13.4.11

1. Les contraintes majeures auxquelles l'humanité sera confrontée 
dans le présent siècle

Il faut examiner l'avenir du nucléaire et plus généralement de toutes les technologies aujourd'hui émergentes en tenant compte des contraintes majeures auxquelles, du fait de leur propre évolution, les sociétés anthropotechniques (ou si l'on préfère parler plus simplement, l'humanité mondiale) seront confrontées dans les 50 à 100 prochaines années. 
Il s'agit là de thèmes de prospective et de débats qui font par ailleurs l'objet de nombreuses discussions entre experts et scientifiques. Malgré de fréquentes divergences d'approches, de grandes lignes paraissent pouvoir en être dégagées. On doit impérativement en tenir compte dans la réflexion engagée ici. Peut-on les résumer en quelques mots ? 
Le pronostic que vient de The World in 2050, ouvrage de Laurence Smithproposer le géographe et spécialiste en sciences de la Terre Laurence Smith dans un livre récent «The World in 2050»(3), nous paraît recevable. Certains diront même qu'il est banal, le constat ayant déjà été fait par de nombreux prospectivistes(4). Encore faut-il méditer ce qu'il implique.

Selon cet auteur, d'ici 2050, horizon auquel il limite sa prospection, l'humanité comme avec elle le monde biologique terrestre et maritime affronteront quatre grands phénomènes irrévocables dont chacun mériterait à lui seul de longs développements : 

La croissance démographique


Contrairement à ce qu'en disent les théoriciens de la «transition démographique» le développement démographique humain paraît loin d'être maîtrisé sur la période. Selon les pays, il se traduira par des natalités excessives mais aussi par des vieillissements inquiétants. L'augmentation de la population contribue en premier lieu à la raréfaction des ressources naturelles (voir ci-dessous). On explique qu'en mutualisant les ressources, notamment alimentaires, l'humanité pourrait faire face à cet accroissement. Mais cette mutualisation ne sera pas facilement acceptée par les bénéficiaires actuels des surplus. 

Une raréfaction croissante des ressources naturelles


Cette raréfaction ira jusqu'à la disparition de nombre de ressources naturelles, notamment dans le domaine biologique. La mise au point de nouveaux procédés (y compris la récupération) et de nouveaux produits ne pourra pas pallier les manques, du fait des coûts et délais impliqués, mais aussi parce que les nouveaux produits sont eux-mêmes consommateurs de ressources en voie de raréfaction.

Les conséquences généralement perturbatrices du réchauffement climatique, 
quelles qu'en soient les causes


Ce point n'est plus discuté par les scientifiques sérieux. Il entraînera une remontée vers les pôles des températures moyennes et de nombreux phénomènes catastrophiques météorologiques et climatologiques. Plus vite peut-être qu'actuellement envisagée se manifestera aussi la montée du niveau des eaux maritimes imposant l'exode d'activités urbaines et industrielles parmi les plus productives du monde.

Le phénomène général de la mondialisation

Ce terme recouvre quantités de phénomènes dont certains peuvent être considérés comme positifs mais d'autres dangereux. On met à l'actif de la mondialisation la diminution du coût de certains biens de consommation due à la concurrence entre producteurs. Les niveaux de vie de nombreuses populations pauvres en ont bénéficié. Mais le processus a son aspect négatif. La diffusion des modèles de consommation propres aux classes riches des pays riches à travers la publicité commerciale sur les réseaux numériques conduit à une explosion globale des besoins exprimés, que les ressources mondiales actuellement disponibles ne permettront pas de satisfaire. Nul ne peut envisager sérieusement que chaque habitant de l'Asie ou de l'Afrique puisse disposer par exemple d'une automobile, comme la majorité en Europe ou en Amérique. La mondialisation telle qu'elle s'organise dans le cadre du capitalisme et du libéralisme économique conduit plus généralement à la domination de modèles de consommation et de modèles de société qui sont à l'opposé des modes de vie plus associatifs, plus mutualistes et orientés vers de nouvelles valeurs encore à inventer.