14.1.11

Il y a 5 ans, John Wilmoth, de l’Université de Berkeley, en Californie, a publié dans la revue Science, un article qui a eu un grand retentissement et qui montre que l’âge maximal de la mort augmente depuis un siècle et demi, connaissant même une hausse rapide depuis 30 ans. Et, sous réserve d’adopter une bonne hygiène de vie, rien ne laisse présager qu’il va plafonner. L’idée d’une limite biologique à notre durée de vie est donc sans fondement sérieux, estime-t-il. Ces travaux établissent que depuis 1841, l’espérance de vie a "imperturbablement" augmenté de trois mois par an. Un constat dont ils tirent la conclusion qu’"il n’y a aucune raison de penser que la progression de l’espérance de vie puisse s’arrêter avant longtemps". Pas si sûr ou, en tous cas, pas au même rythme.

L’Australie détient le record de l’espérance de vie durant une bonne partie du XXe siècle. Des années 1960 à aujourd’hui, l’espérance de vie fait un nouveau bond, moins important cependant que pendant la période précédente, grâce, cette fois, "à la révolution cardiovasculaire".

L’accélération, importante entre 1960 et 1995, devient encore plus rapide entre 1995 et 2003. Dans les années 1970, l’Islande se hisse au tout premier rang des pays où l’on vit le plus longtemps, détrôné depuis le début des années 1980 par le Japon, qui, avec 86,4 ans pour les femmes, bat tous les records de longévité, les Nippones devançant les Hongkongaises (86,1) et les Françaises (84,5).

Côté masculin, c’est le Qatar qui remporte la palme, avec une espérance de vie de 81 ans, devant Hongkong (79,8 ans), l’Islande et la Suisse (79,7 ans). Un progrès dont est encore exclue une immense partie de la population humaine : en Afrique, l’espérance de vie à la naissance est de 55 ans et en Asie de 69,6 ans.

L’histoire de l’évolution de l’espérance de vie indique que les progrès récents ont été obtenus principalement "grâce à une accélération de la baisse de la mortalité aux grands âges". D’où l’idée que tout se jouera désormais "au-delà de 80 ans".

Édito : Espérance de vie : jusqu’où ?
Dans une récente publication intitulée "Espérance de vie, peut-on gagner trois mois par an indéfiniment ?", les chercheurs de l’INED retracent les progrès accomplis grâce aux bonds en avant médicaux et tentent de cerner les facteurs qui pourraient permettre de repousser encore les limites de la vie humaine.

27 ans pour les hommes et 28 pour les femmes en 1750, 78 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes aujourd’hui, sans doute centenaires demain... En deux siècles et demi, l’espérance de vie a progressé de façon tellement spectaculaire que l’Institut national des études démographiques (INED) s’interroge : "Peut-on espérer continuer sur cette voie encore longtemps ?"

La question taraude les scientifiques. De record en record, nombreux sont ceux qui ont essayé de trouver la limite. A la fin des années 1920, l’Américain Dublin pronostiquait que l’espérance de vie des femmes ne pourrait jamais dépasser 64,7 ans. Le démographe ne savait pas que c’était un "seuil qu’avait déjà franchi l’Australie dès 1925"... En 1952, le démographe français Pichat estimait que l’espérance de vie plafonnerait à 78,2 ans. Sa prédiction est démentie, l’Islande ayant atteint ce niveau en 1975.