22.1.05

Futuribles: Comment expliquer cela sinon en soulignant, une fois de plus, que les performances des nations, des territoires, des organisations, dépendent avant tout de leur capacité à résister aux chocs extérieurs et, plus encore, de leur capacité à mobiliser leurs énergies autour d’un projet partagé. Non à surfer en permanence sur la vague de la conjoncture et des modes éphémères.
Douze enjeux majeurs
1. La planète, compte tenu de la multiplication et de la diversification des risques,
deviendra-t-elle de plus en plus une immense poudrière ou sera-t-elle à même de se
doter d’institutions et de procédures propres à une pacification des relations
internationales ?
2. Quels sont les risques environnementaux majeurs, notamment en lien avec le
changement climatique, les turbulences qu’il peut entraîner, y compris à moyen et à
long terme mais, plus généralement aussi, certains problèmes majeurs, celui par
exemple de l’approvisionnement en eau, source potentielle de nouveaux conflits ?
3. Ira-t-on vers de nouveaux chocs énergétiques du fait de la raréfaction des réserves
d’hydrocarbures, particulièrement en raison de leurs limites physiques et de la
croissance très forte de la demande des pays en développement rapide (Chine,
Inde…) ? Du fait aussi de tensions sur les prix ?
4. Quelles sont les perspectives mondiales à moyen et à long terme de l’économie et
du commerce, compte tenu des forces et des faiblesses des principales zones, de leurs
évolutions respectives, de la concurrence exacerbée qui règne entre les vieux pays
industrialisés et ceux en développement rapide ? Où sont les pôles de développement
majeurs ? Que penser des « BRICs » (Brésil, Russie, Inde, Chine) ?...
6. Quelles sont les grandes tendances d’évolution des sciences et des techniques,
particulièrement des technologies de l’information et de la communication, des
biotechnologies, des nanotechnologies, des sciences cognitives et les développements
prévisibles dus à « la convergence des technologies », leurs applications actuelles et
potentielles, leur acceptabilité sociale et leurs impacts possibles par secteur.
7 . Les économies modernes, au-delà de leurs performances mesurées à l’aune des
indicateurs économiques classiques, connaissent une mutation structurelle
fondamentale du fait de leur tertiarisation (« l’économie de la connaissance ») qui
modifie en profondeur leur mode de fonctionnement. Quid de l’économie de la
connaissance ? De la déconnexion entre la croissance économique et la consommation
de matières premières ? De la déconnexion de la sphère réelle (la production de biens
et de services) de la sphère financière ? De l’inéluctable mondialisation de l’économie
et de ses corollaires, la concurrence et les délocalisations ?...
8. La « responsabilité sociétale des entreprises » (RSE) et le développement durable
ne sont-ils que des phénomènes de mode, voire des arguments marketing pour séduire
des consommateurs de plus en plus épris d’éthique ? Sont-ils, au contraire, les signes
avant-coureurs d’un capitalisme nouveau ?
9. Confrontés au même environnement extérieur, les différents pays (ou bassins d’emploi)
ont des performances en termes d’emploi qui varient considérablement. Pourquoi le
niveau d’emploi est-il si différent même entre les pays européens ? Ira-t-on, du fait de
la croissance économique et du vieillissement de la population, vers une pénurie
générale de main-d’oeuvre ? Et/ou vers la persistance de difficultés de recrutement
sectorielles ?
10. Tous les pays industrialisés vont être confrontés à un vieillissement démographique
très rapide et de grande ampleur. Quels en seront l’intensité et le calendrier ? Et
surtout, les impacts économiques, sociaux et politiques ? Comment évolueront le
marché des seniors, les relations intergénérationnelles, les « systèmes » européens de
protection sociale ?
11. La tendance évidente à l’individualisation des valeurs et des modes de vie, y compris
avec la diversification et la précarisation des structures familiales, des formes d’emploi,
des pratiques en termes de logement, de mobilité, se poursuivra-t-elle ? Entraînant
quels effets du point de vue de la vie dans la cité, de la citoyenneté, de l’effort de
solidarité, des attitudes vis-à-vis du travail ?
12. Les institutions et les politiques publiques sont à la fois
omniprésentes et peu efficaces. .. Qu’en sera-t-il du processus simultané de
décentralisation et de déconcentration, de l’hypothétique avènement d’un État
stratège, de ses finalités, de son mode d’organisation, de son efficacité ?
Sur chacune de ces questions clefs ont été mises en évidence :
• des tendances lourdes
• des incertitudes majeures
• et ont été élaborés des scénarios contrastés qui, ensuite, ont été combinés pour élaborer
des scénarios globaux.
Vigie à l’aide de la vigie (ce que l’on dénomme aujourd’hui les dispositifs de veille ou « d’intelligence stratégique »), voire de scénarios exploratoires, s’efforcer d’anticiper quelles sont les évolutions possibles de leur environnement stratégique ; à l’aide du gouvernail, compte tenu de leurs propres marges de manoeuvre, et du projet à long terme qu’ils s’assignent comme souhaitable, mettre en oeuvre une stratégie....l’évolution générale du contexte extérieur géostratégique et géopolitique mondial, du changement climatique et des approvisionnements énergétiques, de l’évolution des sciences et des techniques, des perspectives de l’économie mondiale et du commerce, de l’évolution des valeurs et des modes de vie… Ceci représente un travail considérable qui, honnêtement, dépasse leurs possibilités et les amène, trop souvent, à essayer de faire, chacun pour leur propre compte, un travail d’analyse qui devrait pouvoir être mutualisé ;
l’évolution de leur propre secteur d’activité, leurs forces et faiblesses respectives, leurs jeux d’alliances et de conflits, travail qui, inéluctablement, et en raison cette fois de son caractère réellement stratégique, doit être réalisé en interne chacun pour son propre compte.

21.1.05

Lettre 320 du 21 au 27 janvier 2005 Depuis l’extraordinaire moisson scientifique récoltée tout au long de l’année 2004 sur Mars, par le robot américain Opportunity, et la sonde européenne Mars Express, nous savons déjà que de l’eau en grande quantité a un jour coulé sur la planète Mars et que les conditions de la vie ont pu y exister. Mais avec cette fantastique exploration de Titan qui commence, la rencontre prochaine de la sonde « Deep Impact » avec la comète Tempel et, d’ici 10 ans, le déroulement successif des projets Corot, Kepler, Rosetta, TPF et Darwin, l’humanité va accomplir de véritables pas de géants, dans la connaissance et la compréhension de notre système solaire, de sa naissance, de son évolution et de la façon dont le miracle de la vie a pu naître sur notre Terre mais aussi, probablement ailleurs dans l’Univers.
Lettre 320 du 21 au 27 janvier 2005 Enfin, en ce début d’année, décidemment particulièrement faste pour l’exploration spatiale et la cosmologie, la découverte d’une planète soeur de la Terre dans un autre système solaire de notre galaxie où la vie serait possible mobilise l’énergie de la communauté astronomique où l’on juge cette possibilité probable à un horizon pas si lointain. "Les ingrédients de la vie sont abondants dans l’univers et dans les vingt prochaines années nous serons peut-être en mesure de savoir s’il y a des organismes microbiens, des animaux, voire des créatures intelligentes sur d’autres planètes", a expliqué Geoffrey Marcy, un astrophysicien de l’université de Californie lors de la convention de la société américaine d’astronomie réunie la semaine dernière à San Diego. Il avait annoncé en septembre, avec une équipe d’astronomes américains, la découverte de deux planètes se rapprochant de la Terre en taille et tournant autour d’étoiles situées respectivement à 33 et 41 années lumière dans les constellations du Zodiaque et du Cancer.

20.1.05

Lettre 319 du 14 au 20 janvier 2005: Daniel Eisenstein de l’Université d’Arizona (sud ouest), un des scientifiques de l’une des deux équipes internationales ayant conduit ce projet, a indiqué que ces observations tendent à confirmer que le cosmos est plat, en expansion et parcouru d’ondulations provoquées par les ondes de choc du "Big Bang". Cette gigantesque explosion a donné naissance à l’univers il y a près de 14 milliards d’années, selon les modèles cosmologiques les plus communément acceptés. La manière dont les galaxies sont aujourd’hui éparpillées à travers le cosmos correspond à ces ondes du tout début.
Lettre 319 du 14 au 20 janvier 2005: Pourtant, de la même manière que la relativité a dépassé la physique de Newton, cette théorie sera sans doute un jour intégrée dans un nouveau cadre conceptuel encore plus vaste et complexe, visant à une meilleure unification de l’infiniment petit et de l’infiniment grand. Mais qui mieux qu’Albert Einstein a donné raison à Teilhard de Chardin lorsqu’il écrivait, « en science, seul le fantastique a des chances d’être vrai ».
Lettre 319 du 14 au 20 janvier 2005 Il y a cent ans, en 1905, un obscur employé au Bureau des brevets de Berne, Albert Einstein, publiait coup sur coup trois articles scientifiques qui allaient révolutionner toute la physique et, au-delà, bouleverser notre conception du monde, de l’infiniment petit à l’infiniment grand. Au cours de cette miraculeuse année 1905, en effet, Einstein va d’abord confirmer l’existence - jusque-là hypothétique - des atomes en se basant sur l’étude des mouvements browniens. Autrement dit l’agitation des particules en suspension dans un liquide sous l’effet de la chaleur, comme chacun peut l’observer en faisant bouillir une casserole d’eau.