18.6.04

[@RT Flash] Lettre #294 du 19 au 25 Juin 2004: Il ne lui manque que la parole. Des chercheurs allemands ont découvert un chien border collie baptisé Rico, capable de comprendre plus de 200 mots et d'en apprendre de nouveaux aussi vite que de nombreux enfants.
[@RT Flash] Lettre #294 du 19 au 25 Juin 2004: les climatologues savent désormais que depuis 740.000 ans, la Terre a subi huit cycles, marqués par des alternances de périodes glaciaires et de périodes plus chaudes, dites interglaciaires, avec, deuxième grand enseignement, un changement brutal du rythme des cycles il y a 420.000 ans.
[@RT Flash] Lettre #294 du 19 au 25 Juin 2004:Aujourd'hui, à la lumière de toutes ces découvertes récentes, plus personne ne se hasarde plus à fixer une limite maximale à la longévité humaine. Alors qu'il a fallu deux siècles pour doubler l'espérance de vie, la perspective d'un nouveau doublement au cours de ce siècle n'est plus impensable ! Une telle perspective entraînerait évidemment des conséquences sociales, économiques, éthiques et politiques absolument considérables ; c'est pourquoi nous devons dès à présent nous préparer à cette mutation vertigineuse de civilisation.
[@RT Flash] Lettre #294 du 19 au 25 Juin 2004: L'Homme pourra-t-il vivre plusieurs siècles ? Probablement, répond sérieusement un scientifique américain reconnu. "Les chercheurs ont déjà rajeuni des cellules de la peau en laboratoire et nous pouvons renverser l'ensemble du processus de vieillissement de l'être humain", a déclaré le professeur de médecine Michael Fossel, de l'université de l'Etat du Michigan (Etats-Unis) lors d'une conférence sur la longévité.

ZDNet.fr: Le groupe français ouvrira cette année deux centres de R&D à Pékin et Canton, suite notamment à un accord avec China Telecom. Il s’agit pour FT d’une augmentation significative de ses efforts de recherche et non d’une tentative d'externalisation.
Dotés actuellement de 3.500 personnes dans le monde, les laboratoires de France Télécom Recherche et Développement (FT R&D) vont sensiblement s'étoffer ces prochaines années, car l'opérateur historique ne pouvait ignorer plus longtemps la Chine populaire.

17.6.04

Si nous figurons par une grande année la durée dont je viens de parler, nos cultures,
nos langues et nos politiques se limitent à quelques fractions de sa dernière seconde. Si vous
me demandez mon âge enfin, je peux vo us avouer celui de mon état civil, mais je dois aussi
dater celui des différentes couches de neurones qui constituent mon cerveau, dont certains
apparurent avec les singes dits supérieurs, mais dont d’autres viennent des reptiles d’ères
antérieures ; de même, brassé dans sa composition à partir de ceux de mes parents, mon ADN
remonte à quatre milliards d’années dans sa structure ; quant aux atomes qui le composent,
leur formation accompagne celle du monde, voilà dix à quinze milliards d’années. Ainsi
compté, mon âge me rapproche de tous les vivants : le temps ne me distingue pas d’eux.
Qu’est-ce que l’humain ? Une espérance de vie individuelle qui,
récemment et en des lieux rares, atteignit soixante-dix à quatre-vingts ans, plongée dans des
cultures collectives qui, au mieux, durèrent quelques millénaires, elles-mêmes plongées dans
l’évolution d’une espèce, homo sapiens, qui date de quelques millions d’années, elle-même
plongée dans une durée vivante de quatre milliards, elle-même composée enfin, d’éléments
forgés depuis quinze environ, autour de la naissance même de l’univers ; en somme, l’humain
associe de petits éclats imperceptibles à une énorme coulée de durée. Mais, à l’exception de
son début, cette définition peut aussi se dire des espèces et de leurs individus.

16.6.04

Un autre point, évoqué dès ce matin, est que lorsqu’on parle d’une démarche de modification de l’homme de demain, on pense surtout à l’homme riche d’un certain nombre de pays occidentaux. Dans un grand nombre de pays du monde, les problèmes de l’homme aujourd’hui, c’est encore de mourir de maladies curables dont les traitements sont trop chers, de ne pas avoir à manger, etc.
Science-societe.org: Dans les deux derniers siècles, l’homme a compris qu’il est le produit d’une évolution. Il peut maintenant délibérément agir sur elle.
Ainsi demain n’est pas dans nos gènes, n'est pas entre les mains de nos gènes ; il est entre les mains de notre intelligence. Depuis 4 milliards d’années, l’évolution est myope : elle ne joue que sur la génération suivante. L’évolution, c’est le « ici et maintenant », et jamais « demain » : or aujourd’hui nous parlons de demain. Ainsi demain n’est pas dans nos gènes, n'est pas entre les mains de nos gènes ; il est entre les mains de notre intelligence.
la coévolution génome-culture Une science est en train de se développer aujourd’hui qu’on appelle la coévolution génome-culture, qui s’interroge sur la manière dont les deux grands types d’informations, l’information génétique d’un côté et l’information culturelle de l’autre, interfèrent.
Deux informations Chacun de nous est issu d’une information génétique et puis d’une information culturelle qui est quelque chose de nouveau.
Nous savons très bien que Lamarck se trompait quand il croyait que si l’on développait ses muscles, par exemple, on aurait des enfants plus musclés ; évidemment, ça ne se passe pas ainsi puisque les seules informations qui peuvent être transmises sont les informations des cellules germinales.
Seulement voilà, la conscience s’est doublée d’une autre adaptation : le langage. Et le langage plus la conscience ont donné ce qu’on appelle « la culture ». Il faut bien se rendre compte que la culture est un nouveau type d’information. Pendant 4 milliards d’années, il n’y a eu que de l’information génétique, qui ne se transmet que verticalement, c’est-à-dire qui se transmet de parent à enfant, avec les petites modifications, les mutations, que j’appelais tout à l’heure les erreurs de réplication de l’ADN. Et tout d’un coup arrive une capacité de transmission de l’information totalement différente grâce au langage. On peut alors transmettre de l’information très vite et on peut la transmettre à des quantités de personnes, et avec l’Internet il suffit aujourd’hui d’ouvrir son ordinateur pour être submergé d’informations — bonnes ou pas, ce n’est pas la question.
Outre la photosynthèse, puis la prédation, le troisième grand événement a été la « pluricellularité », c’est-à-dire que des organismes se sont constitués, non pas à partir d’une cellule qui est l’organisme, le module de base de la vie ; mais des cellules sont restées agrégées, pour former ces organismes multicellulaires. Chacun de nous a son origine dans un oeuf, c’est-à-dire une cellule unique, mais grâce aux divisions qui se sont produites en 9 mois de grossesse dans le ventre de nos mères, nous sommes formés par peut-être cent mille milliards de cellules. Cette pluricellularité a eu un avenir fantastique, parce qu’elle a été suivie d’une division du travail entre les cellules.
Organismes d’aller se nourrir du soleil Tout à l’heure Jean-Claude Ameisen a attiré notre attention sur un des premiers grands événements de l’évolution, celui qui a généré la capacité pour certains organismes d’aller se nourrir du soleil, ce qu’on appelle la « photosynthèse » ; en prenant l’énergie au soleil, ces organismes ont réussi à construire les molécules de la vie. Le deuxième grand événement, très important, se rattache à la « méchanceté » dont je parlais : c’est la « prédation » ; un certain nombre d’organismes, un certain nombre de cellules ne se sont pas nourries du soleil, mais se sont nourries de celles qui se nourrissaient du soleil, donc elles les ont « mangées » ; ces organismes n’ont pas pris la peine d’avoir des molécules leur permettant de capter l’énergie solaire, mais ont capté l’énergie déjà captée par les autres ; certains organismes ne font pas de photosynthèse.
ce sont toujours les hommes et les organisations qui font la différenceAprès plus dʹun quart de siècle de réflexions et dʹétudes prospectives sur les territoires, les entreprises et les grands enjeux des sociétés modernes, nous sommes arrivés à un constat bien connu et pourtant généralement ignoré : ce sont toujours les hommes et les organisations qui font la différence. Ainsi, lorsquʹune entreprise est en difficulté, il ne sert à rien de chercher un bouc émissaire dans la technologie, la concurrence, venue dʹailleurs, forcément déloyale, et de la subventionner. Tout sʹexplique le plus souvent par un défaut de qualité du management incapable dʹanticiper, dʹinnover et de motiver les hommes.
L’élaboration et l’évaluation des choix stratégiques L’élaboration et l’évaluation des choix stratégiques possibles pour se préparer aux changements attendus (préactivité) et provoquer les changements souhaitables (proactivité).
Robert Axelrod :
les conseils de base sont applicables:
Ne pas être envieux (on a intérêt à chercher à gagner plus, plutôt qu'à battre l'autre).
Etre bienveillant (commencer par coopérer).
Etre susceptible (pas forcément dès la première défection, mais dès qu'on le juge utile).
"Ne pas être trop malin" ou autrement dit avoir un comportement clairement identifiable, pour que les autres sachent à quoi s'en tenir.
Robert Axelrod: "Tout phénomène social peut être analysé comme le produit des comportements d’un ensemble d’acteurs qui sont liés entre eux par de l’interdépendance stratégique et dont les interactions, renvoyant les unes aux autres, forment un "système" et obéissent à un ordre local"
Robert Axelrod: ". . Il pense qu'il y a trois façons de résoudre des conflits, toutes trois indépendantes les unes des autres: la première est d'anticiper le conflit: aborder les points de discussion avant le conflit et de les gérer. Cela suppose de connaître les méthodes de résolution de problèmes, et de savoir satisfaire les besoins de ses partenaires.
La deuxième consiste résoudre le conflit par la négociation: aller au conflit et de négocier, alors que les intérêts divergent. "Donnant Donnant" se situe à ce niveau, puisqu'il inclue la possibilité de gagner plus à court terme en faisant cavalier seul.
La troisième façon est de sortir du conflit par la force: à laisser éclater le conflit, et imposer son point de vue.
Robert Axelrod: ". . Il pense qu'il y a trois façons de résoudre des conflits, toutes trois indépendantes les unes des autres: la première est d'anticiper le conflit: aborder les points de discussion avant le conflit et de les gérer. Cela suppose de connaître les méthodes de résolution de problèmes, et de savoir satisfaire les besoins de ses partenaires.
La deuxième consiste résoudre le conflit par la négociation: aller au conflit et de négocier, alors que les intérêts divergent. "Donnant Donnant" se situe à ce niveau, puisqu'il inclue la possibilité de gagner plus à court terme en faisant cavalier seul.
La troisième façon est de sortir du conflit par la force: à laisser éclater le conflit, et imposer son point de vue.
Robert Axelrod : "Comment r?ussir dans un monde d'?go?stes": Ce livre est plein d'espoir car il analyse la coopération dans l'environnement qui lui est le plus défavorable: il suppose qu'on agit par pur intérêt personnel, que le gain immédiat à être égoïste est plus élevé que le gain à coopérer, et que personne ne nous force à coopérer. Malgré toutes ces difficultés, la coopération peut émerger, se développer et subsister. Il est clair que dans un environnement moins défavorable, la coopération se développera encore mieux. De plus Axelrod nous donne des suggestions pour modifier cet environnement.


Robert Axelrod : La théorie de l'évolution biologique se fonde sur la lutte et la survie des plus aptes. Toutefois on observe de nombreux cas de coopération entre mêmes espèces, et entre espèces différentes. Ces coopérations sont de nature adaptative (pour faire face à la sélection, des groupes coopèrent entre eux), mais aussi de nature "altruiste" dans le sens où une espèce "fait attention" à une autre (Axelrod cite des cas d'entraides mutuelles entre espèces). Il est prouvé dans ce chapitre que la coopération fondée sur la réciprocité peut évoluer dans des systèmes biologiques, sans que ces systèmes soient dotés de prévoyance.
Robert Axelrod On peut classer les stratégies en deux groupes. Les stratégies "bienveillantes" commencent par coopérer, et les stratégies "malveillantes" commencent par faire cavalier seul. Les stratégies bienveillantes sont généralement gagnantes: au classement, les huit premiers programmes étaient bienveillants et ils se détachèrent très sensiblement des programmes malveillants. Une des raisons observée est que les stratégies bienveillantes marquent beaucoup de points à chaque fois qu'elle rencontrent une autre stratégie bienveillante.

Robert Axelrod:
éviter les conflits inutiles en coopérant aussi longtemps que l'autre coopère
Se montrer susceptible si l'autre fait cavalier seul de manière injustifiée
Faire preuve d'indulgence après avoir riposté à une provocation
Avoir un comportement transparent pour que l'autre joueur puisse s'adapter à votre mode d'action
Robert Axelrod : : le jeu doit être à somme non nulle. A la différence d'une partie d'échecs, ou d'un match de football, il n'y a pas un gagnant au détriment d'un perdant. Tous les joueurs peuvent gagner plus ou moins fortement. Cela ressemble beaucoup plus à la vie réelle. Par exemple, il vaut mieux gagner 500F, même si l'autre joueur gagne 1000F, que de gagner plus que l'autre joueur, en n'empochant que 100F.
Les conséquences de la façon d'agir doivent influer sur l'avenir. L'exemple de la guerre des tranchées illustre ce concept: si je tire sur mon ennemi, j'obtiens un avantage à court terme, mais je risque par la suite des représailles, où est mon intérêt? Ce point sera revu en détail.
Robert Axelrod : Axelrod a observé (en 1984, date de la parution du livre) plusieurs cas de coopération sans intervention de pouvoir central. Par exemple:
Entre pays par exemple, pour réduire la course aux armements.
C'est aussi le cas du cadre qui rend un service pour obtenir un retour d'ascenseur, ou d'une entreprise qui fixe un prix élevé, en espérant que le marché le suivra.
Les sénateurs américains sont en concurrence entre eux pour gagner des voix: ils peuvent donc entrer en conflit entre eux. Cependant, dans certains cas ils se sont mis à coopérer entre eux en respectant une règle de réciprocité, car ils se sont aperçus que leurs intérêts n'étaient pas toujours opposés.
Enfin, l'exemple le plus frappant a eu lieu pendant la guerre des tranchées: on a observé des cas de coopérations réciproques entre ennemis. Un chapitre entier du livre y est consacré.
Robert Axelrod : "Comment r?ussir dans un monde d'?go?stes": L'homme a tendance à être égoïste, et pourtant la coopération existe. Comment peut-elle se développer? Thomas Hobbes (1651) pensait que ce n'était possible que par la présence d'un gouvernement central fort afin de contrôler des comportements égoïstes résultant d'une compétition impitoyable.

Les Echos - L'art de la strategie: Une bonne stratégie doit être courtoise : confrontée à un joueur coopératif, il est nécessaire de répliquer. Elle doit aussi pouvoir répondre aux provocations : face à une action hostile non sollicitée, il faut réagir. Elle doit être indulgente : après avoir ainsi réagi, il faut revenir à la coopération. Enfin, elle doit être facilement compréhensible : les autres joueurs doivent pouvoir anticiper les conséquences de leurs actions.
Les Echos - L'art de la strategie: ". . Dans son ouvrage devenu un classique « L'Evolution de la Coopération », Robert Axelrod, professeur de sciences politiques à l'Université du Michigan, étudie de manière empirique et expérimentale les stratégies qui conduisent les joueurs engagés dans une situation du type « dilemme du prisonnier » à coopérer.

15.6.04

Mondialisation Beaucoup de gens font l’erreur de confondre la « mondialisation » avec l’économie libérale. Il est vrai que lespolitiques désignées comme « néolibérales » de privatisation, de libéralisation et de dérégulation offrent une seule et unique approche de l’économie mondiale. Mais la mondialisation et le néolibéralisme ne sont pas la même chose. La première est un processus, le second est une façon – en aucun cas la seule – de piloter ce processus. Il est vrai que le néolibéralisme est la doctrine politique dominante, en matière de mondialisation, dans l’histoire contemporaine. Toutefois, les différents gouvernements appliquent les prescriptions néolibérales à des degrés divers – et dans certains cas tout à fait limités. De plus, bien des gens (y compris de multiples groupes de la société civile) militent pour des approches alternatives, non néolibérales, de pilotage de la mondialisation.
TendanceQuelques statistiques illustrent l’importance de la tendance ($=US dollars) :
• Le commerce international est passé de 629 milliards de $ en 1960 à 7 430 milliards
en 2001
• Il y avait 7 000 entreprises multinationales à la fin des années 1960, 65 000 en 2001
• Le stock des investissements directs à l’étranger est passé de 1 700 milliards de $ en
1990 à 6 600 milliards en 2001
• Le commerce international représentait 15 milliards de $ par jour en 1973, 1 490
milliards en 1998
• Les prêts bancaires transfrontaliers sont passés de 9 milliards de $ en 1972 à 1 465
milliards en 2000
• Il y avait 150 millions de lignes téléphoniques en 1965, plus de 1,5 milliards (fixes et
mobiles) en 2000
• Il y a 606 millions d’internautes en 2002. Il n’y en avait aucun en 1985
• Les passagers des vols internationaux étaient 25 millions en 1950, 400 millions en
1996
• En 1999 670 millions de touristes ont voyagé à l’étranger.
Une politique de stabilisation Une politique de stabilisation et de redressement de l’Afrique est inconcevable sans la France (et les USA).
Nations unies En réalité, l’acte de décès des Nations unies n’est pas prêt d’être signé, car cette organisation est un forum indispensable, dans l’intérêt bien compris de ses 191 membres, pour négocier ou donner un habillage juridique à d’innombrables actes de la vie internationale. Ses organisations spécialisées souffrent des défauts de toutes les bureaucraties, mais elles rendent des services reconnus. Je ne m’attacherai pas ici sur les aspects positifs de l’ONU : ils sont tels que, si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer.
Reste la France Il est intéressant de voir comment Henry Kissinger, observateur et acteur exceptionnellement avisé, et fin connaisseur de l’Europe, dont il est originaire, se représente nos aspirations. « La propension de la France à s’associer avec les pays prêts à accepter son hégémonie a été une constante de sa politique étrangère depuis la guerre de Crimée. Incapable d’occuper une position dominante dans une éventuelle alliance avec la Grande- Bretagne, l’Allemagne, la Russie ou les États- Unis, et considérant une position secondaire comme inacceptable avec son idée de la grandeur nationale et avec son rôle messianique dans le monde, la France a recherché le leadership dans des ententes avec des puissances de moindre rang – avec la Sardaigne, la Roumanie et les États allemands intermédiaires du XIXe siècle, avec la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie et la Roumanie pendant l’entre-deux-guerres. On peut noter que la politique étrangère de la France après de Gaulle n’a pas été menée différemment. Un siècle après la guerre franco-allemande de 1870, le problème d’une Allemagne plus puissante continuait d’obséder la France. Elle fit le choix courageux de rechercher l’amitié de ce voisin redouté et admiré. Or la logique géopolitique aurait dû l’inciter à créer des liens étroits avec les États-Unis, ne fûtce que pour accroître sa liberté de manœuvre. Mais la fierté de la France empêcha ces liens de se tisser et la conduisit à vouloir, parfois de manière irréaliste, un regroupement quel qu’il soit – à la limite n’importe quel regroupement européen – pour contrebalancer l’influence des États-Unis, au risque de voir l’Allemagne occuper une position dominante sur le continent. À cet égard, la France a agi à l’occasion comme une sorte d’opposition parlementaire au leadership américain, s’efforçant de construire une Communauté européenne susceptible d’offrir une solution de rechange à ce leadership et cultivant des liens avec des pays qu’elle pourrait (ou pensait pouvoir) dominer7. »
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Churchill a inventé le concept de special partnership. Désormais, le Royaume-Uni devait se tenir soudé aux États-Unis quoi qu’il arrive, bornant ses ambitions à tenter d’influencer le grand frère de l’intérieur. .. Un Français peut se demander ce que le Royaume-Uni a véritablement gagné à un alignement systématique sur la superpuissance depuis maintenant près de 60 ans....
Place des Nations unies Plus le poids d’un État est actuellement ou potentiellement faible, plus cet État tend à considérer l’ONU comme la clef de voûte de l’ordre mondial. Ainsi, pour la France, les références à l’ONU se sont-elles multipliées à mesure que sa puissance relative diminuait. En tant qu’unique superpuissance – et de loin –, l’idéologie néo-conservatrice aidant, l’Amérique d’aujourd’hui ne reconnaît aucun rôle central à l’Organisation. Elle refuse purement et simplement le postulat – non conforme à la réalité historique de l’après-Seconde Guerre mondiale – d’après lequel la légalité d’une intervention extérieure dépendrait d’un vote au Conseil de sécurité.