17.3.14

La fin du monopole occidental
Si les rapports de forces entre nations se sont modifiés au cours des dernières années, ce n’est pas, contrairement à une autre idée très répandue, en raison des attentats du 11 septembre mais en raison d’évolutions majeures qui ont infléchi l’ordre mondial.
La première est la fin du monopole occidental. Après cinq siècles d’Histoire : l’Occident – qui avait toujours dominé l’ensemble de la planète – au point que la première mondialisation (au XVIe siècle) fut en réalité une européanisation du monde par la force – n’a plus le monopole de la puissance. Sur ce point, deux erreurs d’analyse reviennent fréquemment. La première consiste à nier cette perte de monopole – laquelle relève pourtant d’un processus entamé il y a vingt ans – et à persister dans la conviction qu’il nous revient toujours de fixer l’agenda international, que nous restons l’arbitre des élégances au niveau mondial et que, de ce fait, nous pouvons encore imposer aux autres les us et coutumes que nous estimons devoir prévaloir.
La deuxième illusion consiste à croire que nous avons perdu la puissance. Mais perdre le monopole ne signifie pas perdre la puissance. Le monde occidental reste aujourd’hui encore le plus riche, le plus influent… Surtout, s’il n’a plus le monopole de la puissance ce n’est pas parce qu’il a décliné mais parce que d’autres ont émergé. On se focalise sur les Brics mais il existe en réalité une cinquantaine de pays émergents, parmi lesquels l’Indonésie, le Mexique, la Turquie, le Ghana, l’Argentine… Nous devons désormais nous faire à cette idée et, par là même, accepter celle selon laquelle notre logiciel de vision et de compréhension du monde actuel est dépassé.
. Pascal Boniface : “Partout dans le monde, l’opinion publique prend le pouvoir” – LenouvelEconomiste.fr
Pour le géopolitologue Pascal Boniface, nous assistons à la fin du monopole occidental (mais pas à la fin de sa puissance). Partout dans le monde, l’opinion publique prend le pouvoir, quelque soit le régime en place, mais cela ne signifie pas qu’on assiste à des effets domino démocratiques… “La démocratie n’est pas un produit instantané à effet immédiat”. Si la démocratisation du monde se répand, la réaction à la corruption est un élément plus fédérateur et mobilisateur que le seul appel à la démocratie. La coupure entre les élus et le peuple n’est pas plus importante que par le passé, mais plus flagrante. “Il existe trop de moyens d’information pour que l’on puisse encore croire au discours dominant sans le remettre en cause”… Face à cette n! ouvelle réalité, les élites souffrent toutes d’un problème d’adaptation. Cette coupure génère une fatigue démocratique, qui se recompose dans les mouvements de solidarités locaux et dans le populisme.
site tendances

http://faireensemble2020.org/