27.2.09

[@RT Flash] Lettre 506 du 27 f�vrier au 5 mars 2009 - @ Tregouet

Le Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE) propose des solutions innovantes pour mettre en place une "économie verte", dans son rapport annuel présenté à Nairobi lors de la réunion de son conseil d’administration. Dans le bâtiment, le PNUE appelle à s’inspirer du "bio-mimétisme", qui consiste à copier la nature. Le rapport cite l’exemple du système de climatisation naturelle du centre commercial Eastgate de Harare au Zimbabwe conçu sur le modèle d’une termitière. Le bâtiment consomme environ 90 % moins d’énergie qu’une structure comparable, souligne le PNUE.

Le rapport pointe les progrès accomplis sur les "matériaux de substitution" qui permettraient de produire du ciment à des températures inférieures au niveau actuellement requis de 1.000 degrés. Il plaide également en faveur de la "dématérialisation" des services, qui consiste à réduire la paperasserie grâce à l’électronique, et "l’économie circulaire" pour mettre à profit des synergies entre différents centres de production industriels et faire en sorte que les déchets des uns servent de matériaux de base aux autres. Plus de 2 milliards de tonnes de déchets sont produits dans le monde et, au rythme actuel, la Chine à elle seule en produira 500 millions de tonnes d’ici 2030, et l’Inde 250 millions, souligne le document.

Autre sujet de préoccupation, l’eau : d’ici 2030, près de 4 milliards de personnes pourraient vivre dans des zones affectées par de graves pénuries d’eau, principalement en Asie du sud-est et en Chine, assure le rapport, insistant sur la nécessité de préserver cette ressource. Il cite à cet égard l’exemple d’une industrie papetière finlandaise qui a réussi à faire 90 % d’économie sur sa consommation d’eau en installant un système de recyclage et de traitement biologique des eaux usées. Le rapport annuel relaye également les préoccupations des scientifiques concernant les grandes quantités de gaz à effet de serre, comme le méthane, que la fonte accélérée des glaces de l’Arctique et du permafrost va relâcher dans l’atmosphère, accentuant le réchauffement climatique.

L’ONU rappelle que ce sont les populations pauvres dans les zones rurales qui dépendent le plus du bon état des écosystèmes : 90 % d’entre elles tirent une partie de leurs moyens de subsistance des forêts. D’ici 2050, avec 9 milliards d’habitants prévus sur la planète, la disponibilité des terres cultivables sera de 0,1 hectare par personne, ce qui nécessitera pour nourrir la population mondiale une augmentation de la productivité agricole "impossible à atteindre avec des moyens conventionnels", prévient par ailleurs le PNUE, sans avancer de solutions.

22.2.09

La tyrannie de l’horloge

Au début, ce nouveau rapport au temps, cette nouvelle régularité de la vie fut imposée aux pauvres récalcitrants par les maitres possesseurs d’horloges. L’esclave de l’usine réagissait en vivant son temps libre (disponible) avec une irrégularité chaotique qui caractérisait les taudis abrutis d’alcool de l’industrialisme du début du 19e siècle. Les hommes fuyaient vers le monde sans temps de la boisson ou de l’inspiration méthodiste. Mais, peu à peu, l’idée de régularité se diffusa de haut en bas jusqu’aux ouvriers. La religion et la moralité du 19e siècle jouèrent leur rôle en proclamant qu’il était péché de "perdre son temps". L’introduction de montres et horloges produites en masse dans les années 1850 permit la diffusion d’une conscience du temps jusqu’à ceux qui jusque la réagissaient surtout aux stimuli du "knocker-up"(réveilleur) ou du coup de sifflet de l’usine. A l’église comme à l’école, dans les bureaux et les ateliers, la ponctualité fut érigée en la plus grande des vertus.

La tyrannie de l’horloge

Comme le remarque Lewis Mumford [1], l’horloge est la machine clé de l’âge de la machine tout autant pour son influence sur la technologie que sur les habitudes humaines. Techniquement, l’horloge a été la première machine réellement automatique qui ait pris une quelconque importance dans la vie des humains. Avant son invention, les machines usuelles étaient de telle nature que leur fonctionnement dépendait d’une force extérieur et peu fiable : les muscles humains ou animaux, l’eau ou le vent. Il est vrai que les grecs avaient inventé un certain nombre de machines automatiques primitives, mais elles étaient utilisées, comme la machine à vapeur de Héron, pour obtenir des effets "surnaturels" dans les temples ou pour amuser les tyrans des cités du levant. mais l’horloge fut la première machine automatique à atteindre une importance publique et une fonction sociale. La fabrication des horloges devint l’industrie à partir de laquelle les hommes apprirent les éléments de la fabrication des machines et acquirent les compétences techniques qui devaient produire la machinerie complexe de la révolution industrielle.

La tyrannie de l’horloge

Ces premières horloges, actionnées par des poids, n’étaient pas particulièrement précises, et ce n’est pas avant le 16e siècle qu’une grande fiabilité fut obtenue. En Angleterre par exemple, on dit que l’horloge de Hampton court, fabriquée en 1540, était la première horloge de précision dans le pays. Et la précision même des horloges du 16e siècle est elle relative, puisqu’elles ne donnaient que les heures. L’idée de mesurer le temps en minutes et secondes avait été émise par les mathématiciens du 14e siècle, mais cela n’exista pas jusqu’à l’invention du pendule en 1657 dont la précision était suffisante pour permettre d’ajouter l’aiguille des minutes. Et la trotteuse ne vit pas le jour avant le 18e siècle.
Il y a une tradition selon laquelle l’horloge serait apparue au 11e siècle comme mécanisme pour faire sonner les cloches à intervalles réguliers dans les monastères qui, avec la vie réglée qu’ils imposaient à leurs occupants, étaient l’approximation sociale du moyen âge la plus proche des usines d’aujourd’hui. Toutefois, la première horloge authentique est apparue au 13e siècle et ce n’est pas avant le 14e siècle que les horloges devinrent des ornements ordinaires sur les bâtiments publics des villes germaniques.