5.6.04

Fiche d�taill�:" La France fait de temps en temps une révolution, jamais de réformes ", déclarait Raymond Aron. " La France ne fait jamais de réformes que dans la foulée d'une révolution ", lui répondait le général de Gaulle. Or, la leçon qui ressort de notre histoire récente est que la France n'est plus enfermée dans la dialectique révolution/réformes : depuis cinquante ans, elle n'a cessé de se transformer d'elle-même et, par conséquent, elle n'a plus besoin du recours à la révolution pour se réformer. De rigide qu'elle était, elle est devenue changeante, au sens de " capable de changer ". Et cela par la volonté des Français. La France de 1945 plongeait des racines dans un lointain XIXe siècle. En un demi-siècle, elle a vécu un changement radical : transformation accélérée des campagnes, éclatement du monde ouvrier, passage du bourgeois rentier au cadre dynamique et, plus surprenant encore, réorganisation de la société en trois âges de la vie, affirmation des femmes au travail et dans la vie de famille, déclin des institutions traditionnelles, diversification continue des parcours professionnels, des comportements privés et des choix culturels. Ce récit souriant et savant, dernier ouvrage de Henri Mendras, remet en cause nombre d'idées reçues et jette un regard serein et éclairant sur la France d'aujourd'hui.
Fiche d�taill�: La thèse de ce livre est terrifiante : la civilisation mondiale actuelle va s'effondrer dans les vingt ans à venir ; et il est trop tard pour s'y opposer. Nous allons régresser vers un " Nouveau Moyen Age ", nous allons vivre la chute de l'Empire romain en dix fois plus fort. En effet, il existe, pour la première fois de toute l'histoire de l'humanité, des " lignes dramaturgiques ", des crises géantes, des catastrophes de grande ampleur - déjà décelables, palpables - qui convergent les unes vers les autres à l'horizon de 2010-2020, et qui vont démultiplier leurs effets, jusqu'au point de rupture. L'auteur analyse une par une avec rigueur ces crises en amplification constante : dégradation de l'écosystème et bouleversements climatiques, fragilisation d'une économie mondialisée spéculative et endettée, retour des épidémies ; épuisement des énergies fossiles et des ressources agricoles ou halieutiques ; montée des nationalismes, des terrorismes et prolifération nucléaire ; aggravation de la rupture Islam-Occident ; vieillissement dramatique des populations des pays riches qui se traduira par une récession économique sans précédent ; risque de guerres civiles ethniques en Europe, etc. Pourtant, le pessimisme n'est pas de mise : nous ne vivrons pas une apocalypse, mais une métamorphose de l'humanité. nous sommes peut-être à la fin de ce que les traditions hindoues nommaient le Kali Yuga, l'" âge de fer ", marqué par le matérialisme et l'égoïsme. Après la catastrophe et le chaos, les survivants construiront peut-être une nouvelle humanité...
Fiche d�taill�: Ce livre nous montre, à partir de deux exemples précis et largement documentés, la vague de terrorisme anarchiste de la fin du XIXe siècle et la vague de terrorisme panfasciste des années 1930, combien le phénomène de notre époque n'est pas nouveau. Les deux exemples sont frappants : on y reconnaît les mêmes actes criminels, le caractère transfrontalier de la menace, des réactions identiques allant des réticences des nations aux premières législations internationales qui sont l'esquisse de notre "communauté internationale". On y retrouve aussi les mêmes sources du terrorisme, dans des groupes importants qui sont marginalisés et, ainsi, poussés à des actions violentes. Là aussi, le passé nous est une précieuse référence, en éclairant le présent hors des passions et des conclusions hâtives.
Fiche d�taill�: Les services secrets américains sont en plein bouleversement. Sous prétexte d'être plus efficaces contre le terrorisme, ils doivent justifier les actions engagées par le gouvernement, quelles qu'elles soient. C'est ce qui s'est passé avec l'Irak et les armes de destruction massive. Mais leur transformation ne s'arrête pas là : leur mission est désormais de tuer les ennemis de manière préemptive au risque de multiples erreurs et dérapages. C'est le retour des opérations du type de celle menée au Vietnam sous le nom de " plan Phénix " et qui avait abouti à l'élimination sur simple dénonciation de près de 40 000 personnes.
Fiche d?Dtaill?D: A l'évidence, le capitalisme mondialisé demeure un grand désordre que personne ne maîtrise. Paradis fiscaux, sociétés écrans, entraves à La coopération judiciaire et policière : les obstacles à la lutte contre la criminalité transnationale, la délinquance financière et le blanchiment se portent bien.

4.6.04

Gmail - Inbox (14)Le clonage consiste à ôter le patrimoine génétique d'un ovule pour le remplacer par celui du spécimen que l'on cherche à reproduire et dupliquer. L'ovule est ensuite stimulé électriquement pour lui "faire croire" qu'il a été fécondé. Si tout va bien - ce qui est rare - la division cellulaire se met alors en branle et l'ovule devient un embryon, copie génétique conforme du donneur.
Une fois les "feux de la rampe" éteints et les promesses d'une médecine plus individualisée lancées, les scientifiques ont dû s'atteler à la tâche pour que les connaissances acquises deviennent des outils rapidement utilisables, résume Chris Gunter, en présentant un dossier spécial que la revue Nature consacre aux espoirs et avancées dans ce domaine. Le génome est "plus qu'un paquet de gènes", et l'information contenue dans le reste de l'ADN peut être importante, explique David Bentley (Welcome Trust Sanger Institute, Cambridge, Royaume-Uni), rappelant qu'on avait trop vite qualifié "d'ADN poubelle" celui qui ne codait pas la fabrication de protéines.

2.6.04

Alexandrie: "Robert Toulemon, Européen convaincu, développe ici une réflexion sur l'avenir des institutions des Nations unies, montrant en substance que l'Organisation des Nations unies (ONU), aujourd'hui à court de légitimité et de réelle représentativité, gagnerait à se réformer suivant l'exemple de l'Union européenne. Après un bref rappel du contexte international et des défaillances actuelles qui caractérisent le système de gouvernance mondiale - récemment illustrées par l'affaire irakienne -, l'auteur pose une série de conditions préalables à une telle réforme, parmi lesquelles la reconnaissance de puissances montantes comme l'Afrique du Sud, une meilleure observation de l'état des droits de l'homme et de la démocratie dans le monde...
Première étape dans la réforme, selon lui : prendre en compte les peuples et non plus seulement les États ; partant de là, reconnaître et définir institutionnellement le droit d'ingérence dans les affaires intérieures, ce qui passe inévitablement par une coopération améliorée entre l'Europe, les États-Unis et les pays du Sud ; enfin, fonder la réforme sur la régionalisation, c'est-à-dire promouvoir l'émergence de grands ensembles régionaux comme interlocuteurs au sein du système onusien. À cet égard, tout comme les institutions européennes ont servi de modèle à différents pôles régionaux (en Asie, Amérique latine...), elles pourraient aussi inspirer la réforme des différents organes de l'ONU et de leur articulation. Par exemple, le Secrétariat général pourrait évoluer vers une instance collégiale en charge des intérêts généraux de l'humanité et gardienne de la légalité internationale (comme la Commission à l'échelle de l'Europe).
Conscient que son propos pourrait être qualifié d'utopique, Robert Toulemon avance nombre d'autres propositions détaillées (en termes de financement, de gouvernance, etc.) et place l'Europe aux avant-postes pour la promotion du nouveau compromis planétaire qu'il décrit ici.
Les nanosciences représentent l’ensemble des recherches ayant pour objectif la synthèse et l’étude de nano-objets doués de propriétés (chimiques, physiques, biologiques). Cette discipline inclut aussi la découverte de méthode d’assemblage permettant d’accéder à des nanomatériaux et d’organisation aboutissant à des matériaux adaptatifs.
Dans un document fondateur de 1998 (http://www.w3.org/DesignIssues/Semantic.html, il expliquait : "Le Web a été conçu comme un espace informationnel, avec pour but d'être utile non seulement à la communication entre humains, mais aussi pour que des machines puissent y participer et aider. L'un des principaux obstacles à cela provient du fait que la majeure partie de l'information sur le Web est conçue pour les humains. Même si l'information provient d'une base de données dont les champs ont un sens précis, la structure des données n'est pas facile à interpréter pour un robot. (...) L'approche du Web sémantique a pour but de développer des langages pour exprimer l'information d'une façon utilisable par les machines."

De ce magma d'informations disparates, composé de milliards de pages qui n'ont en commun que l'utilisation de l'hypertexte pour les lier entre elles, Berners-Lee envisage donc de faire un espace ordonné, intelligible pour des machines. Avec au passage la transition d'une logique purement syntaxique (les balises HTML définissent la manière dont se présentent les pages Web) à une version sémantique (les informations du Web contiennent des éléments relatifs à leur sens). D'un Web "lisible" par les machines (comme c'est le cas pour les moteurs de recherche qui indexent les pages automatiquement), il s'agit de passer à un Web "compréhensible" par les machines.

31.5.04

[Sociotoile]: il y a eu cette question centrale qui est liée à la logique d’un système qui est une lutte féroce pour la captation des gains de productivité. Les fonds spéculatifs, les fonds de pension, les grandes banques d’affaires, les grandes sociétés d’assurance contrôlent à l’échelle du monde une masse de capitaux absolument fantastique : 30000 milliards de liquidité ; c’est à dire l’équivalent du produit mondial. Vous voyez la masse de liquidité qu’elle contrôle représente l’équivalent de l’effort de tous les hommes de cette planète pendant un an. Le pouvoir n’est plus au niveau des Etats ; je veux dire la réalité du pouvoir ; il passe au niveau international et il passe d’une sphère publique, qui est celle des Etats, à une sphère d’intérêts privés qui est celle de la finance internationale. Il faut savoir aussi qu’une journée de spéculation représente 1600 milliards de dollards ; ça représente l’équivalent de toutes les réserves en or de toutes les grandes banques centrales dans le monde.
Sociotoile: Dites-vous qu’entre le début du siècle et aujourd’hui, la durée de travail est passée à plus de 3000 heures par an à moins de 1600 heures ; et que, pourtant, le pouvoir d’achat du salaire a été multiplié par 8. Voilà ce que c’est le progrès social.
Le Carnet : On pense à cette remarque amère de l’universitaire israélienne Tanya Reinhardt: «Il semble que tout ce que nous avons intériorisé de la «mémoire de l’Holocauste», c’est que tout mal de moindre ampleur est acceptable.» La référence au génocide est utilisée pour rendre inaudible, pour escamoter la souffrance des Palestiniens. Pour frapper un peuple tout entier d’un effacement inéluctable, dont le mur de séparation n’est que la traduction concrète.
Liberation: On parle beaucoup d'un empire américain, mais c'est un empire barricadé. Partout dans le monde arabe, les Américains sont dans des bunkers. C'est un empire qui n'arrive pas à s'enraciner dans la population. Les Etats-Unis passent des compromis avec les gouvernements, pas avec les sociétés, contrairement aux «compromis coloniaux» passés, jadis, par les colonisateurs. Comment la société américaine, si riche, si plurielle, si «multiculturelle» peut-elle avoir une projection aussi monolithique à l'extérieur ? Les Américains ne capitalisent pas le fait que plus d'un million d'entre eux, de culture musulmane ou arabe, pourraient servir de médiateur... Les Américains ressentent le conflit du Moyen-Orient plus comme un problème de politique intérieure, voire même d'identité, que de politique étrangère. Le biblisme, l'alliance avec Israël font qu'ils ne sont pas en position d'extériorité, comme ils l'étaient au Vietnam... En ce sens, une réévalution de la situation amène nécessairement une recomposition sur le plan intérieur. Et ça, c'est peut-être le plus difficile.
Liberation: Les gouvernements, bien plus que leurs opinions, sont parfaitement conscients des rapports de force. Ils savent que, sur le plan économique, le monde arabe, c'est le Benelux en termes de PIB, mais l'Irak leur a montré qu'en dépit de leurs puissants appareils militaires, un déluge de feu peut tout balayer. Or ils ont des intérêts à défendre. Ils connaissent la faiblesse du rapport de force avec les Etats-Unis, et donc l'impossibilité d'entrer en confrontation directe. Dans le même temps, ils sont conscients de leur grand écart permanent avec leur opinion qui est beaucoup plus intransigeante, nationaliste ­ illusionnée aussi faute d'avoir une perception réelle des rapports de force. Mais, paradoxalement, ce porte-à-faux joue en faveur des gouvernements. Car la radicalisation des opinions se faisant sur l'antiaméricanisme, celles-ci n'exigent pas la «démocratisation» voulue par Washington pour ne pas paraître céder aux sirènes américaines. Un certain nombre d'intellectuels arabes vous disent : «On espérait la démocratie, mais c'est fini. L'opinion exige la fin du conflit de Palestine et de l'occupation américaine.» Cette exigence reste nationaliste et ce nationalisme est «illibéral» : il est le bouclier de l'autoritarisme, du refus du pluralisme dans la mesure où les deux seuls champs dans lesquels vous pouvez vous exprimer sans avoir de problèmes, dans un régime autoritaire arabe, c'est le radicalisme national ou, surtout, religieux.
On parle d'un empire américain: Quand les Etats-Unis ont-ils commencé à s'intéresser au monde arabe ? Au XIXe siècle, quand des missionnaires américains sont venus convertir les gens . On leur doit la création d'universités, comme celle de Beyrouth. Puis, à la fin de la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis tentent, avec la doctrine Wilson, d'avoir une influence sur la région au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et les missionnaires pensent à un mandat américain sur le Proche-Orient. Dans les années 30, les compagnies pétrolières américaines pénètrent dans le Golfe et, pendant la Seconde Guerre mondiale, les Américains découvrent l'importance stratégique, géopolitique et pétrolière d'une région qu'ils définissent d'«intérêt national». L'armée américaine occupe le Golfe et crée le «commandement du golfe Persique» pour assurer le ravitaillement de l'URSS, via l'Iran. Pendant très longtemps, dans le contexte de la guerre froide, cette région, c'est non seulement le pétrole, mais aussi une position géopolitique qui permet le containment de l'URSS.
Liberation: Les Etats-Unis avaient une excellente expertise du monde arabe. Ceux qu'on appelle les «arabists» ­ arabisants ­ étaient de grande qualité. Beaucoup venaient de générations issues du milieu missionnaire de Beyrouth. On les retrouvait à la CIA, au département d'Etat, dans l'éducation, l'armée. Mais, considérés très tôt comme des adversaires du sionisme, ils ont été soumis à une pression morale considérable des lobbies favorables à Israël et éliminés progressivement des postes de décision. Aujourd'hui, les gens savent bien que, pour faire carrière, ils ne doivent pas prendre telle position ou développer telle analyse. Cela a abouti à une certaine déficience de l'expertise. Autre raison : la faiblesse du système universitaire. Les Etats-Unis ont les universités les plus riches, mais l'absence d'enseignement de toute langue orientale dans le secondaire fait que la formation d'un arabisant y est très tardive. La France à elle seule produit plus d'arabisants qu'Etats-Unis et Canada réunis. L'opposition entre universités et think tanks accentue le problème, ces derniers produisant des argumentaires au détriment de l'analyse et de l'expertise.