La fin du monopole occidental
Si les rapports de forces entre nations se sont modifiés au cours des dernières années, ce n’est pas, contrairement à une autre idée très répandue, en raison des attentats du 11 septembre mais en raison d’évolutions majeures qui ont infléchi l’ordre mondial.
Si les rapports de forces entre nations se sont modifiés au cours des dernières années, ce n’est pas, contrairement à une autre idée très répandue, en raison des attentats du 11 septembre mais en raison d’évolutions majeures qui ont infléchi l’ordre mondial.
La première est la fin du monopole occidental. Après cinq siècles d’Histoire : l’Occident – qui avait toujours dominé l’ensemble de la planète – au point que la première mondialisation (au XVIe siècle) fut en réalité une européanisation du monde par la force – n’a plus le monopole de la puissance. Sur ce point, deux erreurs d’analyse reviennent fréquemment. La première consiste à nier cette perte de monopole – laquelle relève pourtant d’un processus entamé il y a vingt ans – et à persister dans la conviction qu’il nous revient toujours de fixer l’agenda international, que nous restons l’arbitre des élégances au niveau mondial et que, de ce fait, nous pouvons encore imposer aux autres les us et coutumes que nous estimons devoir prévaloir.
La deuxième illusion consiste à croire que nous avons perdu la puissance. Mais perdre le monopole ne signifie pas perdre la puissance. Le monde occidental reste aujourd’hui encore le plus riche, le plus influent… Surtout, s’il n’a plus le monopole de la puissance ce n’est pas parce qu’il a décliné mais parce que d’autres ont émergé. On se focalise sur les Brics mais il existe en réalité une cinquantaine de pays émergents, parmi lesquels l’Indonésie, le Mexique, la Turquie, le Ghana, l’Argentine… Nous devons désormais nous faire à cette idée et, par là même, accepter celle selon laquelle notre logiciel de vision et de compréhension du monde actuel est dépassé.