17.2.13

Il est désormais possible, non seulement d'analyser les gènes (ADN) d'un nombre exponentiel d'espèces, allant du virus à l'humain, mais aussi de modifier ces gènes afin d'obtenir de nouveaux organismes. Ce processus est devenu courant dans les laboratoires spécialisés. Appliqué aux bactéries, il commence à produire des retombées intéressantes, en termes commerciaux mais aussi de santé publique. Des protéines susceptibles d'usages médicaux ou industriels peuvent être produites, à des échelles devenant suffisantes pour être exploitables.

Le professeur allemand Hans Schellnhuber, directeur du Postdam Institute for Climate Impact Research a consacré une étude sur l'ossification de la société résultant du refus de toute évolution qu'impose les intérêts industriels et financiers dominants (PNAS, DOI: 10.1073/pnas.1219791110)Il compare cette lock-in dominance à la sclérose qui affecte certains cerveaux vieillissants. Pour faire évoluer ces blocages catastrophiques, il propose que leurs conséquences en matière d'environnement soient imputées en totalité aux actionnaires des compagnies coupables. Il ne croit guère à l'intervention de politiques publiques plus générales. Mais qui décidera de poursuivre les actionnaires, sinon les parlements ou gouvernements capables d'émettre les lois nécessaires. On peut douter qu'ils le fassent jamais, car ils sont eux-mêmes tout à la fois artisans et objets du blocage. 

On considère généralement que les hominiens se sont différenciés des autres primates lorsqu'ils ont acquis, dans le cadre d'une "mutation" réussie, la capacité d'utiliser des outils. Avec l'utilisation des outils s'est mise en place une véritable révolution jamais vue auparavant dans l'histoire de la biologie. Des êtres nouveaux hybrides sont apparus, sous la forme de super-organismes associant en symbiose des composants biologiques et anthropologiques, d'une part, des composants technologiques, d'autre part. Dès leur apparition, ces systèmes anthropotechniques sont entrés en compétition darwinienne pour la conquête des ressources et du pouvoir, éliminant ce faisant une partie des autres systèmes vivants

Chacun croit savoir ce qu'est la science: on désigne généralement par ce terme le produit de l'activité des cerveaux humains en société qui permettent de s'accorder sur un certain nombre de représentations communes du monde, provenant de l'expérience des sens et des instruments d'observation qui les prolongent. L'ensemble de ces données et de leurs relations considérées d'un commun accord comme les plus conformes possibles à l'expérience constitue le savoir scientifique. Celui-ci est par définition susceptible de modifications à la suite de nouvelles expérimentations. Cependant, et du fait de cette évolutivité même, il est perçu comme l'outil le plus utile possible à l'humanité dans sa lutte pour s'adapter à l'évolution du monde.

La science se distingue donc des différents produits de l'imaginaire. Ceux-ci résultent également de l'activité des cerveaux humains, mais ils diffèrent des produits de la science par le fait, d'une part qu'ils ne recherchent pas systématiquement la vérification de l'expérience, et d'autre part qu'ils n'ont jamais réussi à susciter comme la science des consensus universels.