on soit français, américain, chinois ou brésilien… Une discussion risque d’ailleurs bientôt d’éclater entre les Européens et les Américains. Quelle est la finalité d’un système collectif ? Est-ce de maximiser les gains de personnes individuellement, ou est-ce de créer de la cohésion collective par la redistribution et la protection des plus faibles ? À mon sens, les divergences entre Europe et États-Unis sont appelées à s’approfondir. Nous avons affaire à une vraie concurrence de modèles politiques, à partir de prémisses totalement communes. Cela peut donner des sociétés totalement différentes. Nous n’allons donc pas vers un monde uniforme, bien au contraire.

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Vous évoquez là la situation des sociétés occidentales. Pensez-vous que ce processus d’émancipation soit réellement planétaire ?


Oui, je pense qu’il s’agit d’un horizon commun pour l’humanité. On peut dire que le nouveau monde, c’est le monde de l’égalité. Cette valeur se joue là, dans cette lutte pour l’égalité entre hommes et femmes. C’est son laboratoire quotidien. Je suis extrêmement frappé par la pénétration de l’esprit égalitaire jusque dans les sociétés les plus éloignées de ce modèle. Le monde de l’Islam en offre le témoignage quotidien, au-delà des apparences. Les femmes parlent, elles ont de l’autorité et l’exercent non plus seulement dans l’enceinte des maisons, mais aussi sur la place publique.

Certes, de telles transformations sont lentes. Il a fallu deux siècles à l’Occident pour parvenir à l’émancipation féminine. Il serait miraculeux qu’on y parvienne en quelques décennies dans des sociétés structurellement organisées par la complémentarité hiérarchique des sexes. De telles organisations sont difficiles à défaire : l’identité des êtres et tout le fonctionnement collectif en découlent. Mais la révolution symbolique est faite. À l’échelle planétaire, il n’y aura pas de retour en arrière.

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La mondialisation n’est pas uniformisation. 
Sa dynamique fait d’autant plus ressortir la bigarrure fondamentale des sociétés. Et la concurrence 
entre modèles de société ne fait que s’intensifier.

Vous considérez que nous sommes entrés, depuis la fin des années 1970, dans un « nouveau monde », expression qui doit donner son titre à votre prochain livre (1). Qu’y a-t-il de vraiment nouveau ?


Cette expression peut certes sembler banale, mais je lui donne un sens précis : pour la première fois dans l’histoire humaine, le monde est vraiment Monde. Nous assistons à un processus qui va bien au-delà de la mondialisation financière ou technique : la fabrication politique – au sens fort du mot – d’un espace planétaire. Des parties du monde autrefois dominées, comme l’Inde ou la Chine, s’imposent comme des partenaires à part entière sur la scène internationale. Le bloc soviétique s’est effondré, alors qu’il représentait le dernier véritable empire sur la surface du globe. La puissance américaine, dont l’hégémonie politique et militaire était incontestée, se trouve fragilisée. Nous sommes dans le premier monde qui ne se perçoit pas sous le signe d’antagonismes irréductibles entre ses parties. Il y a des grands et des petits, mais aucun Etat n’est en mesure de dominer les autres. Il s’agit d’un changement considérable, dont nous ne mesurons pas encore toutes les conséquences sur la vie des sociétés.

C’est aussi en ce sens que j’utilise à dessein l’expression de « nouveau monde ». Le monde humain dans lequel nous vivons me paraît tout aussi inconnu que le monde spatial pouvait l’être pour Christophe Colomb et Vasco de Gama. Nous connaissons le globe, possédons des cartes, des satellites, des GPS, etc. Mais humainement parlant, nous sommes désorientés. Nous comprenons mal comment fonctionnent les sociétés et qui sont les individus qui les composent. La mondialisation géographique a eu lieu ; nous sommes aujourd’hui au tout début de la mondialisation humaine et sociale.