14.4.12

Par la mondialisation, l'internationale des riches s'est organisée pour qu'aucun gouvernement réformateur ne puisse remettre en cause ses privilèges. La circulation des personnes et des richesses rend les riches intouchables.

Les riches ont largué les amarres

Thierry Pech évoque d'abord les faits. Depuis une trentaine d'années, les revenus et les patrimoines d’une infime minorité, environ 6 000 personnes (soit 0,01% de la population française) n'ont cessé de s'accroître, alors que ceux du reste de la population stagnaient ou diminuaient. Une oligarchie, pour reprendre le mot, s'est imposée, composée de financiers, de patrons, de spéculateurs, auxquels on ajoutera des artistes et des sportifs. Ces gens sont, par leurs rémunérations hors normes, indique l'auteur, « devenus un problème » pour la justice sociale, l'efficacité économique et la démocratie.

"Les riches ont largué les amarres : ils ont fait sécession du reste de la société". Leurs gains sont désormais sans commune mesure avec ceux de leurs contemporains et ils échappent toujours davantage aux contraintes de la solidarité. En 2007, les ultra-riches gagnaient environ soixante fois le revenu moyen français… contre vingt fois en 1995.

La rationalisation

Lorsque l'intensification, la "rationalisation" sont apparues vers 1950-60, le rapport du paysan aux animaux a changé : ces derniers sont passés du statut de partenaire au statut de produit et le paysan est devenu exploitant agricole. Il n'a plus été question de vivre, de travailler avec eux, mais de leur attribuer une fonction strictement économique, et de leur appliquer les règles industrielles : monoproduction, simplification et mécanisation des tâches, externalisation de fonctions auparavant assurées par la ferme ou le village : insémination, fabrication d'aliments, contrôle de performance zootechnique, transformation du lait en produits laitiers, et enfin abattage. Les hommes et femmes en contact avec les animaux sont aujourd'hui en majorité des salariés peu décisionnaires, appelés "techniciens de production animale", très peu ou pas du tout formés à la relation avec l'animal.

Elevage

L'homme vit avec des animaux domestiques depuis le Néolithique(1). Ces animaux ont donc depuis huit ou dix mille ans été élevés pour leur travail (garde, chasse, traction), pour leurs productions ante mortem (lait, laine/poil/plumes) et enfin post mortem (viande et cuir). Ces dernières sont tout à fait particulières puisqu'elles impliquent la mise à mort des animaux. La mort fait partie de la vie des animaux, comme de la nôtre. La mort des animaux d'élevage a ceci de spécifique qu'elle est provoquée par leur éleveur ; même si la mise à mort n'a pas lieu à la ferme, il l'a au moins décidée, programmée, lorsqu'il vend son animal à un boucher. Enfin, la mort des animaux "de compagnie", qui ne sont pas élevés dans le but de nous nourrir, est souvent également décidée(2) .

Il faut insister sur cette question. Pourquoi les systèmes anthropotechniques associant depuis quelques millénaires des homo (ou pan) sapiens et des technologies de plus en plus pertinentes, y compris dans le domaine observationnel, se montrent-ils encore incapables de prévoir et surtout de prévenir les catastrophes menaçant l'avenir de la vie et de l'intelligence sur la Terre. En principe, ils devraient conjuguer les capacités cognitives et d'action rationnelle propres aux humains et aux technologies qui les composent. Or la pratique montre le contraire. Les potentiels les plus pointus en matière d'observation, de prédiction et d'action préventive dont disposent ces systèmes servent principalement à encourager des luttes et guerres pour le pouvoir, au mépris des conséquences létales pouvant en résulter pour l'avenir de nos civilisations terrestres?

Cela tient semble-t-il au fait que les ressorts anthropologiques les plus primitifs, de type épigénétique, visant à dominer, continuent à l'emporter sur les formes de coopération poussant à la prévision et à la prudence. Les sociétés humaines anthropotechniques ne sont à cet égard pas très différentes des sociétés animales. Celles-ci, dans l'ensemble, persistent à exploiter jusqu'à épuisement les ressources dont elles bénéficient. 

13.4.12

Complexe politico-militaro-industriel

Aux Etats-Unis, le phénomène a depuis longtemps été dénoncé sous le terme de complexe politico-militaro-industriel. Mais le terme plus récent de corporatocratie va plus loin, puisqu'il désigne les alliances antre le pouvoir économico-financier (corporate power) et le pouvoir politico-administratif. Ces alliances, dont l'essentiel demeure caché des citoyens, ont commencé à susciter des révoltes prenant la forme des mouvements dits "Occupy" (Occupons). Il s'agit de refuser le Système dans son ensemble, y compris les candidats politiques qui prétendraient le réformer mais qui se borneront à le pérenniser sous d'autres formes. Mais rien n'indique que ces mouvements puissent obtenir des changements en profondeur. 

La démocratie

La démocratie suppose la séparation des pouvoirs, principe inaliénable de toute démocratie correctement entendue, en trois instances distinctes et indépendantes. Comme l'affirma le grand Tocqueville dans "De la démocratie en Amérique" : il ne saurait y avoir de démocratie, à moins d’en donner une définition tronquée, là où il n’y a pas de séparation entre les pouvoirs législatif (le Parlement), exécutif (le Gouvernement) et judiciaire (la Justice).

Système du technologisme

Il y a un étrange chassé-croisé entre le sapiens béat devant ce qu’il croit être ses propres performances progressistes, et les productions du système du technologisme, le premier entraîné par le second en croyant le dominer. (Sapiens croit que le système du technologisme n’a pour but que de produire des technologies dont il serait lui-même, sapiens, l’'ordonnateur 

Pilotes” de drones

Un article de Paul Woodward sur l’état psychologique intensément dégradé des “pilotes” de drones, guidant leurs machines à partir de leurs consoles, à 300, à 1.000 ou à 10.000 kilomètres du lieu de l’action, – laquelle action est, souvent, l’assassinat pur et simple, déloyal, traître, froidement planifié et exécuté avec des moyens disproportionnés. (Le pourcentage de troupes retour du combat risquant de développer des situations psychologiques de pathologies sérieuses, – le fameux PTSD, ou Post-Traumatic Stres Disorder, – est dans l’immédiat de 12% à 17%, tandis que 36% des “pilotes” de drones seraient dans des situations psychologiques présentant ce risque.)

Les drones

Actuellement, l’USAF et la CIA principalement, sans mentionner d’autres services, disposent de plus de 7.000 drones. De très nombreux systèmes sont en conception et en production ; l’USAF recrute plus de “pilotes de drones”, – assis devant leur console, à l’abri de tous les effets habituels de la guerre, – que de pilotes d’avions pilotés de toutes les sortes. Il s’agit, depuis trois ans, depuis l’arrivée de l’administration démocrate d’Obama avec alors son secrétaire à la défense Gates hérité de l’administration précédente, d’un tournant massif vers cette sorte de système et la “philosophie” qui va avec. Il ne s'agit nullement d'une “percée” technologique. Les drones existent depuis les années 1960 en emploi opérationnel. Ils furent notamment très actifs au Vietnam, pour les reconnaissance sur le Nord-Vietnam. Il s’agissait alors, véritablement, dans la dimension conceptuelle et tactique, d’“avions sans pilote”, essentiellement produits par la firme Ryan. 

Cette arme est marquée aujourd'hui par une intense miniaturisation et les habituels changements (r)évolutionnaires des technologies du domaine de l’électronique. Mais le changement est aujourd'hui d’ordre culturel : l’emploi des drones, notamment pour des actions offensives, fut longtemps freiné par un état d’esprit propre à l’aviation. Celle-ci jugeait la présence d’un pilote dans un engin volant nécessaire non seulement pour des raisons d’efficacité (adaptation aux circonstances, détermination des objectifs), mais aussi, parfois, pour des raisons éthiques héritées des origines de l’aviation. Le risque de cet emploi devait être partagé par le pilote, mettant sa vie en danger.

C’est justement ce dernier point, complètement inversé (réaction type “inversionniste”), qui détermine l’accélération de la “guerre des drones” : éviter le risque de perte humaine dans une action offensive extérieure. Ceci d'autant plus, selon les us et coutumes de l’époque, que cette action est aujourd’hui souvent illégale, déloyale, arbitraire et aventureuse quant à sa justification militaire (erreurs sur les personnes visées, civils innocents “accidentellement” tués, etc.). 

Il paraît indiscutable que les sociétés technologies actuelles (les nôtres) disposent d'un grand nombre d'outils leur permettant d'observer leurs comportements et d'en tirer des modèles prédictifs. Certes, ces observations sont partielles, incertaines et souvent faussées par des acteurs détournant volontairement les faits pour préserver leurs intérêts. Il en est de même des modèles prédictifs. Ceux-ci n'explorent qu'un nombre nécessairement limité de perspectives et de solutions possibles, auxquelles on peut toujours reprocher un manque d'objectivité. Mais cette situation est le propre de tout travail scientifique....

N'est-il pas illusoire de penser que ces civilisations, même aujourd'hui où la culture scientifique se répand, puissent se comporter avec une intelligence suffisante pour éviter les comportements menaçant leur propre survie ? Ne feront-elles pas comme toutes les autres populations biologiques (sauf exceptions encore mal démontrées) : se développer jusqu'à épuiser les ressources de leur milieu et finalement disparaître ?

Existence dans l'univers de formes de vie intelligentes

Il ne serait pas scientifique d'exclure a priori l'existence dans l'univers de formes de vie intelligentes, éventuellement très différentes de nous. C'est toute la question qu'exploite avec ferveur la science fiction. Mais encore une fois, tant que de telles formes n'ont pas été observées sur Terre et ailleurs dans l'univers, il n'est pas possible d'en faire des objets d'étude autres que relevant de la conjecture.

Big Science

Le terme de Big Science désigne généralement celle qui fait appel à des équipements lourds, coûtant des milliards de dollars ou euros et demandant des années de mise en place. Ce sont ces équipements qui depuis un siècle, et plus particulièrement depuis les dernières décennies, ont permis de transformer radicalement le regard porté par l'homme sur ce qu'il perçoit de l'univers. On pense le plus souvent aux programmes spatiaux ou aux accélérateurs de particules. Mais il faut y ajouter les observatoires terrestres de nouvelle génération, sans doute aussi les matériels qui se consacreront à domestiquer la fusion nucléaire.