31.8.04

Le Nouvel Observateur : C’est la loi du marché. Ron Harris, photographe de mode à Malibu, vend aux enchères les gamètes de ses mannequins. Les offres peuvent grimper jusqu’à 80000 dollars. «C’est le summum de la sélection darwinienne, explique-t-il. Normal, le plus gros offrant remporte les plus beaux gènes.» Theresa, elle, sait que ses ovules ne se négocient pas à plus de 6000 à 7000 dollars. C’est le maximum, dit-elle, pour une fille de 26 ans, plutôt bien éduquée mais brune aux yeux marrons.
Le Nouvel Observateur : On le voudrait encore de race asiatique ou germanique, blond, yeux verts, 150 de QI, futur athlète ou pianiste... Tout est possible, à condition d’aligner les dollars. Le commerce de sperme et d’ovules est totalement libre. Des centaines d’avocats et de brokers (courtiers) recrutent dans les journaux, les sites internet, les universités... Sur le campus ultrasélect de Stanford, les petites annonces abondent: «Cherche donneuse. Intelligente, sportive, blonde de préférence, minimum 1 m 70 et 29 ans.
Gmail - le transhumanismeDe plus, argue-t-il, ces progrès permettront aux enfants défavorisés par la nature d'obtenir des caractéristiques que les enfants «chanceux» possèdent, ce qui «aura pour effet d'améliorer leur santé et leur intelligence. Bref, il est plus probable que l'ingénierie génétique du futur réduise plutôt qu'elle n'exacerbe les inégalités humaines».
Gmail - le transhumanismePour être un humain au sens fort, il faut selon Fukuyama pouvoir posséder toutes les «capacités émotionnelles» de l'espèce. Or, les «médicaments de l'âme» et les thérapies géniques à venir forgeront un monde où certaines de ces émotions, surtout les négatives, seraient annihilées. Dans son article de Foreing Policy, il reprend à cet égard un argument abordé dans La
Fin de l'homme: «Nos bonnes caractéristiques sont étroitement liées à nos mauvaises. Si nous n'étions ni violents ni agressifs, nous serions incapables de nous défendre; si le sentiment de l'exclusivité ne nous habitait pas, nous ne serions jamais loyaux à l'égard de ceux qui nous entourent; si nous n'avions jamais ressenti de jalousie, nous n'éprouverions à l'inverse jamais de sentiment amoureux.»
Gmail - le transhumanisme Autrement dit, affirment les transhumanistes, il y a eu quelque chose comme une humanité avant l'homo sapiens, faite d'australopithèques et d'hommes de Cro-Magnon. Il faut maintenant imaginer ce qu'il y aura «après homo sapiens»; et même accélérer son avènement. Quoi exactement? Les transhumanistes répondent: des post-humains, des êtres plus forts,
plus intelligents, plus résistants, à la longévité presque infinie. Contrairement à l'homo sapiens, ils ne seront pas le produit de l'évolution, mais le fruit de technologies qui convergent présentement: la robotique, la bioinformatique, les neurosciences, la génomique et les nanotechnologies.
Gmail - le transhumanisme: Fukuyama explique que cette idéologie est «un curieux mouvement de libération» qui cherche ni plus ni moins à «affranchir la race humaine de ses contraintes biologiques». Une idéologie technophile prônant «le dépassement de l'imparfaite espèce humaine par une cyber-humanité idéale»
Gmail - le transhumanisme: Le transhumanisme est l'idéologie qui pose «le plus grand risque au bien-être de l'humanité» Francis Fukuyama