24.12.12

La Chine, avec ses 1,3 milliard d’habitants, où certes il y a des tensions, n’a connu comme guerres, ces deux derniers siècles, que celles qui lui ont été imposées de l’extérieur, par l’Occident et le Japon.

Au défi démographique s'ajoutent les défis climatique et alimentaire. Et tous les trois s'entremêlent. Une simple extrapolation des tendances actuelles en matière de consommation alimentaire donne des résultats susceptibles de faire tirer quelques signaux d'alarme. En raison de la croissance de la population et des changements de mode alimentaire dans les pays émergents, la demande mondiale en nourriture devrait augmenter de plus de 35 % d'ici à 2030. Or les rendements agricoles, même s'ils continuent de s'améliorer, ne suivent pas la même pente et, selon le rapport, nous vivons déjà sur les réserves : "Au cours de sept des huit dernières années, le monde a consommé plus de nourriture qu'il n'en a produit. Une grande étude internationale estime qu'en 2030, les besoins annuels en eau atteindront 6 900 milliards de mètres cubes, soit 40 % de plus que les ressources durables actuelles." Le rapport ajoute que, dans moins de deux décennies, presque la moitié de la population mondiale vivra dans des régions soumises à d'importants stress hydriques et il évoque clairement la question des guerres de l'eau.

2030, c'est une planète de 8,3 milliards d'habitants (contre 7,1 à la fin de 2012), une planète vieillissante et de plus en plus urbanisée puisque, environ 5 milliards d'humains vivront alors en ville. Un chiffre à comparer avec les 750 millions d'urbains que comptait la Terre en 1950 (sur une population globale de 2,5 milliards d'habitants).

22.12.12

En 1997, les renseignements Américain pensaient qu’en 2010 que la Corée du Nord serait redevenu un Etat noraml, et que les armes de précision rendraient les conflits plus petits et moins coûteux… Il n’en a rien été. De quoi regarder avec scepticisme la nouvelle version du rapport de prospective de l’intelligence américaine pour 2030 : http://www.scribd.com/doc/115962650/GlobalTrends-2030 Alors qu’est-ce que ce type de rapports accomplissent ? Et rares sont les gens qui s’y fient. Mais ils nous aident à nous rappeler que nous devons nous adapter à un monde changeant

“La vague de la mondialisation qui a déferlé depuis trente ans est-elle en passe de refluer? Certains indicateurs suggèrent une tendance récente à la relocalisation des emplois industriels, ces jobs qualifiés et bien payés qui ont offert un socle social au développement des grands pays industrialisés. Le balancier des délocalisations serait-il reparti dans l’autre sens ? Les experts ne sont pas d’accord, sauf sur un point : les Etats-Unis seront le grand laboratoire de la relocalisation.”

Les recherches en économie comportementale montrent l’existence de deux processus concurrents dans notre cerveau : ceux que le prix Nobel d’économie Daniel Kahnemannomme le “système 1″ et le “système 2″. Le premier, rapide, intuitif et fortement émotionnel, nous aide à prendre des décisions dans l’urgence : c’est l’héritier de millions d’années d’évolution. Parfait pour la savane, il éprouve cependant quelques difficultés dans le monde contemporain, et notamment à gérer des calculs un peu complexes. Il est hautement dépendant de notre état &! eacute;motionnel. Le “système 2″, lui, concerne la pensée consciente,logique, linéaire, rigoureuse…M alheureusement, il est aussi plus lent, et aisément perturbé par le stress.

Force est de reconnaître en tout cas que les usages ont évolué. Avec l’internet, la plupart des gens se débrouillent. Imparfaitement le plus souvent, mais les pratiques avancent. Les EPN sont nés à une époque où plus de 50 % des Français n’étaient pas connectés à l’internet, alors qu’en 2012, nous avons dépassé les 72 %, soit 3 Français sur 4. Et ils seront bientôt 1 sur 2 à être équipé d’un smartphone : 46 % des Français sont équipés d’un smartphone soit 23,8 millions rappelle la dernière étude Médiamétrie. Les pratiques changent. Rapidement. L’arrivée des smartphones puis des tablettes, leur explosion dan! s les ventes (qui va s’accélérer avec les fêtes de fin d’années, avec l’arrivée de tablettes toujours moins chères, toujours plus conviviales) et leur démocratisation transforme également le rapport de plus en plus de gens à l’informatique et à l’internet.

“Les projections pour 2050 prévoient que plus de 8 milliards de gens vivront dans des mégalopoles, peuplées de plus de 30 millions de personnes. Et ces mégalopoles devraient former un réseau fait de villes plus petites, de plus d’’un million d’’habitant. Mais cette incroyable densité sera tissée dans un paysage de campagne qui se vide. Il est déjà commun de trouver en Chine, en Inde et en Amérique du Sud, des villages entiers abandonnés par leurs habitants partis pour les grandes villes, laissant derrière eux quelques vieillards, et parfois même personne.

C’’est le modèle pour la Terre. Très dense et peuplée dans un réseau de mégalopoles connectées les unes aux autres par des nerfs faits de routes et de câbles, réseau tissé sur un paysage vide de terre sauvage, de pâturages marginaux et de fermes dépeuplées. En 2050 et au-delà, la Terre sera une planète urbaine, mais le lieu moyen sur la planète sera presque sauvage.”

14.12.12

L'Agence Américaine de Protection de l'Environnement (EPA) a fixé un objectif de production pour les biocarburants issus des algues de 3,7 milliards de litres par an d'ici 2022, soit environ 5 % des 79 milliards de litres prévus pour l'ensemble des biocarburants dont la production devrait atteindre 136 milliards de litres dans dix ans.

Une étude réalisée par l'Académie Nationale des Sciences révèle que les algues cultivées en eau douce restaient les seules utilisées pour la production de biocarburants. Mais la culture de ces algues en eau douce entraîne de nombreuses contraintes : forte consommation d'eau, de nutriments et de CO2, et luminosité intense notamment.

Mais ces obstacles pourraient bientôt être levés grâce à plusieurs équipes de recherche. Une étude réalisée par l'Université de San Diego vient, par exemple, de montrer qu'il est possible de produire de grande quantités de biocarburants à partir d'algues marines cultivées en eau salée. Ces travaux ont porté sur une espèce d'algue marine nommée Dunaliella tertiolecta qui possède la capacité de pouvoir transformer près de 40 % de son poids en huile et pousse très bien en milieu salé.

Ces travaux encourageants laissent entrevoir la possibilité, d'ici 5 à 10 ans, de produire de grande quantités de biocarburants d'excellente qualité énergétique à partir de variétés d'algues poussant dans l'eau salée. Selon Stephen Mayfield, professeur de biologie à l'Université de San Diego en Californie, près de 40 millions de km² de terres, qui ne sont plus utilisables pour les cultures classiques à cause de leur salinité trop forte, pourraient être reconverties en culture d'algues marines.

Fait révélateur, l’armée de l’air américaine aurait formé en 2011 trois cent cinquante opérateurs de drone contre deux cent cinquante pilotes d'avion de combat. A terme, les Etats-Unis souhaitent être en mesure d’effectuer la totalité des missions d’intervention et de combat à l’aide de robots et de drones, même si elle tient à préciser que "les êtres humains impliqués dans ces missions garderont la possibilité de modifier le degré d'autonomie approprié selon les types de missions à effectuer et le déroulement de celles-ci sur le terrain".

Cette utilisation sans cesse élargie de drones de plus en plus autonomes et destructeurs entraîne non seulement une révolution stratégique mais pose de nouveaux et complexes problèmes éthiques et politiques qui peuvent remonter au plus haut sommet de l’Etat.

Quelques jours avant le vol du Neuron, les Etats-Unis réussissaient pour leur part leur premier essai de catapultage, à partir d’un porte-avions, du nouveau drone furtif X-47B. Avec ce nouvel engin, la capacité de combat des drones franchit un nouveau cap puisque le X-47B, qui possède une autonomie de vol de quatre jours, peut emporter deux tonnes de bombes à plus de 2 000 km de distance !

Ce nouveau drone pourra à terme être ravitaillé en vol et frapper, à partir de porte-avions, des objectifs situés dans le monde entier. Son utilisation devrait être généralisée à partir de 2025. L’armée américaine, confrontée à la nécessité de réduire ses coûts de fonctionnement tout en améliorant son efficacité et sa souplesse, mise clairement sur le développement de ces nouvelles générations d’engins volants de combat inhabités (C’est leur appellation officielle) qui seront progressivement amenés à remplir toutes les missions militaires, y compris la défense aérienne.

Le X-47B peut voler à 40 000 pieds et à plus de 500 miles par heure (800km/h) et, comme le souligne le contre-amiral Bill Shannon, « Nous sommes fiers de développer le premier avion à réaction sans pilote devant décoller et apponter sur un pont d'envol. »

12.12.12

De façon très intéressante, Bourguignon décompose cette inégalité mondiale en deux phénomènes distincts, l’inégalité entre les nations d’une part, l’inégalité interne à celles-ci d’autre part. Jusqu’en 1980, l’augmentation des inégalités entre pays est indéniable tandis que les écarts de revenu internes se seraient contractés, notamment vers le milieu du 20e siècle. Mais depuis trente ans on observerait une inversion des deux tendances en même temps : « l’inégalité entre pays décroît fortement, tandis que l’inégalité moyenne au sein des pays se remet à croître après une longue période stationnaire ».

A propos de : François Bourguignon, La Mondialisation de l’inégalité, Seuil, coll. « La République des idées », 2012

Le livre de François Bourguignon s’ouvre d’emblée sur un constat accablant : l’inégalité mondiale, celle qui met en comparaison les revenus par tête des populations les plus riches de la planète avec ces mêmes revenus chez les populations les plus mal loties du monde, est bien plus lourde que celle qui peut exister au sein des différentes nations, même les plus inégalitaires. Ainsi, alors qu’en France, en 2006, les 10% les plus riches gagnaient 6 fois plus environ que les 10% les plus pauvres et que cette même proportion était de 15 pour les Etats-Unis mais déjà de 40 pour le Brésil, à l’échelle mondiale elle aurait été de l’ordre de 90… Autrement dit nous supportons à l’échelle de la planète une inégalité qui serait proprement inimaginable au sein d’une communauté nationale.

http://blogs.histoireglobale.com/?p=2296

Une histoire globale à l’âge du Bronze

27 novembre 2012
par Jean-Paul Demoule

7.12.12

Le secteur public ou la transformation continue

Le secteur de la santé est en bouleversement permanent, explique Leadbeater : les pratiques professionnelles, les avancées technologiques, l’espérance de vie, le comportement des patients, l’automédication… tous ces changements permanents exigent une adaptation continue des politiques publiques… Il n’y aura jamais de “grand soir de la réforme de la santé”. Or ce qui est vrai pour ce secteur est vrai pour tous les champs d’intervention des politiques publiques.

27.11.12

La seule conclusion est que, en univers contraint, le prix du pétrole ne sera ni durablement bas, ni durablement élevé (car dès que le prix du pétrole devient très haut plus d'un an cela casse la machine économique et fait baisser le prix), mais... durablement volatil. Si cette volatilité passe par des épisodes de prix très élevés, cela suffira amplement pour provoquer des récessions à répétition tant que nous n'aurons pas converti le système énergétique mondial, ce qui peut prendre un bon paquet de décennies...

Si le prix du pétrole monte trop vite, cela traduit une insuffisance de ce précieux liquide pour alimenter une économie mondialisée, et à ce moment nous avons une récession qui frappe tout ou partie du monde. En conséquence la demande baisse... et le prix aussi. Le prix ayant baissé la demande se remet à augmenter, et nous sommes repartis pour un cycle. 

http://www.manicore.com/documentation/petrole/prix_futur.html

26.11.12

Le milliardaire américain Warren Buffett : "Il y a bien une lutte des classes, et cette guerre, c'est ma classe, la classe des plus riches, qui est en train de la gagner."

Un phénomène mondial : les revenus des patrons américains ont été multipliés par plus de sept entre 1980 et 2000 ; ils gagnaient 35 fois plus qu'un salarié en 1980, 130 fois plus en 2000.

"La France détesterait ses riches parce qu'elle est rurale, catholique et imprégnée de marxisme ? Mais ces trois facteurs sont marginalisés depuis longtemps. Nous sommes dans une société vidée d'espérances idéologique ou religieuse. Ce qui reste, c'est la passion d'avoir. On a inoculé à la jeunesse le virus de la réussite matérielle."

23.11.12

Selon l’Agence internationale de l’énergie (IEA), la consommation énergétique mondiale devrait augmenter de 40 % d’ici 2030, atteignant 16 Gteps par an, contre 12 Gteps. Dans ce scénario énergétique, les combustibles fossiles devraient encore représenter près des trois quarts de l’énergie consommée par la planète dans 20 ans.

L'AIE estime que la consommation mondiale d'énergie pourrait croître de 35 % d'ici 2035, l’Inde et la Chine représentant à elles seules plus de la moitié de cette hausse.

La demande mondiale de gaz devrait augmenter de moitié d’ici 25 ans et les gaz non conventionnels représenteront au moins la moitié de cette hausse.

La consommation mondiale de pétrole, quant à elle, devrait atteindre 90 millions de barils par jour en 2012, soit 4,5 milliards de tonnes par an ! En 40 ans, cette consommation, qui était d’environ 48 millions de barils par jour en 1970, a progressé de presque 90 % !

Selon un rapport qui a fait grand bruit, publié en 2011 par HSBC, dans 50 ans, il pourrait ne plus rester de pétrole exploitable sur Terre, même si la demande n'augmente pas. Or, les dernières projections de l'Agence internationale de l'énergie prévoient une consommation mondiale à 107 millions de barils par jour en 2035, soit une hausse de presque 20 % d’ici 20 ans, liée à la croissance économique irrésistible en Asie.

L’étude d’HSBC précise toutefois que les biocarburants et les carburants de synthèse issus du charbon, pourraient éventuellement prendre le relais du pétrole conventionnel si le cours du brut passe au-dessus des 150 dollars.

C’est dans ce contexte qu’est tombée il y a quelques jours une information presque surréaliste et pourtant tout à fait sérieuse : dans son dernier panorama mondial de l'énergie, l'Agence internationale de l'énergie prévoit que les Etats-Unis accéderont, avant la fin de cette décennie, à l’indépendance énergétique et deviendront le plus grand producteur mondial de pétrole, devant l'Arabie Saoudite et la Russie !

Depuis 2008, les Etats-Unis ont augmenté de plus de 20 % leur production de pétrole qui atteint à présent 6,2 millions de barils par jour (voir AIE).

16.11.12

Il est toujours difficile et un peu arbitraire de fixer une date précise qui marquerait le début de la révolution industrielle car cette rupture majeure dans l’histoire humaine n’a pas eu lieu ex nihilo et s’est appuyée sur presque un siècle et demi d’innovations « souterraines »; c’est ainsi que dès 1629, l’italien Giovanni Branca conçoit les plans d’un moulin à vapeur.

Au cours de la deuxième moitié du XVIIe siècle, le rythme des inventions, découvertes et innovations s’accélère de manière remarquable avec les travaux de l’anglais Sommerset, qui invente le refroidisseur, et du français Denis Papin qui franchit un nouveau cap en inventant le piston permettant de concevoir enfin des machines à vapeur fiables et surtout très puissantes.

En moins de 20 ans, entre 1769 et 1788, le génial James Watt perfectionna de manière décisive la première véritable machine à vapeur industrielle inventée par l’ingénieur anglais Newcomen en 1711 et largement utilisée en Angleterre pendant le XVIIIe siècle pour pomper l’eau dans les mines de charbon. En moins d’un demi-siècle, la machine de Watt fut le moteur irrésistible qui permit lapremière révolution industrielle, celle de la vapeur comme source démultiplicatrice d’énergie dans tous les domaines d’activités et notamment dans la production industrielle et les transports d’hommes et de marchandises.

En 1769, alors que Watt déposait son brevet pour sa machine à vapeur, un autre Anglais moins connu, Richard Arkwright déposa un brevet pour la « Water frame », le premier métier à filer hydraulique. Cette machine, simple mais très ingénieuse, pouvait se substituer à l’ouvrier pour produire à la chaîne et à bas prix de grandes quantités de fils de coton.

On peut donc véritablement considérer que 1769 marque bien, symboliquement, le début de la révolution industrielle mondiale dont nous sommes toujours les héritiers.

Richard Arkwright, entrepreneur infatigable, compléta cette invention en déposant en 1775 un autre brevet concernant une machine à carder capable de transformer le coton grossier en bande de fibres pouvant directement être filées. Entre-temps, Richard Arkwright avait ouvert à Cromford, en 1771, la première usine de filature industrielle du monde utilisant l'énergie hydraulique et en 1777, il ouvrit à Wirksworth la première filature de coton utilisant une machine à vapeur.

En 1774, la société d’Arkwright employait 600 ouvriers et dix ans plus tard, elle en employait 30 000 ! En 50 ans, de 1770 à 1830, la consommation anglaise de coton fut multipliée par six et le coût de production divisé par cinq. Quant à l’importation de coton brut, on estime qu’elle fut multipliée par vingt au cours de cette même période.

Mais la révolution industrielle supposait non seulement qu’on puisse produire beaucoup plus vite et beaucoup moins cher mais reposait également sur la possibilité d’améliorer avec la même efficacité la vitesse des transports et la circulation de l’information.

S’agissant de la révolution dans les transports, il ne fallut que 26 ans (de 1804 à 1830) pour passer de la première locomotive opérationnelle construite par l’Anglais Trevithick à la première ligne de transport de passagers au monde, reliant les villes anglaises de Liverpool et Manchester. Ainsi, en 60 ans, de 1769 à 1830, la vapeur sous toutes ses formes avait provoqué un bouleversement économique, social et humain sans précédent en Europe depuis l’invention de l’imprimerie.

C’est alors que commença en 1830 la deuxième révolution industrielle qui vit le monde se recouvrir d’un immense réseau de lignes de chemin de fer, qui eut pour effet de contracter l’espace et de poser les bases d’une économie mondialisée, dominée par le commerce international et la circulation toujours plus grande et ouverte des capitaux, des biens et des services.

En 1876, seulement dix ans après l’ouverture de la première ligne de télégraphe transatlantique, un ingénieur américain, Graham Bell, inventa le téléphone qui révolutionna les communications et, en moins de 25 ans, une nouvelle vague d’innovations déferla sur la planète avec l’automobile, le cinéma, la radio et l’avion, en 1903 qui marquait véritablement l’entrée dans ces « Temps modernes » dominés par le triomphe de la science et de la technique et magistralement illustrés par le film de Chaplin en 1936. C'est bien au cours de ce troisième temps de la révolution industrielle, que l'information et la communication prirent définitivement le pas sur la matière comme moteur du développement économique mondial.

A cette troisième révolution industrielle succéda une quatrième vague qui, de 1903 à 1928, vit naître la télévision et les premiers antibiotiques qui allaient être à l’origine d’une immense révolution médicale.

La cinquième révolution industrielle commence avec la naissance de l’informatique et l’on sait à présent que c’est bien le calculateur Z3, conçu par le génial ingénieur allemand Konrad Zuse en 1941 qui fut le premier ordinateur fonctionnel au monde, suivi de peu par son cousin anglais, Colossus en 1944, puis par la machine américaine ENIAC en 1946.

Ce sixième temps de la révolution industrielle, commencé à la fin de la seconde guerre mondiale, s’acheva en 1971 avec le premier microprocesseur qui allait permettre une généralisation et une démocratisation inimaginables de l’informatique puisque la barre des deux milliards d'ordinateurs devrait être franchie dès 2014.

Entre-temps, un réseau d’interconnexion des ordinateurs militaires américains, nommé Arpanet, avait vu le jour en 1967 et celui-ci évolua jusqu’à devenir l’Internet avec l’ouverture au grand public de l’accès au Web en 1990. Il avait fallut moins de 20 ans pour que se déroule la septième vague de la révolution industrielle, allant du microprocesseur à l’Internet.

Fait révélateur de l'extraordinaire accélération de l'économie et de la technologie, alors qu'il avait fallu plus de 130 ans pour atteindre les cinq milliards d'utilisateurs du téléphone, la barre des deux milliards d'ordinateurs a été atteinte en 30 ans et celle des 2,3 milliards d'internautes l'a été en 22 ans !

Quant à la huitième vague, c’est évidemment celle que nous sommes en train de vivre actuellement et qui s’articule autour de quatre pôles : la numérisation et la virtualisation de la connaissance et de l’économie, les biotechnologies, la robotique et, plus récemment les nanotechnologies qui sont en train de « fertiliser » l’ensemble de nos outils et systèmes scientifiques et industriels.

Pour mesurer le chemin parcouru, quelques ordres de grandeur méritent d’être rappelés. On estime par exemple que le Produit Mondial Brut, c'est-à-dire la valeur monétaire de la totalité des richesses produites dans le monde pendant un an, est passé de 175 milliards de dollars (valeur 2000) vers 1800 à 58 000 milliards de dollars en 2010. Il a donc été multiplié par 330 en un peu plus de deux siècles !

Si l’on compare à présent le PMB par habitant dans le temps, on constate que celui-ci est passé, en moyenne, de 215 dollars (valeur 2010) à 8 300 dollars entre 1800 et 2010. Il a donc été multiplié par 39 au cours de cette période.

En matière de consommation totale d’énergie, le monde qui consommait à peine plus de 50 millions de tonnes d’équivalent pétrole en 1800 en consomme à présent 12 gigatonnes par an, soit une multiplication par 240 de la consommation mondiale d’énergie en un peu plus de deux cents ans. En revanche, il est frappant de constater que la consommation énergétique moyenne annuelle d’un terrien n’a été multipliée que par 10 au cours de la même période (passant de 0,16 tonne à 1,7 tonne par terrien).

Que signifie ce décalage ? Il montre simplement l’extraordinaire progression de l’efficacité et rendement énergétique de l’économie mondiale : En 1800, cette économie mondiale devait dépenser environ une tonne d’énergie pour produire seulement 220 dollars de richesse alors qu’actuellement chaque tonne d’énergie dépensée dans le monde permet de produire environ 4 800 dollars de richesse, c'est-à-dire 22 fois plus qu’en 1800 !

Mais cette progression en matière énergétique n’est rien par rapport à l’évolution de la quantité d’informations produite dans le monde : cette quantité double tous les deux ans et serait actuellement de l’ordre de 1,8 milliard de térabits par an, soit 250 000 térabits par terrien ou encore l’équivalent de 3 disques durs de 1000 Go d’ordinateur par an et par terrien !

Bien qu’un tel calcul ne puisse qu'être approximatif, on peut estimer que la quantité moyenne d’informations produite par terrien et par an aura été multipliée par plus d’un milliard depuis le début de la révolution industrielle !

Au niveau mondial, on estime que la part de la production industrielle dans le Produit Mondial Brut est passée, depuis 30 ans,  de 27 à 20 %. Aux Etats-Unis par exemple, la part de l'industrie dans le PIB ne représente plus que 10 %, contre 30 % en 1950 et en 2010, la Chine est devenue la première puissance industrielle du monde, selon une étude d’IHS Global Insight.

Selon cette étude, la production manufacturière de la Chine a représenté 19,8 % de celle de la planète en 2010, tandis que la part des Etats-Unis atteignait 19,4 %. En valeur, la production industrielle chinoise a atteint 1995 milliards de dollars courants en 2010, contre 1950 milliards de dollars pour les Etats-Unis.

Mais ce basculement industriel mondial n’est pas seulement quantitatif et géopolitique, il est surtout qualitatif : les nouvelles puissances émergentes, comme l’Inde, la Chine, le Brésil ou la Corée du Sud, ne se contentent plus de fabriquer à moindre coût nos produits de consommation courante. Elles sont à présent capables de rivaliser avec l’Europe, les Etats-Unis et le Japon dans la conception et la fabrication de produits et services à très forte valeur ajoutée dans tous les domaines de pointe, qu’il s’agisse des télécommunications, de l’informatique ou de l’électronique. Ces pays ont compris que leur place dans la compétition économique mondiale se jouerait sur trois facteurs : l’effort en matière de formation, l’effort financier et l’effort technologique.

Dans le domaine de la formation, la Chine dispose, avec 1,2 million de chercheurs, d’une ressource en matière grise équivalent à plus de 80 % des capacités européennes ou américaines et, à ce rythme, elle comptera le tiers des chercheurs de la planète en 2025.

En matière de recherche, l’effort financier de la Chine arrive en deuxième position derrière celui des USA et est à présent supérieur à celui du Japon. Enfin, en matière d’innovation, la Chine est devenue en 2011 le premier pays en terme de dépôt mondial de brevets. Son grand rival asiatique, l’Inde, pour sa part, produit 500 000 nouveaux ingénieurs par an (deux fois plus qu’il y a 10 ans), soit plus que l’Europe et les Etats-Unis réunis et leur salaire annuel moyen est de 8 000 dollars, contre 70 000 dollars pour leurs homologues américains.

L’accélération mondiale du progrès technologique et des gains de productivité qui en résultent ont un double impact considérable sur l’emploi industriel : d’une part, les gains de productivité dans l’industrie permettent de réduire le nombre de travailleurs dans ce secteur et, d’autre part, les gains de productivité obtenus dans l’économie globale entraînent une hausse du revenu des travailleurs qui se traduit dans les pays développés, mais également de plus en plus dans les pays émergents, par un transfert des dépenses des ménages qui vont de plus en plus vers les services - santé, loisirs, éducation, économie numérique - et de moins en moins vers l’acquisition de biens matériels et physiques.

Il est donc clair que la bataille mondiale de la néo-industrialisation se jouera non seulement sur le terrain de la relocalisation de certaines productions industrielles physiques à haute valeur ajoutée, comme l’a bien compris l’Allemagne, mais également et surtout sur le terrain infiniment plus vaste de l’industrie culturelle, éducative et numérique qui permet au plus grand nombre de produire une forte valeur ajoutée cognitive en transformant l’information en connaissance.

Le problème est que le déséquilibre économique mondial se traduit par l’opposition entre le vieux monde (Europe, USA et Japon) qui est trop endetté, consomme trop et n’épargne pas assez pour préparer l’avenir (Le taux d’épargne n’est que de 12 % en Europe et de 7 % au Japon) et le « nouveau monde », principalement la Chine et l’Inde ou, au contraire, le niveau d’épargne est très élevé (En Chine, le taux d’épargne reste supérieur à 50 % et en Inde, il est passé de 5 à 27 % en quarante ans) par rapport à la consommation.

http://www.rtflash.fr/huit-revolutions-techno-industrielles-qui-ont-change-monde/article

8.11.12

Le développement d’un nouveau projet dans l’industrie comme dans le logiciel passe par un cycle classique : besoin, design, implémentation, vérification, maintenance. 

28.10.12

A nos yeux les croyances des hommes se valent. Elles sont autant de tentatives de structurer le monde, de donner une signification à l’existence humaine et d’organiser la communauté. 

27.10.12

A l’heure actuelle, le litre de carburant d’algue coûte encore dix fois plus cher que le pétrole mais cette situation pourrait évoluer plus vite que prévu car le prix du baril de brut ne pourra que grimper inexorablement sous le double effet de l’épuisement des ressources physiques et de l’augmentation de la demande mondiale. Dans le même temps, le coût de production du baril d’algocarburant va fortement diminuer à mesure que la technologie de production progressera et les deux courbes pourraient bien se croiser avant une dizaine d’années…

Mais l’exploitation énergétique à grande échelle des algues n’aura de sens que si elle rentre dans le cadre d’une chaîne industrielle qui ne se limite pas à l’énergie mais intègre également l’alimentation humaine et animale, les médicaments, les cosmétiques et les technologies écologiques de dépollution des eaux. C’est donc bien une nouvelle économie qui est à imaginer et à bâtir.

Les micro-algues pourraient devenir le moteur d’une révolution technologique, énergétique et industrielle pour cinq raisons essentielles.

D’abord, contrairement aux biocarburants de première génération (maïs, palme, colza), les algues peuvent être cultivées sur des terres impropres à la production agricole qui n’entrent en compétition ni avec l’élevage, ni avec des cultures vivrières.

Deuxième raison : ces micro-organismes peuvent parfaitement proliférer dans des eaux saumâtres ou usées. Leur production de masse devrait donc avoir un impact limité sur les ressources en eau douce de la planète qui, il faut le rappeler, sont déjà consacrées pour les trois quarts à l’agriculture et à l’élevage.

La troisième raison, nous l’avons déjà évoquée, c’est le rendement sans équivalent de cette « algoculture ». Selon les experts, un hectare d’algues, après une sélection génétique judicieuse, pourrait fournir au moins 25 000 litres d'huile, bien plus que le colza, environ 1500 litres, le tournesol, environ 1000 litres et le soja, environ 500 litres. Avec un tel rendement, il suffirait d'affecter l’équivalent d’à peine 1 % de la surface de la France à la production d'algues pour couvrir l’ensemble de la demande de carburants dans notre pays.

La quatrième raison n’est pas souvent mise en avant mais elle est pourtant décisive : en consommant des énergies fossiles présentes dans le sous-sol depuis des centaines de millions d’années, nous rejetons des quantités considérables de CO2 dans l’atmosphère (autour de 40 milliards de tonnes en 2012) et nous aggravons l’effet de serre responsable du réchauffement climatique. Les micro-algues ont au contraire besoin de consommer de grande quantité de CO2, qu’elles savent extraire directement de l’air, pour croître et se développer. La production et l’utilisation des différents biocarburants issus de ces algues seraient donc neutres en termes de bilan carbone. Par ailleurs, et cela n’est pas négligeable, ces algues n’ont pas besoin d’engrais chimiques et de pesticides pour se développer.

Enfin, dernière raison : on sait à présent tirer de certaines variétés de ces algues, des biocarburants très purs et à haut rendement énergétique dont l’emploi dans les transports pourrait améliorer les performances des moteurs et réduire en bout de chaîne la consommation et la pollution de nos véhicules thermiques.

On estime que 1,1 milliard de voitures circulaient dans le monde en 2012 et ce nombre devrait doubler d’ici 2040.

Pourtant, selon l’Agence internationale de l’énergie, la consommation mondiale de carburant pourrait être divisée par deux au cours de la même période mais à deux conditions : promouvoir massivement des véhicules propres et hybrides et développer parallèlement les biocarburants de nouvelle génération.

La secteur des transports, en plein essor, représente actuellement plus de 20 % de la consommation globale d'énergie dans le monde et L'AIE souligne dans ses derniers rapports que nous devons anticiper l’après-pétrole et qu’il est possible d’organiser cette transition en favorisant de grandes ruptures technologiques (Technology Roadmap: Fuel Economy of Road Vehicles) et en optant pour des politiques volontaristes en matière d’efficacité énergétique dans les transports (Policy Pathway: Improving the Fuel Economy of Road Vehicles).

25.10.12

. Steven Pinker : Le déclin de la violence – The Long Now
Steven Pinker est toujours stimulant pour secouer nos idées reçues. Dans cette conférence pour l’Institut Long Now, il revient sur la “longue paix”, en argumentant sur le fait que nos sociétés n’ont jamais été aussi peu violentes. On estime en effet que 15 % des hommes préhistoriques sont morts de morts violente, contre seulement 5,7 % des américains au XXe siècle… Et le taux serait même tombé à 0,03 % au XXIe siècle ! Plusieurs étapes expliquent cette évolution, dont la plus récente est la révolution pour droits qui fustige de plus en plus toute violence. Reste que si la violence est à la baisse, la peur de la violence elle demeure toujours très forte. La faute à nos peurs irrationnelles, estime Pinker.

Vers la généralisation des systèmes de transports autonomes

Les innovations dans les systèmes de navigation sans pilote sont peu à peu sorties du champ militaire. Ils commencent à équiper les flottes commerciales : Cummings indique que les derniers Airbus et Boeing pourraient être capables de se passer entièrement de pilote humain aussi bien pour le décollage, le vol que l’atterrissage. Les pilotes ne seraient bientôt plus utiles que pour garer l’avion, lorsqu’il se rend à son terminal de débarquement, une procédure qui n’est pas encore automatisable dans tous les aéroports du monde. Les flottes des transporteurs comme Fedex pourraient être les premiers à utiliser ces technologies dans un cadre civil : ils n’attendent plus qu’une autorisation de l’administration fédérale de l’aviation am&ea! cute;ricaine.

Mais il n’y a pas que dans l’aviation que les systèmes de navigation sans pilotes se déploient. De nombreux essais, projets voire dispositifs commerciaux sont en cours dans le secteur de l’agriculture avec des tracteurs sans pilote, mais également des drones pour surveiller les culturesou des hélicoptères sans pilote pour répandre des pesticides et engrais.

Joseph Stiglitz : Les inégalités regroupent trois évolutions différentes : en haut, l'enrichissement du 1 % les plus riches ; au milieu, l'étiolement de la classe moyenne ; en bas, la montée de la pauvreté. Pour ceux d'en haut, je pense que ce sont les comportements de rente et de monopoles qui jouent le rôle le plus important. Mais sur les gens du milieu, la mondialisation a davantage d'impact : les ouvriers américains se retrouvent de fait en concurrence avec des ouvriers chinois ou indiens, et cela tire leur salaire vers le bas.

Les Etats-Unis sont-ils devenus une société duale ?

Tout à fait. On peut le voir concrètement à New York, là où j'habite, et dans de nombreuses villes : l'élite vit sa vie et les autres habitants vivent dans un tout autre monde. Aucun des deux côtés ne peut comprendre combien les autres évoluent dans une société différente de la leur. C'est la réalité américaine d'aujourd'hui. Et elle pourrait être pire ! Dans certains pays d'Amérique latine, certaines personnes vivent dans des espaces fermés et se déplacent en voitures blindées. J'ai fait un voyage dans la région, un homme très fortuné y possède son propre club et son propre cinéma à l'intérieur de sa résidence, car il ne veut pas que ses enfants en sortent de peur d'un enlèvement.

Les Etats-Unis pourraient-ils en arriver là ?

Oui. Nous n'y sommes pas encore, mais il est certain que nous vivons de manière de plus en plus séparée. En outre, nous sommes dans un pays où tout le monde est libre de porter des armes. Non seulement nous vivons dans une société divisée, mais nous lui laissons à disposition tous les instruments de la violence.

 La montée des inégalités nourrit également la spéculation des plus fortunés, qui ajoute à l'instabilité. Enfin, les inégalités économiques se traduisent par des inégalités politiques, car elles donnent une plus grande influence aux plus riches.

23.10.12

Pour autant, peut-on espérer pour demain un monde sans guerre ? Sans doute pas, regrette Pierre Hassner, tant la guerre reste une donnée constante de l’histoire humaine. Mais ici et ailleurs, elle devrait prendre de nouveaux visages : mercenaires, drones et robots contre partisans, miliciens et terroristes… Karl von Clausewitz avait raison de dire que « la guerre est un caméléon ». Les couleurs du caméléon n’en ont pas fini de changer, et l’humanité reste inexorablement divisée, malgré les espoirs suscités par la gouvernance mondiale.

« La guerre fait l’État, et l’État fait la guerre », expliquait l’historien et sociologue américain Charles Tilly. Ce constat fait aujourd’hui autorité, tant il est vrai qu’au fil du millénaire médiéval, la formation des États dans l’aire occidentale, comme le montre Philippe Contamine, est étroitement liée aux conflits armés qui s’y déroulent. Plus l’État s’impose comme institution, plus les armées privées, qu’elles relèvent de monastères ou de seigneurs, cèdent le pas à des armées nationales.

Douze ans après le début de ce siècle, sommes-nous bien placés pour en deviner la suite en ce qui concerne la guerre ? L’exemple du siècle précédent n’est pas encourageant. Certes, en 1912, les nationalismes montaient, certains états-majors préparaient la guerre, et quelques auteurs prédisaient qu’elle serait funeste pour les vainqueurs comme pour les vaincus. Mais personne n’aurait pu prévoir les deux guerres mondiales, les totalitarismes, l’ère nucléaire, la guerre froide et sa fin, tandis qu’ailleurs guerres et révolutions continuaient de plus belle et entraînaient de nouveaux dangers : une grande puissance montante (la Chine) et un problème permanent, la prolifération nucléaire, se combinant avec une évolution économique, sociale et démographique génératrice de violence potentielle.

Guerre

➥ « Aux sources de la guerre », de la Préhistoire à l’an mil, s’interroge sur les premières manifestations de la conflictualité dans l’humanité. Il est montré que la guerre structure très profondément la vie des sociétés traditionnelles, mais aussi qu’elle constitue le principal facteur de changement politique et social.

➥ La deuxième partie, les « États combattants », examine le lien entre la guerre et la construction des États. L’armée, ainsi, est apparue comme une organisation qui contribue à la structuration des institutions étatiques modernes ; en retour l’État moderne s’est appuyé sur l’armée pour imposer sa souveraineté, après l’époque féodale marquée par le problème théologico-politique. Plus l’État dominait le champ militaire, moins l’Église avait de prise sur les âmes.

➥ La troisième partie, « Vers l’apocalypse ? », se focalise sur la période allant de la guerre de Sécession à la guerre froide, marquée par deux déflagrations d’ampleur mondiale. Dans les guerres totales, c’est la société tout entière qui est saisie et pour ainsi dire capturée par l’ordre militaire.

➥ Enfin, dans « Le temps des conflits asymétriques », nous nous interrogeons sur les transformations contemporaines de la guerre. Les conflits interétatiques tendent à s’effacer au profit de nouvelles formes d’affrontement qui mettent en scène d’autres acteurs : du terroriste à l’insurgé, du franc-tireur au partisan. Ces transformations révèlent des mutations sociétales de grande ampleur : l’État se voit attaqué dans sa souveraineté et sa légitimité, ce qui touche par domino l’institution militaire ; en retour, les acteurs transnationaux (groupes combattants, ONG, multinationales) entendent s’imposer dans une scène mondiale reconfigurée.

Les dimensions de la guerre

La guerre doit être donc envisagée au regard de ses multiples dimensions.

➥Dimension militaire d’abord. La guerre est un monde à part, qui engage des soldats, tantôt professionnels, tantôt « citoyens en uniforme », pour reprendre une expression chère à Raymond Aron. C’est aussi un temps à part, qui se distingue du temps diplomatique par des actes, de la déclaration à l’armistice, qui scandent son déroulement.

➥Dimension politique également. La guerre n’est pas à elle-même sa propre fin. C’est un moyen militaire mobilisé à des fins qui relèvent de l’action politique : prises ou protection d’un territoire, imposition d’une idéologie… En ce sens, elle est, selon la formule de Karl von Clausewitz, la « continuation de la politique par d’autres moyens ».

➥Dimension économique ensuite ; sur le plan économique, la guerre peut représenter l’une des conséquences de la crise ; mais il existe aussi une économie de guerre qui peut doper, plus ou moins artificiellement, la croissance. De même, la puissance économique d’un État est souvent liée à sa puissance militaire, comme ce fut le cas pour la Rome antique, l’Angleterre et les États-Unis.

➥La dimension culturelle ne doit pas être négligée. La guerre a fait l’objet de multiples représentations picturales, plastiques ou cinématographiques, du Guernica de Picasso à Apocalypse Now de Francis Ford Coppola en passant par les bustes de stratèges romains. Mais la guerre a aussi influé sur les pratiques sociales et culturelles, à tel point que certains historiens, à l’image de Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker dans 14-18. Retrouver la guerre (Gallimard, 2003), ont forgé l’expression de « culture de guerre » pour penser l’interaction entre la guerre et la société française au moment de la « Grande Guerre ». de 14-18.

➥Dimension juridique enfin. La guerre a fortement contribué à l’invention d’un droit spécifique, le droit international, qu’on oppose traditionnellement au droit s’appliquant à l’ordre interne des États. Le phénomène guerrier suscite aujourd’hui beaucoup de réflexions juridiques sur la frontière entre le militaire et l’humanitaire, la violence et l’assistance.

11.10.12

Samuel Arbesman de la Fondation Kaufman est l’auteur de “La demi vie des faits : pourquoi tout ce que nous connaissons a une date d’expiration”. Le chercheur s’inquiète que de plus en plus de nos décisions s’appuient sur des connaissances fausses, qu’on traîne avec nous depuis l’école ou la fac. Les données scientifiques doublent tous les 15 ans, et leur taux de croissance serait environ de 4,7 % par an depuis le 17e siècle. Les connaissances d’une génération de chercheurs s’avèrent donc fausses au bout d’une génération ou deux, 30 à 45 ans. Nous avons tendance à savoir ajouter de nouveaux faits à ceux que nous connaissons déjà, plus qu’à assimiler de nouveaux faits qui contredisent ce que nous pensions. Le fait de savoir que nos connaissances ont une durée de vie limitée et qu’il faudra les remettre en cause serait déjà une bonne base, estime le chercheur.

8.10.12

Pourquoi les États-Unis sont-ils riches alors que le Mexique est pauvre ?

La frontière américano-mexicaine, les villes jumelles de Nogales (Arizona, États-Unis) et Nogales (Sonora, Mexique). Des deux côtés, on trouve la même population (mexicaine ou d’ascendance mexicaine), on mange la même cuisine, on écoute la même musique, on subit le même climat et les mêmes bactéries. Comment comprendre alors l’écart de richesse, de un à sept, qui prévaut entre les deux Nogales ?

La seule explication plausible, pour Daron Acemoglu et James A. Robinson, tient à la différence des institutions entre les deux espaces politiques. Et les auteurs de retracer l’histoire de la genèse de ces institutions, genèse qu’ils font remonter aux processus de colonisation de l’Amérique hispanique et de l’Amérique du Nord. Dans la première, les Espagnols ont très tôt mis en place un régime d’extraction de richesse en soumettant les populations à un système de travail obligatoire. Un tel régime a modelé les économies locales jusqu’aux économies rentières et inégalitaires de l’Amérique latine.

En Amérique du Nord, ce mode de conquête a échoué – les populations autochtones ont mieux résisté. Les colons ont dû travailler, se sont rapidement vu concédés des terres et des droits politiques. Bref, deux régimes politiques différents ont mis en place des institutions distinctes par les incitations économiques qu’elles créaient. Là résiderait la clé la richesse ou de la pauvreté des nations.

Beaucoup ont essayé d’expliquer l’hégémonie que l’Occident a exercée sur le monde depuis deux siècles ou la fabrique du monde moderne, comme l’historien britannique travaillant aux États-Unis Gregory Clark dans A Farewell to Alms. A brief economic history of the world (2007), ou Nathan Rosenberg et Luther E. Birdzell dans Comment l’Occident s’est enrichi (1986, trad. fr. André Charpentier, Fayard, 1989). Une telle histoire peut déboucher sur la géopolitique, avec un Samuel P. Huntington – Le Choc des civilisations (1996, trad. fr. Jean-Luc Fidel et al., Odile Jacob, 1997, rééd. 2000) – ; voire la reconsidération de la place de l’Amérique dans le concert des nations, ce que fait le journaliste indien naturalisé américain Fareed Zakaria, auteur d’une œuvre dont on peut retenir From Wealth to Power. The unusual origins of America’s world role(1999) et Le Monde postaméricain (2008, trad. fr. Johan-Frédérik Hel Guedj, Saint-Simon, 2009, rééd. Perrin, 2011).

Dans cette veine universaliste, l’un des ouvrages les plus emblématiques reste Richesse et pauvreté des nations. Pourquoi des riches ? Pourquoi des pauvres ? (1998, trad. fr. Jean-François Sené, Albin Michel, 2000), de David S. Landes. Ce professeur d’économie à l’université de Harvard (Massachusetts) estime comme J. Diamond que les réussites des sociétés sont liées aux ressources qu’offre leur milieu : certaines régions du monde bénéficient d’un climat tempéré quand d’autres, les tropiques, sont le paradis des virus et des bactéries. Si pour D.S. Landes, la science et la technologie permettent d’apporter des réponses à ces graves difficultés, elles ne peuvent paradoxalement atteindre leur pleine efficacité que dans des sociétés déjà développées, donc favorisées par la nature. Reste que les êtres humains ne partagent pas les mêmes croyances ni les mêmes valeurs, et que ces écarts exercent des effets sur développement des sociétés – ainsi de la place que chacune accorde aux femmes, qui constitue pour cet auteur aux multiples intérêts l’un des meilleurs indicateurs de son degré de développement.

6.10.12

 Pierre Buhler rejoint ainsi des analyses réalistes qui se multiplient, et convergent de plus en plus, partout dans le monde, après les idéalisations désarmantes de « la fin de l’histoire » et de la « communauté internationale ». Il le fait de façon rigoureuse, avec une argumentation toujours très serrée, pour saisir le « sprint des géants » (la montée en puissance de l’Asie) ; l’espérance européenne, fragile, que la force, et la puissance, puissent se concrétiser « par la norme » ; l’Amérique, qui ayant « la vocation de la puissance », est confrontée à son « hubris », au risque d’arrogance, et à celui, inverse, de la « puissance par défaut »…
Perspectives qui autorisent de nombreux scénarios, sauf celui du rétablissement du monopole de la puissance occidentale.

5.10.12

L’intelligence abstraite n'est plus le propre de l'homme

La question passionne et divise les philosophes depuis l’Antiquité et les scientifiques depuis la naissance de la science moderne au XVIIème siècle : les animaux sont-ils capables, hors de certaines situations particulières résultant d’un conditionnement ou d’un apprentissage, de faire preuve d’une intelligence abstraite ?

Pendant des siècles, les scientifiques considéraient que, si l’animal pouvait ressentir la souffrance et était éventuellement capable d'exprimer certaines émotions qui pouvaient parfois paraître proches de celles montrées par l'homme (peine, joie, tendresse, affection…), il restait à tout jamais incapable de manifester un certain nombre de comportements proprement humains, comme l’anticipation, la reconnaissance de soi, le deuil, et d'élaborer des concepts abstraits face à une situation inédite.

Mais ces certitudes furent ébranlées au milieu des années 70 par deux expériences scientifiques restées célèbres, réalisées aux Etats-Unis sur des singes et qui ont définitivement changé notre regard sur l’animalité.

4.10.12

“si nous considérons notre notre capacité de prédiction comme le meilleur moyen de tester nos connaissances, nous n’avons pas bien réussi. En novembre 2007, les économistes (…) examinant 45 000 ensembles de données économiques pronostiquèrent qu’il n’existait pas plus d’une chance sur 500 que nous puissions connaître une crise comparable à celle qui commença un mois plus tard. Les tentatives de prévoir les tremblements de terre ont continué à prédire des catastrophes qui ne sont jamais arrivées et n’ont pas réussi à nous préparer à ceux qui se sont produits, comme le désastre de 2011 au Japon.”

Pourtant, tout ne marche pas aussi mal, nous rassure-t-il. Il existe par exemple un domaine où nos facultés de préparer l’avenir a été en constant progrès : la météo.

Évidemment, à première vue, cette idée aurait tendance à faire rigoler tout le monde. Pourtant, insiste Silver, c’est un domaine qui a connu de véritables progrès. Par exemple en 1972 les services météo américains se trompaient d’environ 6 degrés lorsqu’il fallait prévoir le temps 3 jours à l’avance. Maintenant, l’erreur est juste de trois degrés. Encore, mieux, la prédiction des ouragans s’est fortement améliorée. Il y a 25 ans, les spécialistes chargés de cette tâche prédisaient avec une marge d’erreur de 560 km quel lieu pourrait être touché par l’ouragan. Aujourd’hui, la marge est 160 km. Bref, ce n’est pas une science exacte, mais il y a des progrès significatifs, contrairement à ce qui se passe en économie.

3.10.12

Publiée par le cabinet de conseil américain Rhodium Group, réalisée en partenariat avec la China International Capital Corporation(CICC), une banque d’investissement chinoise, et le Brunswick Group cabinet de conseil en communication stratégique, l’étude China Invests in Europe 1 analyse la structure et l’incidence des investissements chinois dans l’Union européenne (UE). 
« L’Europe est en train de connaître le début d’une flambée structurelle des investissements directs dans les économies avancées par les entreprises chinoises », constate d’entrée le rapport du Rhodium Group (RG). La tendance a pris son essor récemment, en 2008, lorsque le volume des flux d’investissements chinois dans l’UE, qui s’élevait à moins d’un milliard de dollars US entre 2004 et 2008, a triplé pour atteindre quelque trois milliards de dollars US en 2009 et 2010, avant de tripler à nouveau et de s’établir à près de 10 milliards de dollars US en 2011 (7,4 milliards d’euros) 2. La progression est spectaculaire et peut entretenir l’impression que « la Chine est en train de se payer l’Europe » mais elle doit être remise en perspective. En 2010, les investissements chinois en Europe ne constituent qu’une part minime (0,1 %) du stock détenu par les pays d’Asie (3,8 % du total des investissements directs étrangers, IDE, dans l’UE) 3. En 2011, avec un volume de 10 milliards de dollars US, la Chine ne représente que 10 % du total des flux d’IDE entrants dans l’UE. Et relativement à la puissance de feu financière de la Chine, les montants que celle-ci a investis en Europe au cours des 11 dernières années sont équivalents à l’accroissement hebdomadaire moyen de ses réserves de change au cours des premiers mois de l’année 2011.

Les débats sur la politique énergétique en France n’ont qu’occasionnellement mis en évidence les risques que font courir à l’économie la volatilité du cours du pétrole et sa hausse probable. Il est vrai qu’il est de plus en plus difficile de « prévoir » l’évolution de la production pétrolière mondiale et de sa capacité à répondre à la demande. Cette équation pétrolière comporte, en effet, de nombreuses variables : la croissance de la demande des pays émergents comme la Chine, le déclin plus ou moins rapide des grands gisements, la mise en production des gisements de pétrole non conventionnel. La géopolitique est également un facteur d’incertitude majeur avec, en particulier, les risques de déstabilisation du Moyen-Orient alors que l’Arabie Saoudite (12 % de la production mondiale) joue un rôle majeur avec ses capacités de production excédentaires, qu’elle peut éventuellement mobiliser pour éviter une envolée du cours du brut. 

En dépit de toutes ces incertitudes, les experts semblent s’accorder pour estimer que la production mondiale de pétrole plafonnerait vers 2020 (la production des grands gisements exploités actuellement amorçant une baisse) et pourrait ensuite décliner, la croissance possible de la production de l’Irak et l’offshore très profond donnant une petite marge de manœuvre dans l’intervalle. Une question reste ouverte : la possibilité d’exploiter de façon acceptable les pétroles non conventionnels (extraits des sables bitumineux et des schistes notamment) dont les réserves seraient aussi importantes que celles des pétroles « conventionnels ». Les États-Unis et le Canada ont commencé à exploiter ces gisements et pourraient devenir totalement autonomes pour leur approvisionnement en pétrole et en gaz.

1.10.12

D’ici 2030, 1 milliard de Chinois, soit 1/8e de la population mondiale, résidera en ville. Plus de 200 villes chinoises compteront plus d’un million d’habitants d’ici 2030. Ce chiffre est à mettre en perspective avec l’ensemble des villes européennes qui ne comptent pas plus de 35 millions de citadins aujourd’hui. 50 000 nouveaux gratte-ciels, soit 10 fois plus qu’à New York, seront construits, ainsi que 5 milliards de mètres carrés de routes).

Selon les données de la Banque mondiale, la classe moyenne, celle dont le revenu annuel se situe entre 3 000 $ et 20 000 $, va s’étendre de 7% de la population mondiale en 2000 à 16% en 2030. Dans un même temps, le pourcentage de personnes définies comme "riches" aura plus que doublé, de 10% à 21% sur la même période.

Cinq milliards de personnes habitent dans les pays émergents. Comme les habitants des campagnes migrent vers les villes, ils achètent des voitures, des maisons, des téléphones portables et des objets de luxe. Aujourd’hui, ces dépenses sont encore relativement faibles. En Chine, avec une population de 1,3 milliard d’habitants, les dépenses de consommation ne représentaient en 2007 que 1 700 milliards de dollars. Ce chiffre est à comparer aux dépenses américaines qui représentent 12 000 milliards pour 300 millions de consommateurs environ.

- Environ 1 milliard de nouveaux consommateurs sont prévus d’ici 2015 sur les marchés émergents.

- Aujourd’hui, la Chine et l’Inde forment à elles seules un demi-million d’ingénieurs tous les ans, alors que les États-Unis n’en forment que 70 000.

- Dans les pays développés, la population d’âge actif devrait régresser de 740 millions à 690 millions entre 2000 et 2025. Dans les pays en développement, au contraire, elle devrait passer de 3 à 4 milliards de personnes.

- En 2000, il y avait 119 États démocratiques sur un total de 192 pays, contre 22 États démocratiques sur 154 pays en 1950. En 1948, seules 41 organisations non gouvernementales avaient le statut d’organisations consultatives aux Nations Unies ; aujourd’hui, elles sont 2 091.