1.3.13

http://www.rtflash.fr/newsletter/691

On voit bien, à la lumière de ce rapide panorama des recherches et avancées scientifiques sur la structure et le fonctionnement humain que nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère :  d’ici moins d’une décennie, nous ne verrons pas simplement se développer de puissants outils de médecine régénérative et de thérapies cellulaires pouvant traiter très efficacement la plupart des pathologies graves qui peuvent toucher le cerveau – Alzheimer, Parkinson, épilepsie, dépression, tumeurs – mais nous commencerons également à pouvoir améliorer certaines fonctions cérébrales et cognitives –mémoire, concentration, association- et peut-être même, comme le laisse entrevoir les avancées les plus récentes, à pouvoir créer de nouvelles fonctions et de nouvelles extensions sensorielles à peine imaginables aujourd’hui !

Or, c’est une chose de pouvoir réparer et soigner un cerveau affaibli ou lésé par l’âge et la maladie, c’en est une autre de vouloir améliorer les capacités mentales, cognitives et sensorielles naturelles de l’homme ou de vouloir lire directement dans ses pensées, comme l’ont partiellement réussi en janvier 2012 des chercheurs de l’Université de Californie à Berkeley, qui sont parvenus à identifier certains mots pensés par une personne en analysant les liens entre les sons qu’elle avait perçus et les modifications de son activité cérébrale (Voir UC Berkeley).

Si nous mettions sur le même plan éthique et philosophique ces deux finalités, nous risquerions en effet, quelle que soit par ailleurs la sincérité des motivations exprimées par les scientifiques, d’entrer en terre inconnue et de succomber malgré nous aux attraits irrésistibles de la tentation eugéniste qui, de Francis Galton, le cousin de Darwin, à Alexis Carrel, a toujours exercé une puissante fascination sur la communauté scientifique.

C’est pourquoi, face aux conséquences sociales, morales et humaines qu’ouvrent ces avancées vertigineuses dans la connaissance du cerveau, il me semble indispensable de définir sans tarder, comme je l’avais déjà proposé il y a une dizaine d’années, les bases d’un cadre « neuroéthique », susceptible de guider notre réflexion et de nous permettre d’utiliser ces nouveaux pouvoirs extraordinaires avec discernement, sagesse et prudence.

René TRÉGOUËT

25.2.13

La comparaison entre la chute de l’Empire romain et la disparition des cités-États mayas ouvre bien la voie à une réflexion générale sur les effondrements civilisationnels. La réflexion comparative sur ces sujets entraîne actuellement un vrai engouement, ambiance de fin du monde oblige, mais reste embryonnaire, rendue difficile faute de champ de recherche structuré dans le domaine : la question est donc laissée aux initiatives individuelles plus ou moins rigoureuses. Jared Diamond s’est taillé un beau succès en relisant l’histoire à partir d’une intuition unique, bien dans l’ère du temps : les sociétés meurent car elles surexploitent leurs ressources. Moins connue est l’entreprise de l’anthropologue Joseph A. Tainter, pour qui l’« effondrement des sociétés complexes » est un effet contradictoire de leur complexité croissante : pour résoudre leur problème de développement, elles ont tendance à se complexifier (croissance, différenciation, spécialisation, bureaucratisation, dépense croissante d’énergie et de biens, etc.). Parvenues à un certain stade, elles subissent une « baisse de rendement marginal » où les coûts d’organisation deviennent supérieurs à leurs capacités de production. Le système entre alors en crise (7).